Tribune libre de Robert Ménard*
En l’espace de quelques jours, on aura assisté à une belle démonstration de double langage, d’hypocrisie et de cynisme de la part des socialistes qui nous gouvernent.
On se souvient des mots très durs du candidat Hollande expliquant :
Moi président, il n’y aura pas de dictateur reçu à l’Elysée.
L’engagement a fait long feu. François Hollande a accueilli en catimini, il y a quelques jours, Hamed ben Issa Al Khalifa, le roi du Bahreïn, qui s’est illustré par une répression sévère de son opposition : on ne compte plus les emprisonnés, les blessés, les torturés, les tués au cours de ces deux dernières années. Mais la France socialiste est là qui va prodiguer des conseils à nos nouveaux amis bahreïni en matière de justice et de liberté de la presse. Non, je n’invente rien : c’est bien l’objectif officiel de cette visite ! Le bon roi Hamed a eu droit à toutes les attentions réservées à nos hôtes de marque, garde républicaine incluse. Seul le service de presse de l’Élysée n’a pas été mobilisé : aucun journaliste n’a été prévenu, la visite n’était d’ailleurs pas inscrite au calendrier officiel. On a quand même un peu honte de certains de ses invités…
Rebelote, si j’ose dire, avec la mort de Michel Polac. C’est d’abord le ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, qui salue « un homme qui n’aimait pas les idées tièdes », « engagé » mais « inclassable » bien que « son cœur battait, bien sûr, à gauche ».
Vous aurez noté le « bien sûr »… On aime d’autant plus les rebelles qu’ils sont à gauche. Mais le plus « amusant » viendra, une fois de plus, de l’inénarrable Martine Aubry, pour l’heure toujours à la tête du Parti. L’entendre faire l’éloge du « ton » de Michel Polac a quelque chose de surréaliste. N’est-ce pas elle qui s’interrogeait, toujours très tolérante, sur l’interdiction du Front national ? Qui refuse, exemple même d’ouverture d’esprit, de répondre aux questions des journalistes qui ne lui conviennent pas ? Qui a fait du sectarisme sa marque de fabrique… ?
Quant à la droite, elle fait jeu égal en matière de sectarisme : on attend toujours les réactions de ses chefs de file après la mort de l’animateur de « Droit de réponse »… Parce que « son cœur battait, bien sûr, à gauche » ?
Droite et gauche : des jumeaux, vous dis-je.
*Robert Ménard est journaliste et fondateur de l’association Reporters sans frontières.
> Son blog : robertmenard.fr
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