Les policiers demandent l’anonymat. Ils ont peur. Une peur bien légitime et trop humaine aurait dit Nietzsche. Aussitôt, j’ai pensé à nos poilus et à leurs adversaires fridolins, étendus, là, sur le sol boueux de la Somme, un trou rouge sur le côté et leur nom autour du cou. Des noms que nous pouvons d’ailleurs toujours lire sur nos monuments aux morts. Le soldat inconnu devait avoir, lui aussi, un nom, comme les déportés enterrés à la va-vite dans une fosse commune. Le nom, notre nom, nous en sommes fiers, parce qu’il appartient à une histoire, parfois millénaire. Vouloir le cacher, par peur ou précaution, c’est mourir avant la mort, c’est gommer notre identité et sombrer dans ce grand marché planétaire où un égalitarisme béat nous donne l’illusion de la liberté. Sans mon nom – remarquez ces deux anacycliques – je ne suis plus libre de me construire et je deviens rapidement une cible ou une proie. Les islamistes l’ont bien compris ! Et maintenant autre chose, mais toujours du même ordre. Les victimes de Mohamed Merah estent en justice pour obtenir la condamnation de l’Etat français ! Avec pour résultat, ce jugement ébouriffant : « Le tribunal juge que la décision de supprimer toute mesure de surveillance de Mohamed Merah, prise à la fin de l’année 2011 (…) est constitutive d’une faute engageant la responsabilité de l’Etat. Cette faute a compromis les chances d’empêcher l’attentat », fixant à un tiers la part de responsabilité de l’Etat ». Ainsi, « le caractère hautement suspect d’un comportement » doit être considéré, dorénavant, comme la manifestation d’une intention criminelle. Une nouvelle porte s’ouvre, sans aucun doute poussée par les aboyeurs processifs de la religion droit-de-l’hominienne. Traduisons : le coupable, ce n’est pas le microcéphale Merah et son islam pour les nuls, mais la France. Car ne l’oublions pas, l’État est « une communauté d’hommes, fixée sur un territoire propre et possédant une organisation d’où résulte pour le groupe envisagé dans ses rapports avec ses membres une puissance suprême d’action, de commandement et de coercition” (Carré de Malberg). Et si la veuve, l’enfant du soldat et les beaux-parents sont indemnisés, ils pourront remercier notre belle République, malgré ce deuil qui les accable et dont l’État français est jugé, en partie, responsable. Aujourd’hui, c’est un constat, le terrorisme a ses idiots utiles, jusque dans les prétoires.
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