Ce n’est pas le radeau de la Méduse, mais ça y ressemble de plus en plus… La barque du parti socialiste prend l’eau de toutes parts. Après trois années-et-demie de pouvoir présidentiel et gouvernemental, non seulement les résultats sont calamiteux dans tous les domaines, mais ils traduisent l’imprévision et suscitent la division. Dette, déficit, croissance atone, chômage signent l’échec et justifient une comparaison peu flatteuse avec nos principaux voisins et partenaires. Si l’idée vient que nous sommes plus mal gouvernés que les autres, aussitôt la valse des mesures et des contre-mesures gouvernementales, sur le plan fiscal notamment vient la confirmer. La petite fronde de Jean-Marc Ayrault sur la CSG régressive pour les plus modestes, reportée à 2017, condense les tensions actuelles. Paniqué par ses sombres perspective électorales, le PS veut envoyer des signaux aux nombreux électeurs qui le désertent. L’ancien Premier Ministre saisit l’opportunité de refaire surface. La gauche « réaliste » de Valls et de Macron affronte la gauche idéologique de Martine Aubry. Emmanuel Macron vient à nouveau d’agiter le chiffon rouge en disant tout le bien qu’il pense de la rémunération des fonctionnaires au mérite. Jean-Marc Ayrault propose par amendement d’alourdir la redistribution en fusionnant la CSG et l’impôt sur le revenu. Prendre aux riches pour donner aux pauvres : le credo des socialistes qui immanquablement les amène à taxer les classes moyennes jusqu’à les décourager ! La France souffre déjà d’une redistribution record, réputée assurer la justice sociale, alors qu’en inhibant l’activité, elle réduit la production des richesses qu’on peut distribuer. Malgré ce contre-sens, on va en remettre une couche.
Par un beau paradoxe, le « pragmatique » Manuel Valls tente alors une manoeuvre idéologique. Il sonne le tocsin contre le Front National afin de rassembler les troupes. Le danger prioritaire n’est ni le chômage, ni le terrorisme, c’est qu’une région, une seule, puisse être sous la gouvernance locale et très relative de ce parti. Cet appel au Front républicain, ce pain cuit et recuit, peu veulent en manger. La gauche nordiste, jadis dominante chez les ouvriers, et rejetée par eux désormais, se rebelle car elle voit bien que cet appel à l’union du second tour la donne déjà battue. Les « Républicains » ricanent puisque la crainte entretenue du Front National leur assure par ralliement ou abstention de bons résultats au second tour. Tout excès de combativité à son encontre, toute alliance à gauche fâcheraient des électeurs de droite inutilement. Peu importe que des régions aient des présidences FN. C’est l’Elysée qui compte, et mécaniquement, le Palais est à portée. Quant à Marine Le Pen, elle voit dans cette offre la preuve de la solidarité objective entre les deux formations qui alternent au pouvoir. Vouloir rassembler au-delà de son camp et obtenir la division du sien, le mépris distant ou rigolard du camp d’en face : il y a des stratégies plus pertinentes..
Pendant que le gouvernement et sa majorité naviguent à la godille sur la mer des Sargasses des réformes plus ou moins avortées et des manoeuvres stériles, le Président de la République, plus mondial que jamais, s’apprête à monter sur le podium de la COP 21. Il est allé doctement faire la leçon aux Chinois et exiger d’eux qu’ils signent un traité contraignant contre le réchauffement climatique. Et voilà que que John Kerry annonce que les Etats-Unis ne signeront pas un pareil texte. C’était bien la peine de jouer les chiens de garde fidèles et dévoués de l’atlantisme jusqu’à imiter Bush junior sur la Syrie, et se faire rembarrer déjà par son successeur, pour une fois encore être traité comme quantité négligeable. L’opposition présidentielle est majoritaire au Congrès ? Est-ce que je me soucie du Parlement et de sa majorité, moi ?!? Les Français, eux, se soucient peu de la COP 21. Ce n’est pas qu’ils soient indifférents aux problèmes de l’environnement. Ils pensent seulement que leur gouvernement serait peut-être plus utile et plus efficace sur d’autres thèmes parce qu’ils sont plus nationaux. Le chômage, le pouvoir d’achat, le logement, l’immigration, la sécurité sont autant de questions mal traitées. Les naissances diminuent, les morts sur la route augmentent comme si le pouvoir s’acharnait à démontrer son incompétence dans tous les domaines, sans exclusive. Les Français ont certes besoin d’air, mais c’est d’une nouvelle atmosphère politique. La barque du gouvernement, elle, se remplit de l’eau des échecs et de la colère qui monte. Le tout est de savoir combien de temps encore, ses membres écoperont avant qu’elle ne coule…
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