L’avenir du Front National suite à l’échec de Marine Le Pen

bougie

par Thomas Ferrier

La campagne de Marine Le Pen a révélé au plus grand nombre beaucoup des défauts inhérents au nouveau Front National qu’elle dirige depuis 2011.

Le premier défaut est l’importance prise par la stratégie impulsée par Florian Philippot : campagne économiquement de gauche, europhobie permanente partant d’un contre-sens sur le résultat du référendum sur le TCE en 2005 (1), tabouisation de la thématique migratoire d’un point de vue ethno-civilisationnel. Son obsession contre l’euro, l’idée d’abandonner cette monnaie étant à juste titre anxiogène, relevant d’un postulat de principe, a joué en sa défaveur. Les apprentis sorciers en matière économique n’ont jamais eu une grande cote, surtout auprès de l’électorat de droite, qui tient à son épargne.

Dans le débat face à Emmanuel Macron, elle est apparue comme un amateur, sans colonne vertébrale, sans assises idéologiques, et défendant fort mal son programme. Faible sur les questions économiques, thème qu’elle aurait pu éviter en jouant la carte de l’avenir de la France et du destin du peuple français, elle a donné le bâton pour se faire battre à son adversaire qui, en ce domaine, a eu beau jeu de la pilonner sur ses insuffisances criantes en ce domaine. Le mot immigration, qui est pourtant la principale raison du vote en sa faveur, était quasiment absent, limité à quelques tirades générales sans saveur.

Le débat du 3 mai 2017 est pour Marine Le Pen ce qu’a été le « détail » pour Jean-Marie Le Pen en 1987. Ce dernier a perdu toute chance d’accéder au pouvoir suite à son dérapage, sans cesse renouvelé dès lors qu’il savait ne plus pouvoir que témoigner. Marine Le Pen perd toute chance pour l’avenir également et notamment pour 2022. Il y a des erreurs dont on ne se remet pas. Et la perte de crédit qui est désormais la sienne paraît insurmontable. Eric Zemmour n’a pas trouvé un mot pour défendre sa prestation et Robert Ménard a rappelé son désaccord avec elle sur les questions de l’euro et de l’Union Européenne.

Enfin, elle a commis au soir du second tour trois erreurs majeures de communication qui accentuent son décalage. En premier lieu, elle n’a pas su reconnaître sa défaite, préférant botter en touche au nom d’une hypothétique refondation, et sans vouloir faire le bilan de cet échec. Au contraire, tout indique qu’elle se limiterait à des changements cosmétiques ne remettant en cause ni sa domination sur le parti ni la ligne, ayant pourtant mené au désastre, impulsée par Philippot.

La seconde erreur fut d’apparaître extrêmement souriante devant les caméras quelques minutes avant son intervention télévisée faisant suite aux résultats, puis de prendre artificiellement un masque sérieux quelques instants après. Ce manque de sincérité, commun à tous les responsables politiques, s’est vu. La troisième erreur, prolongement de la seconde, fut d’être filmée en fin de soirée en train de danser. C’était fort malvenu, alors que nombreux électeurs étaient déçus ou dépités, ainsi que beaucoup de cadres, en dehors du cas des courtisans.

Une candidate refermée sur un clan souverainiste.

Les défauts de l’époque Jean-Marine Le Pen ont continué au Front National. La discipline de parti y est excessive, la soumission au dirigeant calamiteuse. Un chef de parti qui n’écoute que les courtisans serviles et marginalise les cadres critiques ne peut qu’accumuler les erreurs. Sophie Montel a expliqué qu’il fallait, je cite, « suivre la ligne de Marine Le Pen au doigt et à l’œil », adoptant ainsi la démarche d’un parti stalinien.

Marine Le Pen depuis 2011 n’a cessé de prôner l’ouverture, alors qu’elle n’a cessé de pratiquer l’épuration au sein de ses rangs. Après la mise à mort politique de son propre père, ce qui pouvait se comprendre néanmoins d’un point de vue stratégique, elle a marginalisé ses alliés, comme le SIEL de Karim Ouchikh poussé à la rupture, ou comme Robert Ménard, rabroué par Marine Le Pen lors d’un séminaire, et jusqu’à sa propre nièce, Marion Maréchal – Le Pen, qui a fini par renoncer ce mercredi à toute action politique pour quelques années, démissionnant de son mandat régional et se retirant des élections législatives, pour raisons familiales et aussi pour raisons politiques, sa ligne plus à droite étant rejetée durement par sa tante.

Si Nicolas Dupont-Aignan a soutenu Marine Le Pen au second tour, il conserve en revanche une farouche indépendance politique. Il sera sans doute confronté à ce qu’ont vécu les autres organisations. Le FN de Marine Le Pen n’accepte que des vassaux, pas des égaux.

Entourée de courtisans qui comme Loki auprès d’Odin lui suggèrent de bien mauvaises idées, étant victime d’un tropisme à gauche depuis de nombreuses années, elle n’écoute pas ceux qui auraient pourtant pu lui éviter bien des déconvenues. Aucun intellectuel n’a pu rester dans ou à côté du parti bien longtemps. L’indépendance d’esprit et une certaine insoumission caractérisent celui qui pense par rapport à celui qui agit.

Marion Maréchal Le Pen proposait d’adopter une ligne plus conservatrice sur le plan des mœurs, ce qui déplaît à la présidente 68-arde, une ligne plus chrétienne, alors que Marine Le Pen semble mépriser les religions, tant le catholicisme traditionnaliste que le paganisme, une ligne plus libérale et plus identitaire, donc moins anti-européenne, la présidente du Front National a préféré s’arc-bouter sur sa ligne de gauche. Il n’est toutefois pas absurde néanmoins de vouloir envoyer des signaux favorables à l’électorat populaire et aux ouvriers mais elle s’y est fort mal prise.

Un socialisme national « plus socialiste que le socialisme ».

Dans la forme de synthèse sociale-nationale qu’a proposé Marine Le Pen, la dimension identitaire est presque inexistante, ce qui fait que la principale différence entre le FN et le Front de Gauche s’est estompée. Or un « socialisme identitaire » ne signifie pas un alignement sur la démagogie marxiste. L’ouvrier français vote FN contre l’immigration et pas par « socialisme », même si une forme d’ethno-socialisme ne lui déplaît pas. Un socialisme d’exclusivité aurait pu de même lui plaire, s’il avait été bien expliqué. Or, comme le disait Dominique Venner, « il ne faut pas être plus socialiste que les socialistes ». Dans le couple social / national, c’est le national, au sens ethno-civilisationnel du terme, qui prime.

Pour réussir à récupérer l’électorat populaire de gauche et l’électorat plus bourgeois de droite, le ciment est le nationalisme identitaire, celui là même que Marine Le Pen a refusé au nom d’une conception civique de la nation, à la Habermas, que l’ex-chevènementiste Philippot a apporté dans son panier, ouverte aux « branches de l’arbre France » comme disait l’ancien mentor de David Rachline, ceux-là même contre lesquels ses électeurs traditionnels, y compris ouvriers, manifestent leur opposition.

Avec l’adhésion de la France à l’Union Européenne et les interdépendances économiques créées avec l’introduction de l’euro, ce nationalisme identitaire amènerait naturellement à se définir comme européen. Ce que Robert Ménard a parfaitement compris, mais ce que Marine Le Pen refuse de tout son cœur, au risque de dégoûter de nombreux électeurs de droite sans gagner d’électeurs de gauche pour autant.

Son socialisme fait fuir la droite, et son renoncement au nationalisme ne lui rallie pas la gauche, bien au contraire. Elle perd sur les deux tableaux. On ne peut récupérer droite et gauche qu’en les attirant par ce qu’ils ont en commun.

La ligne de Marion Maréchal Le Pen n’est pas meilleure que celle de Marine Le Pen en réalité. Le juste milieu aurait été sans doute plus habile, à la condition de rester ferme sur les questions migratoires et identitaires, en renonçant à l’europhobie, en choisissant la dédramatisation plutôt qu’une illusoire dédiabolisation.

Et l’avenir ?

Avec le départ de sa nièce, Marine Le Pen va s’orienter encore plus à gauche, avec Florian Philippot à ses côtés en situation de monopole idéologique, d’où son surnom en interne de « Raspoutine », donc persévérer dans  l’erreur. Il est probable que les législatives de juin 2017 ne seront pas aussi bonnes qu’elle l’espère. Avec 21,3% aux présidentielles, élection qui lui est généralement plus favorable, un score de 17% aux législatives ne serait pas surprenant. Elle n’aurait donc guère d’élus à part en Picardie. Il est difficile en outre de savoir quel sera l’effet démobilisateur sur son électorat du souvenir du débat du 3 mai, du résultat décevant du 7 mai, et du départ de Marion Maréchal Le Pen.

Quand on persévère dans l’erreur, on finit par y sombrer. Pourra-t-elle rompre avec ce cercle vicieux ? Qui sera le Pourichkevitch (symbolique) qui la libérera de son Raspoutine si celui-ci existe ? Un ripolinage de façade avec un nouveau nom mais la même dirigeante, les mêmes conseillers et la même ligne suicidaire ne servirait à rien.

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11 Comments

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  • 0 / 10
  • Dany BARTHOUIL , 15 mai 2017 @ 11 h 28 min

    Je ne suis pas du tout d’accord ! La question de l’Euro a été très bien expliquée à ceux qui ont peur d’y perdre ….la lutte contre l’invasion islamiste est clairement une urgence, les attentats et attaques diverses , les menaces de l’EI , sont des réalités ! la fermeture des frontières, pas hermétiques, comme avant, avec contrôles renforcés est aussi une nécessité !
    Il faut vraiment manquer totalement de lucidité pour ne pas le voir !
    Quant aux mesures pour sauver l’économie française de la concurrence déloyale , sont nécessaires aussi…pourquoi laisser fermer des sites industriels pour cause de délocalisation de leur production ??? C’est sûr que le FN et Marine LP gênent ceux qui veulent garder leur gamelle dorée et se moquent des chômeurs, des victimes d’attentats…!
    Ce parti était le seul à présenter un programme net et précis qui aurait sauvé la France…!

  • Ranguin , 15 mai 2017 @ 11 h 38 min

    Marine a finement joué.
    Il lui aurait été très difficile de gouverner avec autant de partis coalisés contre elle.
    D’ailleurs ces mêmes partis, alliés éphémères de Macron lui tournent le dos aujourd’hui.

    Comme pour elle, si elle avait été élue, il ne pourra pas gouverner. Il mènera la France à sa ruine avec la bénédiction de l’UE qui a besoin de main d’oeuvre bon marché en se servant de notre terre pour y loger cette main d’oeuvre venant d’Afrique sous couvert d’humanitaire.

  • Charles , 15 mai 2017 @ 11 h 39 min

    Il y a boire et à manger dans votre contribution.
    Sur l’utopie européiste, que vous semblez défendre,je vous répondrai
    par des réalités vécues ou vues ces dernières semaines chez nos voisins.
    Ceci, au travers d’un indicateur significatif- Les immeubles de bureaux en chantier.
    Je compare Paris avec 4 capitales du nord: Londres, Dublin, Bruxelles, Francfort.
    Mes passages dans ses viles ces derniers mois m’ont laissés stupéfié/ sidéré.
    Ces 4 capitales vivent un boom de la construction d’affaire ( en non d’appartements).
    L’écart est entre 1/5 et 1/10 entre Paris et ces 4 capitales.
    Pour 1 Million m2 en chantier à Paris, les autres construisent entre 5 et 10 Millions..
    Imaginez tout ce que cela implique en terme d’emplois et d’argent et d’influence.

  • Charles , 15 mai 2017 @ 12 h 00 min

    Il faut distinguer 2 niveaux d’analyse de la situation actuelle de la France
    L’analyse technique interne qui est partagée au sein d’un parti politique.
    L’analyse technique externe qui est communiquée aux militants, adhérents, électeurs.
    Marine et Florian ont sans doute commis la faute d’être trop “honnêtes” avec leur base
    sur le diagnostic technique qui explique notre régression.
    De plus, il leur manque encore un certain contenu pour consolider leur diagnostic.

    Il leur manque aussi la capacité de présenter un plan B sur notre “européannité”
    Exemple, ils n’ont pas encore réalisé qu’ il y avait plusieurs groupes de pays en Europe:
    Les 5 pays du Nord germanique (Allemagne,Luxembourg,Belgique, Pays Bas, Autriche)
    Les 5 pays du Sud “latinique” (Grece,Espagne, Portugal, Italie, France)
    les 5 Gros de l’Est (Pologne, Hongrie, Tchéquie, Slovaquie, Bulgarie)
    Les 6 du Nord (Danemark, Suède, Finlande, Estonie, Lituanie, Lettonie)

  • François2 , 16 mai 2017 @ 11 h 43 min

    Défendre les Français D’ABORD ! Ce que n’a pas fait Marine Le Pen puisqu’elle n’a pratiquement pas parlé du problème n°1 : L’IMMIGRATION ZERO. Les Français s’en sont rendu compte, comme Eric ZEMMOUR l’a parfaitement analysé, et Marine a fait 33 % au lieu d’un 45 %, par exemple, qui aurait été logique (les Français n’ont pas été motivés pour voter pour elle : j’en suis personnellement témoin).
    Confirmé par l’analyse de Jérôme BOURBON : « Pas un mot sur l’immigration et la démographie, pas un mot sur le Grand Remplacement, sur la famille, sur l’identité et la sécurité, pas un mot sur la défense de la civilisation, sur les enjeux de ce scrutin, sur les graves dangers menaçant la survie et la pérennité du pays. »
    A noter que Marine n’a jamais réagi à la publication du petit livre « Les politiques doivent sauver la France – Remplacer les immigrés par des expatriés ». La seule personne à avoir réagi à ce livre (personnellement, avait-il écrit) est François Fillon ; mais il n’en avait strictement rien fait dans le bon sens ! Fillon malgré l’handicap intervenu aurait pu remplacer Macron en décidant de sauver les Français et en les motivant avec l’immigration zéro qui est techniquement (tout en étant politiquement correct, puisque c’est ce qui se passe dans tous les pays extra-européens) parfaitement possible.

  • Jean NOGUES , 16 mai 2017 @ 12 h 46 min

    Préambule : c’est moi qui suis à l’origine, depuis plus d’un an, du sobriquet ”Raspoutine”. A tout hasard, je précise que j’emploie aussi ”l’âme damnée”, ou, au choix, le ”gourou”. Attention ! que ce soit clair, je demande pas de droits d’auteur !

    Sujet proprement dit :

    Je ne vais pas me lancer dans une analyse approfondie comme celle de l’article. D’une part, ça dépasse mes compétences, d’autre part, c’est peu lu. Déjà que moi-même, je ne suis pas tellement lu, je ne vais donc pas en rajouter. Mais je tiens tout de même à marteler l’essentiel de ce qui ne va pas, et qui à mes yeux bouche l’avenir immédiat et à moyen terme du FN.

    1) Je le répète, les capacités de Marine sont en cause. Le décalage entre ce qu’elle montre d’elle dans un débat ouvert, où des notes préparées, comme on l’a vu, ne servent à rien, et la grande qualité de beaucoup des discours qu’elle a tenus dans sa campagne, montre à l’évidence que ces discours-là ont été écrits pour elle et non par elle. Les vrais chefs, capables d’insuffler aux peuples un élan irrésistible, écrivent leurs discours eux-mêmes.

    M. Tournoux a publié une copie du brouillon du discours historique de de Gaulle le 30 mai 1968 : c’es( incroyablement surchargé de ratures, de modifications, de rajouts entre lignes, de mentions marginales ; la réflexion puissante, intense, en plein travail, fruit du contact intime entre l’auteur et l’événement en train de naître, y est palpable à chaque ligne, à chaque mot, à chaque rature. Ce discours qui a fait formidablement basculer le destin de la France en quinze minutes a été écrit par de Gaulle !…..

    En un mot, Marine, par ses plus beaux discours, a donné une fausse image d’elle-même. Pour s’en convaincre, réécoutez le très beau discours qu’elle a prononcé à Villepinte, et dans la foulée, réécoutez le débat du 3 mai. C’est saisissant, ce n’est pas la même personne ! le contraste est plus mortel pour elle que la nullité par elle-même de sa prestation du 3 mai. Etre détrompé est infiniment plus grave qu’être trompé ……

    3) Pour ma part, après Villepinte et le ralliement de Dupont-Aignan, je me suis surpris à espérer malgré tout. Marie-France Garaud, prestigieuse gaulliste historique, avait consenti un admirable effort pour être là. L’auditoire était de grande qualité, et à côté, celui de M. Macron était vulgaire, limite débile par paquets entiers (quand les fans pitoyables se trémoussaient sur des airs dont la pauvreté musicale faisait honte).

    Et quand j’ai vu le débat, nooooon ! tout ça pour ça ! remboursez ! n’aborder aucun sujet consistant calmement, à-coups de dague précis et propres, à la Fillon ! ricaner, montrer ses gencives dans des sourires forcés, laisser le calme et une apparente rationalité à l’adversaire, mais quelle catastrophe ! Dieu sait pourtant si la tâche était facile avec un adversaire de si peu de poids ! Fillon l’aurait écrabouillé ! Même Mélenchon l’aurait envoyé dans les cordes ! Dupont-Aignan ne l’aurait pas raté, lui ! mais où était l’ambiance magnifique de Villepinte ? on en a mal pour Mme Garaud, pour tous ces autres invités si honorables ! sans mentir, j’ai reçu ça comme un camouflet, et je ne le pardonnerai jamais, car à mon avis, non seulement par ce débat, elle a perdu la présidentielle, où elle aurait dû AU MINIMUM faire 12500000 voix, mais elle a détruit durablement le FN. Tous ceux qui résistent encore, qui se forcent à la courtoisie de faire semblant finiront par caner (ceux qui affirment que dans ce débat ”elle a été très bonne” comment font-ils pour trouver la force de le dire ? quel héroïsme !)

    4) les 10 600 000 voix du FN sont fallacieuses. La vérité est qu’il en manque 2 millions à l’appel, et que ce sont des voix fillonistes et LMPT sites pour l’essentiel. Donc, des voix catholiques respectables et honnêtes. Et la vérité oblige à dire que MLP, si elle avait raison d’afficher un laïcisme intransigeant, avait tort cependant de l’afficher d’une façon qui n’était pas bien encourageante pour les catholiques français d’accord avec la laïcité mais qui se souviennent quand même, dans leurs gènes, que la France a longtemps été catholique dans son corps et dans son âme. Qu’on y réfléchisse bien : LMPT avait choisi Fillon et pas MLP. Pourtant, MLP promettait d’abroger purement et simplement la loi Taubira, alors que Fillon, non, il disait seulement que la partie filiation de la loi serait réécrite. Alors pourquoi Fillon et pas Marine ? très bonne question, comme disait l’autre….. eh bien moi je sais bien pourquoi : le choix de LMPT était le bon choix !
    Cette promesse d’abroger du bout des lèvres, sans chaleur, balayée en trois secondes, ce n’était pas très rassurant….surtout avec les sourires éloquents de Philippot en arrière-plan….qui signifiaient ”bon, vous nous agacez avec ça, parlons d’autre chose, on a d’autres chats à fouetter !”.

    Oui, décidément, les 2 millions de voix qui ont manqué le 7 mai à MLP sont des voix de Fillon et de LMPT.

    5) je n’insisterai pas sur l’euro. C’est trop facile. Tout ce qui précède n’explique que la moitié de l’échec. Le cafouillage magistral sur l’euro, à lui seul, explique l’autre moitié : un désastre, la consternation, Azincourt, Austerlitz, Trafalgar, Waterloo et la débâcle de juin 40, tout ça à la fois ! Moins on y comprenait et plus on entendait ”mais c’est très clair ! ”l’écu, monnaie de compte”, pour les échanges ”entre grosses entreprises” et ”’oui, on revendra au franc”…”dans six mois”…..”ou dans un an, eut-être, voire plus ”…et puis ”il y aura bien une dévaluation, mais elle ne sera pas si grande que ça” (ah bon, se disait l’auditeur-électeur, donc il y en aura une ? mais on sait comment ça commence les dévaluations, on ne sait jamais où ça mène vraiment….”) . Bref, à se la prendre et à se la tordre !

    Je laisse à d’autres le soin, si le coeur leur en dit, de développer cette catastrophe en savantes exégèses…mais le résultat est là et bien là, hélas !

  • Jean NOGUES , 16 mai 2017 @ 15 h 02 min

    Préambule : c’est moi qui suis à l’origine, depuis plus d’un an, du sobriquet »Raspoutine ». A tout hasard, je précise que j’emploie aussi »l’âme damnée », ou, au choix, le »gourou ». Attention ! que ce soit clair, je demande pas de droits d’auteur !

    Sujet proprement dit :

    Je ne vais pas me lancer dans une analyse approfondie comme celle de l’article. D’une part, ça dépasse mes compétences, d’autre part, c’est peu lu. Déjà que moi-même, je ne suis pas tellement lu, je ne vais donc pas en rajouter. Mais je tiens tout de même à marteler l’essentiel de ce qui ne va pas, et qui à mes yeux bouche l’avenir immédiat et à moyen terme du FN.

    1) Je le répète, les capacités de Marine sont en cause. Le décalage entre ce qu’elle montre d’elle dans un débat ouvert, où des notes préparées, comme on l’a vu, ne servent à rien, et la grande qualité de beaucoup des discours qu’elle a tenus dans sa campagne, montre à l’évidence que ces discours-là ont été écrits pour elle et non par elle. Les vrais chefs, capables d’insuffler aux peuples un élan irrésistible, écrivent leurs discours eux-mêmes.

    M. Tournoux a publié une copie du brouillon du discours historique de de Gaulle le 30 mai 1968 : c’es( incroyablement surchargé de ratures, de modifications, de rajouts entre lignes, de mentions marginales ; la réflexion puissante, intense, en plein travail, fruit du contact intime entre l’auteur et l’événement en train de naître, y est palpable à chaque ligne, à chaque mot, à chaque rature. Ce discours qui a fait formidablement basculer le destin de la France en quinze minutes a été écrit par de Gaulle !…..

    En un mot, Marine, par ses plus beaux discours, a donné une fausse image d’elle-même. Pour s’en convaincre, réécoutez le très beau discours qu’elle a prononcé à Villepinte, et dans la foulée, réécoutez le débat du 3 mai. C’est saisissant, ce n’est pas la même personne ! le contraste est plus mortel pour elle que la nullité par elle-même de sa prestation du 3 mai. Etre détrompé est infiniment plus grave qu’être trompé ……

    3) Pour ma part, après Villepinte et le ralliement de Dupont-Aignan, je me suis surpris à espérer malgré tout. Marie-France Garaud, prestigieuse gaulliste historique, avait consenti un admirable effort pour être là. L’auditoire était de grande qualité, et à côté, celui de M. Macron était vulgaire, limite débile par paquets entiers (quand les fans pitoyables se trémoussaient sur des airs dont la pauvreté musicale faisait honte).

    Et quand j’ai vu le débat, nooooon ! tout ça pour ça ! remboursez ! n’aborder aucun sujet consistant calmement, à-coups de dague précis et propres, à la Fillon ! ricaner, montrer ses gencives dans des sourires forcés, laisser le calme et une apparente rationalité à l’adversaire, mais quelle catastrophe ! Dieu sait pourtant si la tâche était facile avec un adversaire de si peu de poids ! Fillon l’aurait écrabouillé ! Même Mélenchon l’aurait envoyé dans les cordes ! Dupont-Aignan ne l’aurait pas raté, lui ! mais où était l’ambiance magnifique de Villepinte ? on en a mal pour Mme Garaud, pour tous ces autres invités si honorables ! sans mentir, j’ai reçu ça comme un camouflet, et je ne le pardonnerai jamais, car à mon avis, non seulement par ce débat, elle a perdu la présidentielle, où elle aurait dû AU MINIMUM faire 12500000 voix, mais elle a détruit durablement le FN. Tous ceux qui résistent encore, qui se forcent à la courtoisie de faire semblant finiront par caner (ceux qui affirment que dans ce débat »elle a été très bonne » comment font-ils pour trouver la force de le dire ? quel héroïsme !)

    4) les 10 600 000 voix du FN sont fallacieuses. La vérité est qu’il en manque 2 millions à l’appel, et que ce sont des voix fillonistes et LMPT sites pour l’essentiel. Donc, des voix catholiques respectables et honnêtes. Et la vérité oblige à dire que MLP, si elle avait raison d’afficher un laïcisme intransigeant, avait tort cependant de l’afficher d’une façon qui n’était pas bien encourageante pour les catholiques français d’accord avec la laïcité mais qui se souviennent quand même, dans leurs gènes, que la France a longtemps été catholique dans son corps et dans son âme. Qu’on y réfléchisse bien : LMPT avait choisi Fillon et pas MLP. Pourtant, MLP promettait d’abroger purement et simplement la loi Taubira, alors que Fillon, non, il disait seulement que la partie filiation de la loi serait réécrite. Alors pourquoi Fillon et pas Marine ? très bonne question, comme disait l’autre….. eh bien moi je sais bien pourquoi : le choix de LMPT était le bon choix !
    Cette promesse d’abroger du bout des lèvres, sans chaleur, balayée en trois secondes, ce n’était pas très rassurant….surtout avec les sourires éloquents de Philippot en arrière-plan….qui signifiaient »bon, vous nous agacez avec ça, parlons d’autre chose, on a d’autres chats à fouetter ! ».

    Oui, décidément, les 2 millions de voix qui ont manqué le 7 mai à MLP sont des voix de Fillon et de LMPT.

    5) je n’insisterai pas sur l’euro. C’est trop facile. Tout ce qui précède n’explique que la moitié de l’échec. Le cafouillage magistral sur l’euro, à lui seul, explique l’autre moitié : un désastre, la consternation, Azincourt, la Bérézina, Trafalgar, Waterloo et la débâcle de juin 40, tout ça à la fois ! Moins on y comprenait et plus on entendait »mais c’est très clair ! »l’écu, monnaie de compte », pour les échanges »entre grosses entreprises » et »’oui, on revendra au franc »… »dans six mois »….. »ou dans un an, eut-être, voire plus »…et puis »il y aura bien une dévaluation, mais elle ne sera pas si grande que ça » (ah bon, se disait l’auditeur-électeur, donc il y en aura une ? mais on sait comment ça commence les dévaluations, on ne sait jamais où ça mène vraiment…. ») . Bref, à se la prendre et à se la tordre !

    Je laisse à d’autres le soin, si le coeur leur en dit, de développer cette catastrophe en savantes exégèses…mais le résultat est là et bien là, hélas !

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