Nicolas Sarkozy vient de rater sa réélection d’assez peu. Tous les commentateurs ont souligné qu’il souffrait d’un « problème d’image » dont l’origine remonterait à la soirée du Fouquet’s puis au séjour sur le yacht d’un ami richissime pour fêter son élection en 2007. L’intéressé lui-même l’a concédé, quand, interrogé récemment au journal télévisé, il s’est mis à bafouiller péniblement sur le mot Fouquet’s. On ne s’approprie pas impunément la symbolique du couronnement : Nicolas Sarkozy est conscient d’avoir gaffé, d’avoir commis une de ces erreurs qui se changent en faute, surtout une fois la crise venue. Car, comme dit l’adage, « se tromper est humain, persévérer est diabolique ». Or régulièrement, l’Art très contemporain, officiel et financier, a poussé Nicolas Sarkozy à persévérer à l’ insu de son plein gré.
Chaque star de l’AC, cet Art très contemporain, rentrant à Versailles avec strass et paillettes pour donner un coup de pouce à la cote d’un grand copain collectionneur, a fonctionné comme une piqûre de rappel de la gaffe présidentielle. L’image d’un président m‘as-tu-vu, volontiers mufle avec la princesse de Clèves, s’est mise à lui coller à la peau. Koons, Murakami et consorts, imposant leurs babioles tapageuses au sein d’un symbole national, historique, ont régulièrement humilié l’électeur de base. En effet, ce Palais des Rois, pris par le peuple lors de la Révolution, était donc repris par des milliardaires de l’Art officiel. Ils y marquaient leur territoire reconquis par d’onéreux joujoux aussi éphémères que désinvoltes. Jean-Jacques Aillagon se chargeant de d’entretenir une présidence tape-à-l’œil en multipliant les provocations… avant de finir par soutenir François Hollande.
Au final, Pompidou a laissé le centre Beaubourg, Giscard lancé le musée d’Orsay, Mitterrand d’Arche en Pyramide, laisse des « Grands travaux », Chirac un musée au Quai Branly et Sarkozy… l’art Blink-blink à Versailles !
Ironie du sort, c’est la conjonction de Fouquet et Versailles qui provoque la chute de l’astre Sarkozy : Jean de La Fontaine eut écrit une fable, avec Jean-Jacques Aillagon dans le rôle du renard, orthographié « renart » :
Maître Sarko sur un arbre perché
Tenait dans son bec un fromage.
Maître Renart par l’odeur alléché… etc.
Il n’est pas sûr, en revanche, que le nouveau Président (ou Martine Aubry qui lorgne, dit-on, la place de Frédéric Mitterrand) ait retenu la leçon :
« Il jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y reprendrait plus ».
Nous verrons.
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