La confusion domine les résultats du second tour des élections régionales. Il n’y a pas de vainqueur clair. Lorsque la « droite » et le centre étaient au pouvoir, ils perdaient les élections locales alors que leur gestion nationale sans être éblouissante n’était pas calamiteuse. La gauche affiche le bilan politique le plus catastrophique dans tous les domaines, mais elle parvient à garder cinq régions sur treize, alors que dans l’opposition elle n’en avait laissé qu’une sur 22 à ses adversaires. Le Front National obtient le meilleur score de son histoire, mais se heurte à un plafond de verre qui a reculé sans se briser.
Son échec à remporter une seule région a deux causes qui soulignent l’opacité de la vie politique française. La première, c’est l’addition disparate et souvent contradictoire de ceux qui se sont ligués contre lui. Au sein même des « Républicains » alliés aux centristes, il y a des gaullistes souverainistes plus proches du Front National que des positions actuelles de Juppé ou de NKM. Les têtes de liste de l’UDI en ont fait les frais avec des résultats maigrichons. En revanche, pour faire élire un Président de Région LR aux idées plus affirmées, il est probable que des électeurs FN du premier tour se soient reportés logiquement sur lui pour battre la gauche au second. Qu’il y ait une porosité entre la droite des « Républicains » et le FN est logique puisque le patriotisme et le souci de la sécurité sont présents de part et d’autre. Ce qui défie l’entendement, c’est la collusion habilement provoquée par le pouvoir entre majorité socialiste et opposition que tout sépare. La victoire de Bertrand et d’Estrosi n’a aucune légitimité. Elle est fondée sur le retrait d’une liste qui a privé arbitrairement ses électeurs de représentation. Leur majorité n’a été acquise que grâce aux votes de gens qui ne partagent en rien leurs convictions, si tant est qu’ils en aient. Par ailleurs, l’ »Etablissement » a fonctionné en mobilisant sur des motivations confuses l’opinion contre des dangers nébuleux. Pour le Medef, il en allait des échanges et des investissements, comme si les régions avaient le pouvoir de fermer les frontières. Pour une partie de l’Eglise et pour certains milieux chrétiens, le FN était réduit à un discours de haine. On ne peut qu’être surpris d’entendre ces mises en garde infondées, comparées à la modération des propos à l’encontre de la violence islamiste envers les Chrétiens au Moyen-Orient ou en France. On ne peut qu’être scandalisé quand ces déclarations apportent un soutien de fait à une gauche laïciste qui s’attaque en permanence aux valeurs chrétiennes, à la vie et à la famille en particulier. La presse, si peu soucieuse dans notre pays de liberté d’expression, et le show-biz, empressé de parler de république pour éviter d’évoquer la France, se sont joints au tir de barrage. La peur et le conformisme se sont mêlés en un vote réflexe.
La seconde raison complémentaire de l’échec du Front réside dans son isolement. Comme c’est la seule formation à avoir des idées clairement définies, qu’on les aime ou non, elle n’a ni courants ni alliés et sa progression au second tour est donc limitée. Le PS et les « Républicains » sont des auberges espagnoles. On a le choix chez les premiers entre Macron et Marx : le grand écart. Chez les seconds, entre Sarkozy et Juppé, sans compter tous les autres. Les socialistes ont, en plus, quelques roues de secours : les pastèques qui ont recyclé des gauchistes en écolos, les dinosaures communistes, et Mélenchon, autrement dit Marat ressuscité. Personne ne s’interroge sur le degré de haine qui les anime ni sur leurs liens véritables avec la République ou la démocratie. On en arrive donc à ce paradoxe qu’une élection proportionnelle destinée à permettre une représentation des idées favorise les plus confuses au détriment des plus claires. Les commentaires ont souligné ce brouillard mental. On a parlé de « sursaut républicain » comme si les moutons bêlant à l’appel d’un faux berger criant au loup imaginaire ressemblaient à la mobilisation de la République en danger. Les mots de « République » ou de « citoyen » ont été monopolisés, comme si des électeurs étaient moins citoyens que d’autres et exclus d’une république qui nie à l’évidence la démocratie. Le record de la déclaration stupide a été remportée par Bertrand qui a proclamé : » L’histoire retiendra que nous avons stoppé la montée du Front National ». Le Nord a désormais son Tartarin, qui pense entrer dans l’histoire parce qu’il a été élu par ses adversaires politiques plus que par ses mérites. C’est un éclairage pour ceux qui ont cru voter pour un homme de droite soucieux de l’avenir de la grande Région du Nord.
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