On peut rêver d’une démocratie idéale où chacun vise le bien commun de la Cité et où les partis proposent une vision cohérente et réaliste de ce bien commun, laissant aux électeurs le soin de décider laquelle a leur préférence. En fait les partis sont des machines à prendre et à conserver le pouvoir, à en mobiliser les avantages, et aussi, plus à gauche qu’à droite, à faire triompher des préjugés idéologiques que l’on imposera ensuite à l’ensemble de la société. La dégénérescence du système dans les démocraties actuelles est marquée par deux phénomènes. Le premier consiste à privilégier la possession du pouvoir par rapport à la défense des idées ou des valeurs. Cela conduit soit à des alliances contre nature comme c’est devenu l’habitude en Belgique par exemple, qui les désigne par leurs couleurs réunies : arc-en-ciel, suédoise, vivaldi, soit quatre saisons… On pourrait imaginer que cela aille dans le sens d’une plus grande union et d’une politique plus attachée aux problèmes concrets. C’est exactement le contraire. La technocratie, c’est d’abord l’art de se partager le gâteau, et ensuite d’éliminer les questions de valeurs au profit des solutions techniques, comme par exemple de ne plus embarrasser le débat politique avec des sujets comme l’avortement ou l’euthanasie, la PMA, la GPA qu’il faut autoriser le plus vite possible… Et l’on voit surgir le second phénomène : l’idéologie est bien présente dans ce choix, mais c’est une idéologie en creux, libératrice de l’individu et progressiste, une course au nihilisme qui peu à peu gagne l’ensemble des formations politiques, une idéologie qui les rassemble souterrainement à défaut de les opposer. On le voit en France où Les Républicains s’opposent à la majorité sur les questions de sécurité, ou sur la loi de bioéthique, mais sans beaucoup de vigueur, tandis que les députés du Rassemblement National oublient même de venir voter contre elle.
Or le « progressisme » dont le président actuel est le porteur est un poison mortel pour notre nation. Fondé sur l’illusion qu’un mouvement est en oeuvre dans nos sociétés qui doit abattre les conservatismes et les résistances pour accroître nos libertés et notre égalité, il ne se rend nullement compte qu’il détruit la réalité même de l’édifice social. En favorisant l’immigration, il croit donner leur chance de participer à la démocratie à des étrangers qui vont miner un système politique dont ils méprisent sans trop les connaître les présupposés nécessaires. En émancipant les minorités, en mettant les « marges » au centre de ses préoccupations, il désespère la majorité qui assurait l’identité du pays et servait de modèle à l’intégration. En confondant la libération des caprices avec la liberté responsable, l’égalité avec le refus des hiérarchies indispensables, il rend impossible l’exercice de l’autorité légitime. En privant la nation de sa mémoire positive, il empêche les générations de transmettre leur héritage avec fierté.
Les signes de cette dilution des repères et de l’autorité sont nombreux. Les exemples les plus symboliques nous ont été offerts, cette année, par les meurtres de membres de forces de l’ordre, victimes d’individus pour qui la mort d’un homme ou d’une femme, qui plus est investi d’un pouvoir légitime, compte moins que l’impulsion du moment de ne pas obéir, d’éviter la sanction, et de s’émanciper d’une situation désagréable. Face à la force qui a le droit de s’exercer parce qu’elle a la loi pour elle, la violence illégitime va se déchaîner. L’euphémisme de « l’incivilité » ou du « connu des services de police » , la litote du « non-droit », la volonté de cacher les noms des auteurs, le renversement des rôles entre la victime et le coupable, « effondré » et condamné au lynchage médiatique, forment un tout cohérent destiné à masquer le problème, et à empêcher, voire à culpabiliser la réaction logique de la majorité. « Ensauvagement d’une partie de la société » est encore bien faible pour désigner des actes de sauvagerie, de barbarie qui tendent tout simplement à imposer la loi du plus fort physiquement y compris à celui qui représente la force publique, c’est-à-dire morale. C’est ainsi qu’un garde-pêche de Condé-Folie, dans la Somme, a été roué de coups, pour avoir demandé à un groupe de « jeunes » fumeurs de « chicha » de nettoyer leurs détritus. Le lynchage était là réel, et celui du conducteur de bus de Bayonne a été mortel.
La bataille est à mener sur les mots, bien sûr, parce que le langage orwellien qui nous est imposé témoigne de l’idéologie qui est à l’oeuvre, mais c’est une bataille qui ne peut pas être remportée dans le cadre du système actuel, avec ses règles, sa caste dirigeante, sa justice orientée, ses médias complices. Il est nécessaire de renverser la table, de procéder à une révolution conservatrice, si c’est encore possible. Tant qu’il y aura une presse qui niera l’évidence, qui cachera la vérité aux Français, comme ce canard dont le titre est une antiphrase, « Libération », osant résumer les violences à Grenoble par ce commentaire : « une situation grave, mais pas hors-normes », et appelant une fois de plus les Français de ne pas s’émouvoir si leur pays s’effondre, rien ne sera possible… Tout va très bien, Madame la Marquise…
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