Nos socialistes ont une nouvelle marotte. Les voilà qui se proclament régulièrement défenseurs d’une sorte de grande Égalité finale, projet semi-divin qu’ils auraient à achever. Dieu et mort mais eux sont encore là. Et quand leur bouche dit « Égalité », c’est pourtant égalisation qu’il nous faut bien entendre : Baissez la tête, disent-ils : égalité pour tous et qu’aucune ne dépasse !
Mais ce n’est pourtant pas en égalisant les hommes qu’on les rend Égaux. En égalisant les hommes on élague simplement leurs différences. Ces différences de chacun qui font la richesse de l’ensemble. C’est aussi leur altérité et une part de liberté qu’on leur dérobe.
Car de quelque chose qu’on égalise on tire un résultat obligatoirement plus court, moins élevé dans sa moyenne que l’original. D’ailleurs la langue française est révélatrice : il n’existe pas de verbe marquant exactement l’action d’amener à Égalité.
Ce que veulent donc nos bons socialistes c’est une égalité par la moyenne. L’égalité sans la majuscule ! Retirer de l’individu sa possibilité d’être lui-même plutôt qu’un autre. Et le ramener vers ce qu’il a de plus commun avec les autres. De plus bas donc. Cette espèce de socle commun dont chacun devrait au contraire pouvoir s’éloigner de toutes ses forces pour aller vers son individualité propre.
Mais une société composée d’hommes de cette sorte n’arrangerait pas les affaires socialistes : Ils lui préfèrent la masse rassurante et anonyme d’un corps social mou et malléable.
Parce que, de gauche ou de droite, les partis ayant vocation à gouverner préféreront toujours une foule demandeuse à une multitude autonome. Que la masse soit dépendante c’est ce qui les justifie ! La condition nécessaire à leur existence !
Et puis tout cela est bien pratique : à chaque fois qu’ils corrigent ce qu’ils appellent « une inégalité » nos bons socialistes s’en fabriquent une nouvelle plus injuste encore à défendre ! Un nouveau grand combat à mener ! Comme un mensonge mal dit en appelle un nouveau : à chaque fois un peu plus grand. Pour mieux justifier le précédent.
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