Décidément, la politique n’est plus ce qu’elle était. Les deux plus vieilles entités – gauche et droite – qui ont tenu le haut du pavé de la vie politique française depuis plus de deux siècles se ratatinent à vue d’œil et ne signifient plus grand-chose. Elles n’ont plus rien à dire, mais elles continuent à pérorer sur des fadaises. Leurs messages ne passent plus, plus personne n’écoute, mais elles ne se mettent pas, pour autant, aux abonnés absents. Cela nous reposerait.
D’une part, la droite s’est transmuée en une espèce de machin mou aux contours flous et a perdu tous ses repères. Elle ne sait plus où elle habite. Ses chefs, un peu usés, ne sont plus que des caricatures d’eux-mêmes, avec Sarko en tête du peloton. Lui, toujours théâtral, mais un peu moins remuant et moins percutant : l’âge, probablement ou la fatigue, peut-être… Pourtant, depuis qu’il a deux blondes – Nadine Morano et Marine Le Pen – dans le collimateur, cela devrait le stimuler !
De l’autre côté, au bord de l’implosion, la gauche sévit encore et toujours. Qu’elle ait perdu la bataille des idées, n’y change rien. Elle ne fait toujours pas son autocritique et ne remet pas en cause son idéologie. Bien qu’elle ait constamment pris soin de ne pas mettre ses intérêts dans le même panier, cela ne lui rapporte rien. Au contraire, ses deux courants, un marxiste, l’autre social-démocrate, en guéguerre permanente, s’acharnent à détériorer son image. Sans oublier les autres petits courants alternatifs…
Inlassablement, l’aile marxiste se radicalise pour paraître toujours plus à gauche. Jusqu’au délire. C’est à qui sera le plus à gauche, le plus écolo, le plus humaniste, le plus… Encore plus… On ne sait plus ! Cette course à l’échalote devient indigeste, car elle est tout simplement surréaliste. C’est hallucinant de voir à quel point ce concours Lépine du marxisme est complètement déconnecté des problèmes quotidiens du citoyen lambda. Quant à l’aile sociale-démocrate, elle penche de plus en plus fortement vers un libéralisme pur et dur qui ne veut pas dire son vrai nom. Pour ne pas trop effrayer les électeurs, les bien-pensants l’appellent : “social-libéralisme”. C’est plus soft, plus tendance et ça réjouit les bobos, et les gogos. Ce superlatif hypothétique n’intéresse que quelques poignées de militants et d’électeurs à la dérive qui d’habitude s’enivrent plutôt de grands mots humanitaristes.
Ces gauches n’ont pas compris que l’idéologie dont elles sont issues est devenue obsolète, inadaptée. Si dans une autre époque, révolue, cette pensée semblait progressiste et avait attiré, formé, bon nombre d’intellectuels, aujourd’hui elle s’est ossifiée. Par sa faute. Parce qu’elle s’est maintenue dans des principes immuables qui se voulaient égalitaristes, libertaires, modernistes, jusqu’à l’excès. Au fil du temps, ce carcan doctrinal est devenu inhumain, monstrueux, insoutenable et liberticide. Même les intellectuels qui se disent encore de gauche n’en veulent plus.
Cette pétaudière doit nous rappeler que la politique se fait par des principes et des concepts, mais que, surtout, ceux-ci doivent s’adapter, évoluer, au rythme de l’économie, de la science, des mœurs et des gens qui composent un pays. La bonne politique est celle qui se pratique avec discernement, toujours immanquablement avec pragmatisme. Et que la démocratie, même représentative, ne peut s’imposer par le haut. Tous les élus doivent être capables de comprendre le peuple et de traduire ses aspirations, ses doléances ; être à l’écoute et ne pas faire l’inverse !
Depuis trop longtemps, une idéologie du vide a envahi les cerveaux de nos gouvernants. Des “penseurs” hors-sol, enfermés dans la certitude qu’ils sont les nouveaux philosophes, leur ont rédigé tellement d’inepties communicantes éloignées des préoccupations populaires qu’elles en sont devenues détestables. Ces aberrations avaient-elles pour but de changer le peuple ? On ne transforme pas le peuple contre sa volonté ! Quand il veut un changement, c’est lui qui décide des modalités. Pour l’instant, dans son ensemble, il retrouve tout son bon sens et ne situe plus, ni à droite, ni à gauche, même pas au centre, mais au juste-milieu. Pour nos élites endormies par un système politique manichéen – droite ou gauche – c’est difficile à comprendre.
Le réveil risque d’être brutal et la douche glaciale.
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