Tribune libre d’Alain Escada*
L’auteur, metteur en scène et directeur du Théâtre du Rond-Point à Paris Jean-Michel Ribes prétend avoir été agressé, hier soir à Nancy. Un fait divers qui vient en tout cas fort à point pour assurer une médiatisation au nouveau spectacle qu’il lance justement ces jours-ci et lui permettre de se présenter dans une posture qu’il affectionne : la victimisation.
Selon ses explications, mardi soir, à 20h30, devant l’Opéra, place Stanislas, deux jeunes hommes auraient surgi, lui prenant son chapeau fétiche et lui jetant “une assiette remplie d’excréments et de tracts”. Et, tenez-vous bien, les prospectus se réclamaient “de l’intégrisme catholique”. Les auteurs n’ont pu être interpellés. Rassurons d’emblée la planète : Jean-Michel Ribes n’a pas été blessé; mais il est “particulièrement choqué”, indique dans un communiqué l’Opéra national de Lorraine, où est présenté cette semaine son spectacle “René l’énervé”.
Puisque des journalistes m’appellent à ce sujet, je prends la peine de rédiger ce texte.
1. Civitas n’a pas appelé à une telle action et ne la revendique pas.
2. Je reste pour le moins sceptique. Qui donc en France se réclamerait “de l’intégrisme catholique” ? Ce vocabulaire, volontiers péjoratif, est certainement très prisé chez les fondamentalistes laïques mais n’est pas utilisé par les catholiques, fussent-ils attachés aux traditions de l’Eglise.
3. Civitas constate avec étonnement cette parfaite adéquation entre l’annonce d’une telle “agression” et le lancement d’un nouveau spectacle.
4. S’il devait s’avérer que ce fait divers soit fondé et que deux jeunes hommes aient jeté des excréments sur M. Ribes, il ne faudrait pas pour autant attendre notre émotion. Ne l’a-t-il pas cherché, lui qui répondit avec mépris et arrogance aux nombreux chrétiens indignés et blessés par les spectacles christianophobes intitulés “Sur le concept du visage du fils de Dieu” et “Golgota Picnic” ? Lors d’un débat télévisé, un représentant de Civitas lui demanda s’il accepterait qu’on recouvre le portrait de sa mère par des excréments, faisant référence au spectacle de Castellucci recouvrant le portrait du Christ de traînées suggérant les excréments. M. Ribes, désinvolte, avait répondu : “Si c’est fait par Andy Warhol, pourquoi pas ?”. Ce ne fut pas par Andy Warhol. Ce n’était pas non plus sur le portrait de sa mère. Mais Jean-Michel Ribes pourra certainement y trouver une dimension artistique participative. On a l’art qu’on mérite…
*Alain Escada est secrétaire général de l’Institut Civitas
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