Dans mon village, il y a une église, une école communale, un moulin et un monument aux morts. M. Le maire est « socialiste ». Il a été réélu pour la troisième fois. A 150 km de la capitale, on mange des œufs de ferme et on boit du lait de vache. Chaque été, il y a la fête au village. Vu de Paris, c’est la vie rêvée à la campagne.
Mais vu d’ici, mon village n’est pas exactement dans les canons germanopratins. Le matin le coq chante et dans la journée l’église sonne. A l’école communale, les choses sont claires et nettes. Lorsqu’il y a une sortie de classe : chapeau rose pour les filles, chapeau bleu pour les garçons. A la grille de l’école, c’est papa ou maman qui vont chercher les enfants, et personne d’autre. Pas le beau-père, ni le copain de papa : la maîtresse a dit « non ». L’école est menacée de fermeture par l’état qui va couper les subventions. Qu’à cela ne tienne, M. le maire « socialiste » a dit … qu’il privatiserait l’école. Chaque année depuis la défaite de 1870, la municipalité organise la fête du village, dont l’attraction principale est un concours de tir à la carabine : « la revanche ». Cette revanche que nous commémorons aujourd’hui. 3 millions de français mobilisés en 24h.
Dans le village voisin, le clou du spectacle est le bûcher du mannequin d’une noble femme. Cette fiancée délaissée pour une autre se vengea cruellement de son ancien amant et de sa rivale. Apprenant leur prochain mariage, elle contrefit l’écriture, la signature et le sceau du chef de famille parti à la croisade. Par cet odieux stratagème elle fit accorder la main de la future épouse à un autre. Son crime lèse familial est commémoré et puni chaque 22 juin. La volonté du père, le sacrement du mariage, la fidélité, et l’abomination du faux sont encore vivaces dans nos contrées.
Un peu plus loin, derrière l’église de la photo, il y a une forêt. Et des grottes, invisibles, qui ont dissimulé un maquis de centaines de partisans. Chaque dimanche, M. le curé, qui est mort en chaire en 2010 après 67 ans de sacerdoce au village, leur apportait la communion. Ces partisans très eucharistiques, après une montée en puissance et une minutieuse préparation, ont repris la ville voisine aux allemands. Au même moment, débarquait la 1e Armée Française, cette armée constituée de ralliements successifs de l’Armée d’Afrique de Vichy, des pieds noirs, des indigènes, et des FFI, tous rassemblés derrière les trois couleurs. Ou est la commémoration de ces 500 000 français unis dans le combat ? Qui parle de leur taux de perte, deux fois supérieur à celui des américains, prouvant s’il le fallait la bravoure au combat des français ?
Ce que nos politiques ont perdu de vue, c’est que la majorité des français vivent dans des petites villes et des villages comme celui-ci, travaillent dans des entreprises familiales et ont dans le cœur des traditions bien ancrées. Et le cœur de cette majorité de français, le pouvoir est en train de le perdre définitivement. Nos dirigeants souffrent de dépression. Ils ont mal à la France. Au stade critique qu’ils ont atteint, seul un éloignement définitif pourrait les guérir.
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