Le 18 Mai 2016, alors que les policiers manifestaient contre les violences dont ils sont victimes lors des manifestations, ceux qui sont à l’origine de ces agressions, les « antifas » attaquaient une voiture de police le long du Canal Saint-Martin, quai de Valmy. Les images sont encore dans tous les esprits. Des énergumènes, qui confondent la vie réelle avec la cour de récréation qu’ils n’ont jamais quittée mais où ils ont fait pénétrer une agressivité mortelle, harcelaient des policiers, boxaient l’un d’entre eux puis le frappaient avec une barre de fer, avant d’incendier la voiture de police, par ailleurs cassée de partout. Après 16 mois, la XVIe Chambre a énoncé son verdict. En apparence, Manuel Valls a été entendu ; la presse annonce de lourdes peines, proches des réquisitions, et met en avant la plus forte, 7 ans de prison, prononcée contre Joachim Landwehr (ça ne s’invente pas). Sauf que ce Suisse est absent et, que pour l’instant, il court toujours, poursuivi désormais par un mandat d’arrêt. Les six autres écopent au maximum de cinq ans, dont la moitié ferme, ce qui conduira à un emprisonnement d’une quinzaine de mois, et sans doute moins. C’est le cas de Nicolas F., l’auteur des coups contre le policier. Il a eu le mérite de reconnaître les faits. C’est le cas d’Ari R, de Kara B., transgenre américain, actuellement détenu (4 ans dont 2 avec sursis), de Thomas R (2 ans dont 1), de Leandro L. (1 an avec sursis). Deux autres sont relaxés, notamment le frère d’Antonin Bernanos. Ce dernier attire l’attention. Il est l’arrière-petit fils de George Bernanos, ce grand écrivain chrétien, cette belle âme éprise de liberté, que, malgré son gaullisme, le Général n’était pas parvenu à attacher à son char. Combattant courageux et blessé lors de la Grande Guerre, d’abord proche de l’Action Française, puis adversaire du fascisme, Bernanos était certes un rebelle, mais sa rébellion, était morale plus que politique. C’était celle d’un écrivain, à la fois profond dans sa réflexion, et talentueux imprécateur des péchés de notre monde. C’est avec consternation que l’on voit aujourd’hui son nom mêlé aux jeux débiles et violents de soixante-huitards attardés. Il y a des descendants qui sont des chutes vertigineuses.
Antonin Bernanos est à la fois la vedette de ce procès, et un symbole qui mérite qu’on s’y attarde. Il a été identifié par un membre de la Direction du Renseignement de la Préfecture de Police de Paris dont le témoignage corrobore les images de l’agression. Sa défense consiste à nier sa participation aux faits. Il était là avant et après, à visage découvert, mais ce n’est pas lui qui a boxé le policier assis à son volant, ni brisé la lunette arrière du véhicule, même si ses vêtements et sous-vêtement (visible), et ses bagues, étaient semblables à ceux de l’agresseur masqué. Il en est à sa douzième poursuite pénale. Les onze autres ont été conclues par des relaxes ou des classements sans suite. Allez savoir si ce succès judiciaire est dû à un acharnement infondé de la police ou à une mansuétude particulière envers un étudiant au style très correct et qui parle aux magistrats « d’égal à égal » ! Le comble serait en effet que ce « révolutionnaire » sans cause ait été, jusqu’à présent, la preuve vivante d’une justice de classe… Malgré sa condamnation à cinq ans, dont trois avec sursis, il a été laissé en liberté. Le « pauvre » avait déjà effectué 10 mois de détention préventive, et compte tenu de sa peine, il aurait été libéré dans deux mois. Lourdes peines, dites-vous ? Ses parents crient au scandale en dénonçant « l’acharnement du pouvoir politique », un » verdict lourd et injuste » et justifient « un jeune militant qui lutte contre la violence de l’Etat ». Dans cette atmosphère très parisienne, on n’est pas loin de croire entendre un délire « bobo » gauchiste, complètement déconnecté de la réalité. Car si l’on peut critiquer légitimement notre société, et même considérer la démocratie comme une illusion, le changement ne risque pas d’être engendré par la violence, et encore moins par des échauffourées sporadiques avec des fonctionnaires de police qui ne font que leur travail.
Deux aspects préoccupants se dégagent de cette affaire. Il y a d’abord une certaine perversité de l’intéressé qui soigne ses deux visages opposés. Mister Antonin possède chez lui l’attirail du casseur de rue, masque à gaz, casque, et poing américain. Mais, le docteur Bernanos est posé, calme, s’exprime aisément et déclare ainsi devant le tribunal : « pas de jugement moral » sur les événements. De sa hauteur d’étudiant en sociologie, à 23 ans, il n’entend pas mêler la morale à la politique, suivant la vieille rengaine des marxistes, qui, de Lénine et du Goulag a mené à Pol Pot, et au génocide cambodgien, avec le soutien des « compagnons de route » du communisme, comme Sartre, par exemple. Ensuite, on ne peut qu’être atterré par le gâchis que représente cet individu. C’est d’abord l’aberration d’une éducation nationale qui conduit de jeunes étudiants intelligents à s’enliser dans une pensée sans issue qui leur fait atteindre le sommet… de la stupidité. Au lieu d’ouvrir les esprits, comment l’Université peut-elle enfermer une intelligence dans la vision étriquée d’un groupuscule ? C’est aussi l’étonnant regard de la presse qui relaie sans broncher la dérive inscrite dans les plaidoyers : le témoin qui accuse Antonin Bernanos est un policier. Comme la victime est également un policier, cela entacherait le témoignage de partialité. Cet argument consiste à dénier toute valeur à la surveillance policière, et surtout elle transforme l’action des « antifas » contre la police, en matchs dont les commentateurs doivent considérer les équipes sans parti-pris. C’est évidemment oublier de façon irresponsable que, si notre société est loin d’être parfaite, le fait que la violence légitime ne puisse s’exercer qu’au nom de la loi et par ses serviteurs, constitue un élément fondamental. Quant aux violents illégitimes, on attend toujours qu’ils soient sanctionnés de manière plus dissuasive. (à suivre)
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