Le « politiquement correct » est l’idéologie rampante des sociétés occidentales en déclin. Subrepticement, au nom d’une hérésie démocratique, elle impose des obligations et des interdits. La volonté populaire et l’Etat de droit sont peu à peu remplacés par un pouvoir oligarchique qui sape les Etats-Nations sans lesquels l’acteur de la démocratie, le peuple cesse d’exister, écrasé par une pensée dominante largement propagée par les médias. L’un des aspects de cette évolution sournoise réside dans le déséquilibre sans cesse entretenu dans « l’information », au sens large du terme, entre la gauche et la droite. C’est particulièrement sensible entre les extrêmes. L’extrême-droite est soupçonnée de tous les maux passés, présents et à venir. L’extrême-gauche est en général plus ou moins excusée en raison de la générosité supposée de ses idéaux. Le voile qui recouvre la masse des préjugés, c’est le rappel de l’expérience nazie, souvent qualifiée de fasciste afin d’étendre son champ d’action, et d’amorcer un processus d’amalgame qui finit par embrasser l’ensemble de la droite, pour peu qu’elle soit chrétienne, patriote ou conservatrice. Cet anachronisme doit être dénoncé. Le nazisme comme le fascisme sont des faits historiques. Les circonstances qui les ont fait naître ont disparu. La grande mobilisation de la guerre de 1914-1918 avait suscité une militarisation des peuples qui a fourni son cadre à ces mouvements. Elle est un lointain souvenir. Les crises internes liées à l’industrialisation, au déracinement des ruraux, à la précarité ouvrière n’ont plus l’impact énorme qu’elles possédaient au siècle dernier. Désormais, le vieillissement des populations occidentales et l’immigration, jugée par certains nécessaire, dont la conjonction menace à l’évidence les identités nationale et civilisationnelle, posent des problèmes totalement différents. Par ailleurs, l’effondrement de l’URSS a vu disparaître la menace communiste en même temps qu’il ruinait les fondements et les espoirs des idéologies inspirées du marxisme. La préférence de l’idéologie prépondérante dans nos sociétés pour l’extrême-gauche est une sorte d’aveuglement qui ressemble à une amnésie sénile, non pas l’oubli du passé, mais le ressassement d’une partie de celui-ci au point de ne rien comprendre au présent. De façon paradoxale, ce sont les « jeunes » de 1968 qui ont amorcé cette pathologie de la vieillesse. Quoi de plus bête que le slogan CRS=SS ? Or c’est avec la même mentalité sclérosée que les « antifas » d’aujourd’hui agressent les policiers avec une violence identique à celle des voyous de banlieue. La différence est pourtant de taille : les premiers sont plutôt bourgeois et ont fait des « études ». Ils sont les purs produits des « déconstructeurs » issus de 1968. Les enfants du « baby-boom » ont, comme tous les enfants gâtés, gaspillé leurs chances et celles de leurs enfants avec une rare obstination.
Si, çà et là, quelques énergumènes s’agitent dans des groupuscules et exhibent les oripeaux et les colifichets du nazisme, ou commettent rarement des attentats hélas meurtriers, la violence se situe davantage à l’opposé, et jouit souvent d’une invraisemblable mansuétude. Comme il est préférable d’être Castro plutôt que Franco, il est plus facile d’être un terroriste, un assassin d’extrême-gauche, comme l’Italien Cesare Battisti, que d’être membre d’un groupe identitaire. Condamné par contumace en 1993 en Italie, il a bénéficié de la complicité des gauches française et brésilienne, et court encore. Cette étonnante indulgence crée dans l’esprit de certains l’idée que la violence envers un extrémiste de droite est en quelque sorte légitime sinon sanctifiée. Si la mort de Clément Méric était évidemment une tragédie, elle n’a pas été volontaire. L’expédition punitive contre l’un de ses antagonistes à son domicile l’a été, elle. Pourtant la Justice avait condamné et avait incarcéré les coupables sans trop s’appesantir sur le fait que les deux parties, et sans doute celle de la victime davantage, avaient cherché cette bagarre qui a tourné au drame. Récemment, c’est un député FN qui a été l’objet d’une agression, à Béthune, en raison de son appartenance politique. L’opprobre distillée jour après jour contre la droite extrême semble signifier dans l’esprit de certains l’ouverture de la chasse. Peine légère de six mois avec sursis pour l’un des agresseurs, report pour l’autre pour vice de forme dans la procédure, et relative discrétion de la presse. Pour des faits beaucoup moins graves, NKM avait bénéficié d’une couverture médiatique infiniment plus vaste.
Cette complaisance de nos sociétés post-démocratiques est plus qu’un signe, un symptôme d’une fascination de la victime pour son tueur. Il y a dans le comportement de l’extrême-gauche une sorte d’attirance morbide pour ce qui détruit non pas la « société capitaliste », mais notre civilisation. Les propos de la députée Obono sont consternants de ce point de vue. Elle soutient « nique la France », refuse de dire « vive la France », considère que toutes les religions recèlent de la violence, mais distingue bien les pratiquants d’un islam « sexiste » des radicalisés proprement dits. Généralisation abusive et hostile, d’un côté, distinction protectrice et lénifiante, de l’autre ! Le progressisme le plus farouche se fait compréhensif à l’égard de l’islam, qui est sur tous les plans très conservateur. Comme le dit Askolovitch, dans un vibrant plaidoyer, elle « s’intéresse à la jonction de la Palestine et des luttes homosexuelles ». Dans cette bouillie de pensée, la seule logique est la déconstruction ! Et c’est là que se situe le péril : notre société, notre civilisation secrète son propre poison. Elle a généré une telle haine à son encontre dans certains esprits, auxquels les médias prêtent une oreille complaisante, que celle-ci se mue parfois en sympathie pour l’ennemi le plus dangereux, parce que comme le dit l’adage, « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ». Appuyé sur une lecture de l’histoire bien plus mythique que le roman national, qui avait au moins le mérite de faire aimer la France et de faciliter l’assimilation, un scénario suicidaire est à l’oeuvre. Il est plus que temps d’y mettre un terme.