« Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer. »
Beaumarchais
L’époque, bien que souvent tragiquement morose, se prête en ce moment décidement tout de même beaucoup à la rigolade : après le désopilant épisode Manuel Valls vs MRAP, c’est donc un second et sévère retour de bâton que vient de se prendre en pleine poire (et en à peine une semaine !) un Parti socialiste pourtant jusqu’à présent beaucoup plus habitué à monter des coups tordus qu’à ainsi se les manger violemment dans les gencives…
Lors des primaires organisées par le PS en vue de désigner « démocratiquement » sa tête de liste pour les élections municipales de Marseille, la ministre Marie-Arlette Carlotti (si, si, vous ne le saviez sans doute pas, mais la donzelle est bien ministre déléguée aux Personnes handicapées et à la Lutte contre l’exclusion), candidate très ouvertement et très fortement appuyée par le PS national, le Premier Ministre et le président de la République Normal 1er lui-même, vient de se prendre une monumentale baffe électorale en terminant piteusement troisième à l’issue du premier tour de scrutin. La ministre en charge de la lutte contre l’exclusion « exclue » sans ménagement et dès le premier tour des primaires marseillaises : l’histoire et la politique sont souvent d’une ironie bien cruelle.
Une Marie-Arlette qui s’est immédiatement posée en victime d’un coup monté, nous faisant le grand numéro de la vertu outragée et du rejet dégoûté, absolu du « clientélisme » (et nous reviendrons plus loin sur la réalité objective que cache en vérité ce terme volontairement très vague) immédiatement reproché à sa triomphatrice du jour, Samia Ghali.
Avouons tout d’abord que de tels reproches ne manquent vraiment pas de sel dans la bouche d’une femme politique qui fut longtemps une proche de Jean-Noël Guérini, le président clientéliste en diable du conseil général des Bouches-du-Rhône, trois fois mis en examen -rappelons-le- pour malversations financières concernant des marchés publics dans le département… Proche et même très proche (elle a été sa porte-parole), avant de prendre fort courageusement ses distances lorsque le gaillard fut enfin définitivement rattrapé par la patrouille et lâché en rase campagne judiciaire par tout l’appareil socialiste qui l’avait pourtant et jusque-là on ne peut plus fidèlement accompagné dans sa longue odyssée politico-mafieuse. Vous avez dit vertu et refus du clientélisme, Marie-Arlette ? Quand l’hôpital socialiste se fout de la charité, il ne le fait décidément jamais avec le dos de la cuillère !
Mais notre vierge outragée a d’autres exploits, ou plutôt d’autres casseroles aux fesses : Marie-Arlette Carlotti, c’est avec Najat Vallaud-Belkacem la championne du cumul des mandats (et donc bien évidemment des salaires) dans le gouvernement Ayrault : conseillère régionale de Paca et conseillère générale des Bouches-du-Rône, elle atteint ainsi carrément le plafond maximum de 2.757 euros supplémentaires ajoutés à son modeste traitement de ministre (11 000 euros, plus 330 euros d’indemnité de résidence et 2 800 euros d’indemnité de fonction, soit 14 130 euros tout de même), plafond imposé par la loi sur la transparence financière de la vie politique promulguée en avril 2011 par… Nicolas Sarkozy !
Marie-Arlette, c’est aussi et entre autres joyeusetés cette histoire rocambolesque de facture impayée en mai 2013 au restaurant marseillais le Don Corleone (ça ne s’invente pas). Une Marie-Arlette apparemment bien plus écossaise que marseillaise sur ce coup-là, qui refuse encore et toujours aujourd’hui mordicus de payer sa modeste part de la note non acquittée le 4 mai (35 euros en ce qui la concerne, sur une ardoise totale de 1 120 euros si l’on ajoute les 32 autres compagnons à la rose partis eux aussi sans payer), n’acceptant royalement de régler que 15 euros de cette somme, sous prétexte qu’elle n’avait pas eu le temps ce jour-là… d’avaler son dessert ! Franchement… est-ce bien raisonnable, Marie-Arlette ? Mais il est vrai qu’il n’y a après tout rien là que de très naturel, pour l’un de ces héritiers encore aujourd’hui énamourés d’un Tonton Mitterrand qui s’était fait , tout au long de ses deux septennats, une règle absolue d’aller dîner presque chaque semaine à l’œil et sans même laisser un simple pourboire pour le personnel dans les plus prestigieux restaurants parisiens !
Alors bien évidemment, le déroulement de ce scrutin « démocratique » et les pratiques que certains candidats y ont donc mises en œuvre ne laissent pas d’inquiéter, voire de scandaliser. Car la grande gagnante du premier tour n’y est effectivement vraiment pas allée de main morte : s’appuyant outrageusement sur un vote bien plus encore ouvertement communautaire que simplement clientéliste, Samia Ghali n’a en effet pas hésité à affréter une véritable armada de minibus pour aller chercher dans les quartiers qu’on dit pudiquement « sensibles » des publics d’ordinaire fort peu concernés par la politique mais ethniquement ou religieusement totalement acquis à sa cause, publics qui n’auraient jamais eu l’idée d’aller voter par eux-mêmes sans ces navettes organisées, et qui ont sans doute modifié radicalement le résultat d’un vote qui devait à l’origine être celui des seuls sympathisants et adhérents du Parti socialiste. Sans compter que des billets ont bien semble-t-il assez généreusement circulé dans tous les sens pour payer les droits d’inscription au vote ou motiver des électeurs encore un peu trop hésitants. La grande classe, la belle exemplarité démocratique que voilà !
Certes, on ne peut qu’être totalement consterné de voir ainsi se confirmer l’installation en France d’un vote purement communautaire… Mais ce ne devrait être en réalité une découverte que pour les perpétuels ravis de la crèche qui sévissent dans tous nos médias : rappelons ici que François Hollande lui-même avait bien déjà été élu en 2012 à la Présidence de la République grâce justement à un vote foncièrement communautaire, celui, et à plus de 86 ou 93 % selon les différents sondages, des musulmans de France (c’est-à-dire, ne nous cachons pas derrière les mots, des Français d’origine africaine ou maghrébine). Un vote ouvertement dragué, clairement revendiqué par le think tank socialiste Terra Nova, qui suggérait pour cela et bien avant la campagne présidentielle d’abandonner l’électorat ouvrier pour se concentrer sur le seul électorat d’origine immigrée, plus à même selon lui de voter socialiste et de faire enfin basculer la balance électorale en sa faveur. Et de fait, les drapeaux qui fleurirent effectivement le soir de la victoire hollandienne place de la Bastille furent bien plus parlants concernant la totale réussite de ce projet électoralo-communautaire que n’importe quel discours.
Consterné, bien sûr… Mais on ne peut dans le même temps et en vérité que trouver fort juste, foncièrement moral même, de voir ainsi les hiérarques du parti politique qui a de loin tiré le plus fort sur les ficelles du clientélisme et de la manipulation électoraliste en direction des Français d’origine extra-européenne, dépassés, balayés sans doute demain par la « créature » qu’il ont, en véritables docteurs Frankenstein de la politique, créée. Car la vraie information de ce scrutin est bien là : pour la première et certainement pas la dernière fois – et que ce soit dans un proche ou dans un plus lointain avenir- le vote communautaire voulu, favorisé, entretenu à grands coups de subventions, d’emplois de complaisance, de cantines halal ou d’horaires aménagés dans les piscines par les élus PS dans toutes les villes de France à forte population d’origine immigrée s’est retourné contre ses promoteurs pour choisir cette fois de jouer sa propre carte.
Cette histoire édifiante s’il en est et donc annonciatrice de lendemains qui déchantent encore un peu plus, me rappelle une savoureuse scène de la pièce du plus grand dramaturge et écrivain marseillais, Marcel Pagnol. Dans Topaze, car c’est de cette pièce qu’il s’agit, un conseiller municipal affairiste, magouilleur et prévaricateur, décide d’utiliser à son insu un pauvre hère naïf et trop honnête depuis peu au chômage (Topaze) comme prête-nom pour tous ses traficotages. A la fin de la pièce, ayant ouvert les yeux et décidé cyniquement de désormais se mettre à jouer ce jeu pour son propre compte, ledit Topaze envoie balader son ancien manipulateur, provoquant chez celui-ci la réaction qui suit :
Castel-Blénac (le conseiller municipal véreux) : « c’est exactement l’histoire du chimpanzé de ma mère; Quand elle l’a acheté, il était maigre, il puait la misère, mais je n’ai jamais vu un singe aussi affectueux. On lui a donné des noix de coco, on l’a gavé de bananes. Il est devenu fort comme un turc, il a cassé la gueule à la bonne. Il a fallu appeler les pompiers… »
Qu’on me comprenne bien et qu’on ne me fasse surtout pas de mauvais procès : je ne cite évidemment pas cette savoureuse réplique de Topaze pour comparer de quelque façon que ce soit nos compatriotes d’origine maghrébine ou africaine, en tout cas musulmane, à nos lointains cousins quadrumanes. Tous ceux qui me connaissent savent bien que j’ai tout autant de mépris pour ceux qui rient bruyamment à ce genre de comparaison d’une connerie crasse que pour ceux que je dénonce vigoureusement dans le présent billet. Mais l’instrumentalisation d’une détresse (véritable ou simplement ressentie), d’un déracinement, la manipulation à des fins intéressées et la punition infligée lorsque la marionnette échappe finalement des mains de celui qui la manipulait me semble bien être ici totalement de même nature, et donc comme je l’écrivais plus haut, un très juste retour des choses.
Reste que si ce vote communautaire qui s’émancipe jusqu’à glisser des mains de ses instigateurs est donc une punition on ne peut plus méritée pour le PS marseillais, c’est aussi un sacré coup dur pour notre pays, notre conception de la citoyenneté et de la politique, une vraie menace pour le présent et le devenir de notre société, en ce qu’il met terriblement en lumière ce fameux « grand remplacement » dénoncé avec affolement mais dans un presque total silence médiatique par l’écrivain Renaud Camus. Et il nous confirme pour les toutes prochaines années qui viennent -si nous ne nous ressaisissons pas enfin, rapidement et radicalement- de très dangereux et encore plus coupables glissements et renoncements politiques, des chocs culturels et fractures sociétales majeurs, dans ce qui risquera alors très vite de ne plus être la France.
Marseille capitale de la contre-Reconquista et de la prochaine désintégration française? Et après tout, que pourrait-on espérer de mieux d’une ville dont le premier magistrat UMP (Jean-Claude Gaudin) lui aussi clientéliste et communautariste en diable déclarait en 2010, lors de l’inauguration du site devant bientôt abriter la Grande Mosquée de Marseille : « Je suis fier d’être le maire de la première ville musulmane de France ».
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