La situation de notre pays est déroutante. Cinq années d’un pouvoir exécutif et législatif de gauche calamiteux n’ont pas ramené la « droite » à l’Elysée et l’on doute aujourd’hui de son retour à l’Assemblée. L’héritier de François Hollande est le nouveau président. Le torpillage médiatico-judiciaire de François Fillon a décidé du premier tour, la récupération cynique de l’histoire et la légèreté de la candidate du FN ont assuré le second. Toutefois, ce sont les faiblesses de la « droite » qui ont sans doute joué le plus grand rôle. Une victoire doit souvent plus aux erreurs du vaincu qu’au talent du vainqueur. Comment espérer l’emporter quand on porte en soi la mauvaise conscience de ce qu’on est ! La droite française n’est toujours pas délivrée de la culpabilité que la gauche lui a imposée en dominant le monde de l’enseignement et celui de la communication. Le péché originel de la droite est dans sa naissance. Elle était à la droite du roi parce qu’elle était monarchiste. Le sinistrisme qui a marqué les trois premières assemblées de la Révolution ont indiqué une direction de l’histoire qui reste encore présente dans les esprits. Ceux qui étaient opposés à la République et continuent de résister à travers les siècles à ce mouvement « naturel » sont du mauvais côté… A moins que le bon sens nous suggère que c’est la direction, la pente que suit notre pays, celle du déclin et de la décadence, qui est le mauvais côté, et que ceux qui cherchent à l’inverser, les conservateurs, les réactionnaires, sont au contraire ceux qui peuvent le mieux servir notre pays. Tous les 14 Juillet, en commémorant la Fête de la Fédération de 1790 et non la prise sanglante de la Bastille de 1789, nous fêtons un événement qui consacrait la monarchie constitutionnelle, non la République. Dans les deux ans qui suivirent, alors que l’essentiel était accompli, le pays va basculer dans la folie sanguinaire et la guerre. La faiblesse du monarque, l’idéologie aveugle des uns, la vénalité des autres vont concourir à transformer définitivement le pays. La gloire militaire qui resplendira durant le quart de siècle qui s’écoule alors, laisse à un pays épuisé, de beaux souvenirs, parfois de la nostalgie, qui lui font méconnaître qu’il a définitivement perdu en 1815 son rang de première puissance européenne. A droite, pendant longtemps, on a eu scrupule à se dire « de droite ». Si on le dit aujourd’hui, c’est sans le proclamer comme le fait la gauche en brandissant son étiquette. Quant à « conservateur », il ne faut pas y penser. Le vieux rival britannique qui a accompli sa révolution, la seconde et dernière, un siècle avant la nôtre, a un bilan autrement positif. Il a dépassé la France et de loin au XIXe siècle, conquis une grande partie du monde auquel il a imposé sa langue. Il a affronté la seconde guerre mondiale avec un tenace courage et, malgré le repli qui a touché tous les pays européens, il tient bon avec des résultats économiques supérieurs aux nôtres. Or depuis 1688, les « Tories » devenus « Conservateurs », ont joué, durant la plus longue durée, le rôle le plus important, avec des Pitt, des Disraëli, des Churchill, des Thatcher, qui n’ont jamais renié leur patriotisme, mais ont affirmé leur libéralisme économique et leur conservatisme pragmatique. Au Royaume-Uni, la droite n’est pas honteuse.
L’élection présidentielle a une fois encore souligné les ambiguïtés de la « droite française ». Le seul programme capable d’enrayer le déclin français était celui de Fillon. Il a immédiatement suscité, dans son camp, des critiques en raison de sa rigueur. Il fallait à la France une révolution conservatrice comme celle que Thatcher avait réalisée outre-Manche. Chez nous on s’est effaré de mesures beaucoup moins radicales. L’alignement de la droite et l’engagement de l’ensemble de ses élus pour soutenir le programme de Fillon, parce qu’il était nécessaire, ont cruellement manqué dès le début. Ils étaient indispensables pour que le candidat parvienne au second tour. Par la suite, les « affaires » , de peu d’importance, qui ont altéré l’image du candidat ont eu deux effets : d’une part elles ont révélé la médiocrité voire l’hypocrisie des hommes « de droite » chez qui les mesquins intérêts personnels jettent une ombre sur la grandeur qu’il y a à servir la France au plus haut niveau. D’autre part, si la gauche a depuis longtemps montré le mauvais exemple sur ce point, elle témoigne souvent d’une solidarité qui a fait défaut à la droite alors que la manipulation crevait les yeux. La « droite » devait dénoncer d’une seule voix l’instrumentalisation de la justice, l’unanimisme suspect de la presse, la connivence évidente de certains médias. Des caciques ont cependant joué le choeur des vertueux défenseurs de la Justice, les vierges effarouchées par l’entêtement déraisonnable du prétendant. Ils ont regagné leurs tentes et n’en sont sortis que pour apporter leur concours au vrai candidat de gauche contre la concurrente de droite en s’associant à une diabolisation devenue grotesque. Ils ont fait leur la pensée tactique de la gauche et n’ont pas tardé à faire au vainqueur des offres de service. Dispersion des parcours aux objectifs personnels, faiblesse des convictions, connexions douteuses ont une fois encore révélé l’absence d’une pensée de droite forte et cohérente.
La droite devrait être patriote et ne pas accepter la disparition de la France dans un fédéralisme européen où la technocratie dissout souveraineté populaire et démocratie. Certains réclament cependant un « gouvernement » européen. Elle devrait prendre conscience de l’échec de l’Euro qui entraîne la divergence des économies, les difficultés insurmontables des pays du sud et le risque d’une nouvelle crise perceptible dans la situation italienne. Certes, la fin de l’Euro ne peut être décidée que d’un commun accord et prendra nécessairement du temps. La présenter comme le fruit sans risque d’une décision unilatérale n’est pas sérieux. Deux droites s’opposent assez bêtement sur cette question. On remarquera que la droite britannique, qui n’avait pas adhéré à la monnaie unique, avec des conséquences heureuses pour l’économie, a fait preuve d’une belle unanimité après le vote du Brexit ! La droite devrait être clairement conservatrice sur les questions de l’immigration, de l’identité et de la préférence nationales, de la nationalité, de la sécurité et de la justice, de la famille et de la vie. Sur toutes ces questions elle est floue et pusillanime, rejoignant ou précédant parfois la gauche, sans avoir le courage d’affirmer ses idées lorsqu’elle est au pouvoir. L’avortement « de détresse » qu’elle a instauré est devenu un droit absolu de la femme remboursé à 100% sans qu’elle trouve à y redire. Sarkozy, élu à droite, a battu en retraite sur l’identité nationale, supprimé la double peine. Il n’a mis fin ni à l’immigration excessive, ni au stupide droit du sol. Il a passé son temps à améliorer le Pacs que la droite avait combattu. Une loi judiciaire laxiste a été votée sous son mandat. Enfin, la droite devrait être libérale, attachée à la liberté d’expression et aux libertés économiques. Elle a continué à promouvoir la pensée unique et la chasse aux prétendues phobies. Elle a entériné la loi Taubira sur l’esclavage occidental, mais a rejeté le rappel du rôle positif de la France outre-mer. En n’abrogeant pas le stupide ISF, les suicidaires 35 heures, en n’instaurant pas la TVA sociale par peur de toucher à la consommation des assistés au profit de la compétitivité des producteurs, la prétendue « droite » a constamment trahi sa mission. La démagogie du Front National sur la question des retraites démontre la faiblesse des deux droites actuelles. Le vainqueur d’aujourd’hui n’est que la conséquence de cette faiblesse.
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