Par Pierre de Bellerive*
Dans une tribune surprenante parue sur le site Atlantico, le président du Parti libéral démocrate, Aurélien Véron, se déclare favorable au « mariage » homosexuel «pour une famille durable». Nous nous permettons de lui apporter quelques éclaircissements.
« On voit pourtant mal en quoi l’idée de « famille durable » exclut les homosexuels », affirme Aurélien Véron. Pourtant les statistiques parlent d’elle-même : 80% des couples homosexuels se séparent avant 4 années de vie commune. On voit déjà mieux en quoi l’idée de « famille durable » exclut l’homosexualité comme choix de vie. Pour allez plus loin, on constate également que pour une moyenne d’âge de 35 ans, 94% des homosexuels ont connu plus de 15 partenaires et que 47% des homosexuels ont eu entre 100 et 999 partenaires [1]. La conception d’Aurélien Véron de la stabilité n’est sans doute pas la plus communément admise…
Le deuxième argument soutenu par l’auteur est que les Français seraient « favorables » au « mariage » homosexuel. Sondages à l’appui, l’auteur de cette tribune affirme que l’opinion des Français sur ce sujet a évolué et qu’il faudrait en tenir compte. Tout d’abord on pourrait discuter sur les sondages en eux-mêmes, dont les questions, parfois orientées, offrent bien souvent des réponses tronquées. De plus la pression qui s’exerce sur ceux qui se déclarent hostiles au « mariage » homosexuel est tellement forte que l’on pourrait se demander si ces sondages servent encore à quelque chose. Quand bien même, on peut s’interroger : en quoi les sondages doivent-ils mener une politique ? Que les hommes politiques les prennent en compte dans leurs décisions, ça se sait, mais qu’ils aient au moins la décence de faire croire qu’ils luttent pour un projet politique issu de convictions profondes. A la lecture de cette tribune, on pourrait croire que le Parti libéral démocrate aime à jouer les girouettes.
Le président de cette formation a néanmoins raison lorsqu’il affirme « qu’un point rassemble les Français…la famille. » Le constat est exact, jamais personne ne critiquera ouvertement l’un des fondements de notre société. Oui mais de quelle famille parlons-nous ?
Aurélien Véron affirme que « le modèle familial a évolué et apparaît de moins en moins contradictoire avec l’homosexualité. La banalisation des familles recomposées nous a habitués à la diversité des configurations familiales. Avoir un enfant n’est plus non plus une priorité systématique pour nombre de couples. »
La banalisation des familles recomposées participe justement à la désagrégation du modèle familial traditionnel. Le refus de considérer que la famille est un élément naturel se devant d’être pérennisé dans le but de pouvoir éduquer des enfants est regrettable. Avoir un enfant n’est plus une priorité pour certains couples, c’est exact, mais cela n’empêche pas qu’un des objectifs premier du mariage est la procréation. C’est d’ailleurs la procréation et le fait que la famille est utile au renouvellement de la société, qui justifie que l’Etat lui donne un cadre juridique. Le « mariage » homosexuel n’apporte rien de tout cela, étant par nature infécond.
« Le PACS peut être amélioré. Mais pourquoi alors conserver deux procédures si elles doivent être quasi semblables ? » Très judicieuse remarque de l’auteur. Il y a en effet une procédure de trop. Le PACS, depuis 1999 et davantage depuis la réforme du droit de la famille en 2006, ressemble de plus en plus au mariage civil et inversement. La stabilité du PACS est nul (il peut être dissout à tout moment), celle du mariage s’effrite (le divorce est grandement facilité). On devrait pourtant raisonner dans le bon sens. Si le mariage doit être une institution stable, il convient d’empêcher qu’elle puisse être dissoute trop facilement. Or cette stabilité, nécessaire à l’éducation des enfants n’existe pas chez les couples homosexuels qui de toutes manières ne peuvent pas avoir d’enfants.
Le dernier argument d’Aurélien Véron est de vouloir « sécuriser l’avenir des enfants de familles homoparentales ». C’est une noble attitude que de penser aux enfants, les « conservateurs fondamentaux », dont nous sommes, y pensent également, c’est d’ailleurs pour cela qu’ils n’approuvent pas le « mariage » homosexuel. En effet, si un couple homosexuel a des enfants, cela ne saurait être l’enfant des deux membres du couple, sauf à réécrire les lois de la science, ce qui est souvent le propre des idéologies. Ainsi, favoriser la création d’un lien de parenté avec un membre du couple reviendrait à priver l’enfant de son père ou de sa mère véritable. Or chacun sait qu’un enfant a besoin de son père et de sa mère pour se construire.
Enfin, soyons sérieux sur les estimations. Le président du Parti libéral démocrate fait référence à des chiffres qui situent ces cas dans une fourchette de 200 000 à 400 000 en France. Il est classique lorsque l’on défend une vision idéologique des choses de sortir tout ce qui peut venir étayer cette idée, y compris des chiffres tirés d’un chapeau. La seule étude sérieuse qui a été menée en France au sujet des enfants vivant dans des couples homosexuels est celle réalisée en 2005 par le démographe Patrick Festy de l’Institut national des études démographiques (INED) [2], lequel parvient à une fourchette de 24 000 à 40 000. Les chiffres donnés par (à ?) Aurélien Véron sont faux. Atlantico nous avait décidément habitué à mieux…
Enfin, accuser la droite de « prendre en otage ces enfants » est une bouffonnerie destinée à susciter la compassion chez un lecteur qui n’en a en réalité que pour l’auteur de cette tribune. En espérant qu’un jour, peut-être, il rende justice à la droite de vouloir préserver ce qui reste de la famille traditionnelle.
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