Que faire quand non seulement votre pays ne vous protège plus, mais qu’il ouvre grand la porte aux ennemis et qu’il les protège, au nom de la lutte contre le racisme, contre la xénophobie et contre l’islamophobie ?
Nous sommes en effet plongé dans ce qu’on a de plus en plus tendance à appeler une guerre asymétrique : il ne s’agit plus d’une guerre classique, où le but est de soumettre un adversaire identifié – état, nation, pays – mais de protéger ses propres citoyens d’une menace intérieure.
C’est cette protection contre la menace intérieure qui change la donne, et requiert une ubiquité du régalien : les militaires doivent désormais mener la guerre dans et contre des éléments de leur propre pays, les policiers doivent protéger jusqu’à leur propre vie privée, qui est attaquée (cf. l’acte terroriste du 13 juin 2016 à Magnanville).
Les Etats-Unis, dans le cadre de la “guerre au terrorisme”, ont adopté des plans forts : le Patriot Actde 2002 et le Domestic Security Enhancement Act de 2003 (Patriot II). En Europe, le Conseil européen a adopté une décision cadre le 13 juin 2002. En France, en Suisse, en Allemagne, on ne compte pas les pétitions de principe et les propositions flasques (centre de déradicalisation, campagne de “sensibilisation”, numéros verts (sic.), “contrôle” des sites djihadistes, etc.).
Dans le même temps, d’un côté, ils condamnent de plus en plus violemment les prises de parole publiques contre les ennemis, de l’autre côté, ils ouvrent les frontières à des centaines de milliers de personnes qui viennent des pays source du terrorisme. Ils sont devenus incapables de désigner l’ennemi, mais capables de réprimander toute tentative de le combattre. Comme si nos gouvernements (et nos médias) étaient de mèche avec le terrorisme. Il s’agit plutôt, comme le rappelle Donald Trump, d’une faiblesse de vue, d’un manque de stature et d’imbécillité.
Vu ces contradictions flagrantes, on se demande parfois si les mesures antiterroristes ne servent pas plutôt à surveiller, à contrôler et à réprimer les citoyens honnêtes. Quand on entend que l’attentat islamiste d’Orlando, “c’est la faute aux armes à feu”, le gouvernement en profite pourdésarmer les citoyens (alors qu’Orlando est une “Gun free zone”, zone sans armes à feu) ; quand on entend que les différents islamistes “autoentrepreneurs” qui ont commis des actes en France se sont radicalisés par internet, le gouvernement en profite pour contrôler, espionner et verrouiller internet.
Quand une forme de gouvernement comme la nôtre (médiacrate, bureaucrate et oligarque) se sent menacée par le peuple qu’elle a mis en colère depuis longtemps, elle se radicalise. “Aussi est-il nécessaire au Prince qui se veut conserver qu’il apprenne à pouvoir n’être pas bon…”, écrivait Machiavel… Hypothèse, donc : nos gouvernements se radicalisent, et profitent de l’islamisme pour se maintenir à flot.
Vivien Hoch (paru sur Les Observateurs.ch)
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