Tribune libre d’André Pouchet*
Non, on ne joue pas impunément avec la nature… Derrière le prétendu « mariage pour tous » dont le gouvernement entend aujourd’hui faire la promotion, se profilent d’inquiétantes perspectives dont il importe d’avoir pleinement conscience avant d’accepter de se voir imposer, sous les prétextes démagogiques d’égalité et de non-discrimination, cette très dangereuse évolution. Ne sont-ils pas vraiment naïfs, ceux qui vont répétant benoîtement les fausses évidences qu’on leur a mises dans la tête, telles que : « Après tout, s’ils s’aiment, ces braves homos, pourquoi n’auraient-ils pas eux aussi le droit de s’épouser ? » ? Que ne voient-ils tous ces gogos que le véritable enjeu de l’opération, ce sont en réalité les enfants ; les enfants qu’il s’agit, non seulement d’avoir le droit d’adopter mais surtout d’obtenir le droit de « fabriquer » !
La prochaine étape de cette entreprise (ô combien perverse !) n’est en effet pas du tout dissimulée, car une centaine de députés socialistes ont d’ores et déjà ouvertement annoncé leur intention de déposer un amendement en ce sens à la loi projetée par le gouvernement, sera celle de la PMA (Procréation Médicalement Assistée qui permettra à un couple d’homosexuelles dames d’avoir des enfants sans l’intervention directe d’un mâle) et de la GPA (Gestation Pour Autrui qui permettra à un couple d’homosexuels messieurs, afin de satisfaire son prétendu « droit à l’enfant » sans avoir besoin de frayer physiquement avec une femelle, d’acheter des ovules et de louer un utérus).
C’est seulement quand ce stade sera atteint (si par malheur nous échouions à faire repousser cette néfaste innovation) que l’on pourra effectivement parler de familles « homoparentales ». Car ce que la propagande actuelle nous désigne ainsi, d’une façon en fait totalement indue, ce ne sont nullement des familles « homoparentales » mais des familles « recomposées » d’un type particulier : soit des couples de pédés dont l’un a eu antérieurement des relations sexuelles avec une femme et dont il lui reste des rejetons, soit des couples de lesbiennes dont l’une a eu antérieurement des relations sexuelles avec un homme qui lui a donné des enfants. Ces enfants-là, même s’ils vivent quotidiennement avec deux personnes du même sexe, ont bien une vraie mère et un vrai père « naturels » qu’ils peuvent facilement connaitre. Ceux-là bénéficient d’une véritable filiation et ne sortent pas tout bonnement d’un laboratoire, d’une usine à fabriquer à la demande de la chair humaine, une vulgaire écloserie comme il en existe pour les volailles et les poissons !
Après les “familles” homoparentales, les “familles” autoparentales…
Viendra ensuite, immanquablement, l’étape suivante, celle de la fabrication complète d’êtres humains sans le recours à aucun géniteur extérieur, en s’affranchissant totalement de contraintes naturelles qui ont fait leur temps et n’ont plus aujourd’hui de raison d’être. Pour cela, on prélèvera à un homme ou à une femme une cellule dont on extraira le code génétique ou ADN, avant d’introduire celui-ci dans un ovule neutralisé (s’il s’agit d’un homme) ou dans un spermatozoïde neutralisé (s’il s’agit d’une femme), afin de procéder à une fécondation et obtenir un œuf ; lequel œuf on implantera dans l’utérus d’une lesbienne ou dans celui de la mère porteuse mercenaire qu’aura recrutée pour l’occasion (en attendant la mise au point qui ne saurait tarder d’utérus entièrement artificiels) un pédé souhaitant à toute force se reproduire. Il sera alors possible d’être à la fois le père et la mère de l’enfant qui naîtra de ces manipulations irresponsables et l’on pourra alors parler de familles « autoparentales ». Quelle belle et enthousiasmante conquête de la science verra ainsi le jour ! Ce sera l’ouverture d’une ère nouvelle, une ère de liberté et d’égalité, avec l’avènement d’une humanité nouvelle, enfin libérée définitivement de la discrimination et de l’odieuse servitude que, pendant des millénaires, lui a imposé la sexuation entre mâles, d’un côté, et femelles, de l’autre !
Voilà où veulent nous mener, même si aujourd’hui ils font mine de s’en défendre, nos apprentis sorciers. Et l’on s’étonne que ceux qui militent (et ils ont en cela bien raison) pour la sauvegarde des fleurs et des petits oiseaux, ceux qui veulent nous mobiliser (de façon peut-être moins justifiée) contre les risques représentés selon eux par les OGM, bref ceux qui se veulent les défenseurs intransigeants de la nature et osent se baptiser « écologistes », puissent cautionner ce genre d’atteintes graves à l’écologie humaine. N’est-ce pas là pourtant ce que les Grecs nommaient une « hybris », c’est-à-dire la démesure prométhéenne de celui qui se voudrait omnipotent et, très orgueilleusement, refuse de se soumettre à toute contingence, quelle qu’elle soit ?
J’espère que, ce jour-là, partout en France, les manifestants seront nombreux dans la rue et, à La Réunion où j’habite, que nous serons encore des milliers à reprendre tous en chœur notre chant du 9 décembre, un chant qui reflète bien le bon sens et la sagesse foncière du peuple créole : « Deux bougs avec, qui ça moman ? Deux fenm’ ensemb’, qui ça papa ? Comment va fai’, pou bann z’enfants, ’ec deux papas ou deux momans ? Si z’aut’ i vé marier, un fenm’, un homme, ouais, ouais ! Deux bougs, deux fenm’, non, non ! »
*André Pouchet est professeur de Lettres retraité.
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