Dissension, rupture, désunion, déchirure, les mots ne sont pas assez forts pour les médias qui se précipitent sur la moindre controverse déclarée et assumée au Front national. Parce que certains n’ont pas la même fibre patriote, que chacun est dans son rôle et affirme sa différence, ce parti devient le socle incontournable de toutes leurs préoccupations. Et aussi leur pire casse-tête, car ils n’ont toujours pas compris sa logique. Le plus petit geste de n’importe quel membre influent du FN est immanquablement scruté à la loupe. Un infime faux pas est considéré comme une faute lourde et irrémédiable, quand le même écart, provenant d’un membre d’autres partis, est complètement occulté. Hommage du vice à la vertu ?
Tous les acteurs de la vie politique, découvrent avec stupeur que le FN est un parti comme les autres, traversé de courants apparemment contradictoires et de sensibilités diverses. Peut-être parce qu’il est en forte croissance ? Mais, ils oublient qu’il a une particularité qui le rend redoutablement efficace : il rassemble, sur les thèmes essentiels du souverainisme et du patriotisme, plus que tout autre, autant de gens de droite que de gauche, toutes les classes sociales et de toutes tendances, cathos et athées. Tout l’échantillonnage du pays, à pourcentage équivalent, se retrouve dans ses rangs. Et petit plus, non négligeable : il est le seul parti qui forme lui-même ses militants et ses cadres. Comme le faisait, en son temps, le Parti communiste, que tout le monde enviait pour son aura militante.
Les désaccords, réels ou supposés, orchestrés ou subis, au plus haut niveau de la direction du FN ne sont pas de nature, comme l’espèrent ses adversaires, à déstabiliser un parti comme celui de Marine Le Pen. Car cette dernière a toujours eu l’intelligence de savoir remettre de l’ordre, là où il fallait qu’elle rappelle son rôle de chef. Et, ça, elle sait faire ! Elle sait aussi prendre le meilleur sur sa droite et sur sa gauche pour en faire une synthèse programmatique qui va l’amener à gouverner pour toutes les composantes du peuple français. En sachant parfaitement que ce peuple s’inscrit dans une histoire et qu’il a un marqueur identitaire très fort – aujourd’hui dilué dans un multiculturalisme insensé – auquel il tient pardessus tout. Peu de partis politiques en sont conscients autant que le FN. Et cela se confirme par un dernier sondage (14 déc.) du CEVIPOF avec Ipsos-Steria et Le Monde. À la question posée : “quel candidat défend le mieux votre vision de ce que c’est qu’être un citoyen français”, Marine Le Pen arrive en tête avec 23 % et devance François Fillon (22 %) et Jean-Luc Mélenchon (13 %)…
Le FN a la capacité d’absorber et de digérer toutes les contradictions et les complémentarités qui se développent en son sein. Il est devenu un vrai parti de gouvernement parce qu’il occupe le grand espace laissé vacant par l’effondrement des idéaux du libéralisme et de la social-démocratie. Il touche tous les milieux populaires et plus particulièrement, les retraités modestes, les agriculteurs victimes des diktats de Bruxelles, la majorité des jeunes. Son discours passe aussi bien auprès de la “gauche du travail” que de la “droite des valeurs”, deux piliers absolument nécessaires pour fonder une majorité patriote et réussir le pari électoral qui lui permettra de prendre le pouvoir.
Pour l’instant, la campagne commence à peine ; le succès dépendra de la force de persuasion des patriotes, mais surtout de la volonté du peuple à prendre en main son destin.
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