Le véhicule kamikaze est un procédé dont la traçabilité renvoie aux terroristes islamistes en Israël, en Chine, au Canada et en France.
Le camion de 18 tonnes lancé à pleine vitesse confirme, une fois de plus, que nous sommes dans une phase de terrorisme de proximité, par opposition au terrorisme technologique du 11 septembre. En position plus que jamais asymétrique, du fait de la mobilisation anti-terroriste des Etats, les terroristes viennent de l’intérieur et utilisent les moyens du bord. On n’a plus affaire à un poseur de bombes, mais à un kamikaze.
« Ont été perdus de vue tant la nature du terrorisme actuel que les récentes inflexions du modus operandi. »
Dans l’optique de l’euro de football comme du carnaval, Nice avait sécurisé son littoral, songeant aux attaques de Bombay au moyen de bateaux. Le sous-préfet s’était félicité : « Toutes les hypothèses seront testées, y compris une attaque nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique »… Ont donc été perdus de vue tant la nature du terrorisme actuel que les récentes inflexions du modus operandi.
L’année 2016 a été marquée par une série d’attentats au camion bourré d’explosifs : janvier, 55 morts en Libye puis 23 morts en Syrie, mars, 47 morts en Irak, avril 64, morts à Kaboul et le 3 juillet 300 morts à Bagdad. Parallèlement à cette méthode, déjà employée à Beyrouth en 1983, du véhicule piégé, se profilait une recrudescence d’attaques au véhicule-bélier kamikaze.
Au Canada, le 20 octobre 2014, à Saint-Jean-sur-Richelieu, un assaillant utilise sa voiture pour écraser deux soldats canadiens, faisant 1 mort. En France, les 21 et 22 décembre de la même année, à Dijon et Nantes, une dizaine de piétons se trouvent à chaque fois fauchés, à Nantes lors du marché de Noël. Des attaques dont la connotation ou le caractère islamistes seront longtemps niés ou minimisés. La technique est également employée en Chine. En juillet 2011, à Kachgar, des Ouïgours détournent un camion et foncent dans la foule. En mai 2014, à Ürümqi, deux véhicules transportant cinq assaillants attaquent un marché fréquenté par l’ethnie Han, faisant 39 morts.
« Un engin motorisé permet à un terroriste, généralement isolé, de s’approcher d’un objectif sans être repéré et de démultiplier sa force de frappe. »
Ce sont les terroristes palestiniens qui paraissent avoir breveté la technique du camion-bélier. Un engin motorisé permet à un terroriste, généralement isolé, de s’approcher d’un objectif sans être repéré et de démultiplier sa force de frappe. Le 13 juillet, au nord de Jérusalem, un terroriste palestinien fut abattu après avoir tenté de percuter avec son véhicule des soldats israéliens. Des précédents remontent à 2008-2009 et le procédé a fait école ces dernières années.
En mai 2011, à Tel Aviv, le jour de la Nakba, le conducteur d’un camion tente d’écraser piétons et voitures, faisant un mort. En novembre 2014, une voiture tue un officier de la police des frontières à Jérusalem, tandis qu’une autre fonce sur des passants qui attendaient le tramway, faisant 2 morts. Le 15 avril 2015, un forcené renverse 3 gardes-frontières près du Mont des Oliviers. Le 20 mai 2015, un Palestinien blesse 2 policiers à Jérusalem-Est. Le 13 octobre 2015, un autre précipite son véhicule sur un arrêt de bus avant de poignarder des piétons. Liste malheureusement non-exhaustive.
> Marc Crapez est politologue. Sa page Facebook.
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