Un terroriste emprisonné à Vendin-le-Vieil dans le Pas-de-Calais a poignardé trois surveillants en se jetant sur eux au cri d’ »Allah Akbar ». Les gardiens n’ont heureusement été que blessés. Mais cette agression souligne une fois encore la tragique déficience de la Justice dans notre pays. Son auteur n’est pas un petit délinquant. Il s’agit d’un « converti » allemand d’origine polonaise, Christian Ganczarski, Ibrahim l’Allemand sous son nom de « guerre ». Il fait partie de la première génération, celle d’Al Qaïda, dont l’Etat islamique est une scission, et qui continue sous des noms divers d’être le principal groupe terroriste en Syrie, contre lequel, sans notre soutien, le gouvernement légal de Damas mène l’offensive. Ce n’est pas une recrue de second ordre, car il a été le spécialiste de la communication et du cryptage de l’organisation. On le voit notamment en photo à côté d’Oussama Ben Laden et de Mohammed Atta le meneur des attentats du 11 Septembre 2001. Il a lui même été le cerveau des attentats de Djerba le 11 Avril 2002 qui ont coûté la vie à 21 personnes. Arrêté en 2003 à Roissy, il a été condamné à 18 ans de réclusion en 2009. Il devait être libéré prochainement grâce au jeu des remises de peine. Il y a en effet des magistrats pour considérer qu’un assassin de masse certes indirect, mais plus coupable encore puisqu’il a participé à leur mise en oeuvre comme « cerveau », puisse n’être condamné qu’à 18 ans de prison, et puisse même bénéficier d’une réduction de la durée de son incarcération. Les actes terroristes sont des actes de guerre, et d’une guerre en dehors de toute loi. Un prisonnier de guerre se respecte. Un assassin qui prétend faire la guerre devrait être traité comme un « pirate », et pendu haut et court… Bien sûr, les juges diront qu’ils se contentent d’appliquer la loi, elle même soumise à la Constitution, et aux Traités internationaux, qui ont en France plus de poids que la volonté du peuple. Cette contradiction entre notre volonté de respecter l’Etat de droit et la hiérarchie des normes, même à l’égard de gens dont l’inhumanité n’a rien à envier à celle des nazis, est aujourd’hui mise en lumière au travers des djihadistes « français » capturés en Irak ou en Syrie, que certains, au nom du « sacro-saint » droit, souhaiteraient voir rentrer dans « leur » pays. Ils ont trahi leur pays en rejoignant un groupe islamiste coupable des pires barbaries et qui est l’auteur des massacres qui ont touché la France. A moins d’obtenir d’eux des renseignements utiles à notre défense et à la sécurité des Français, leur sort devrait nous être totalement indifférent. Revenus en France, ils auraient droit, eux-aussi, aux égards de notre Justice.
Salah Abdeslam, le « survivant » des tueries de Novembre 2015 va rejoindre la prison de Vendin-le-Vieil où l’agression s’est déroulée, afin de lui permettre de répondre cette fois à la Justice belge. Sans insister sur le coût dispendieux de sa rétention confortable et de son tourisme judiciaire, il faut souligner que cet individu utilise sans vergogne son « droit au silence ». Le simple bon sens, un peu honteux d’aller à l’encontre de la dignité sereine des juges, se dit qu’une incarcération sans autre but que la libération, n’a aucun sens, et qu’il serait donc préférable qu’un malencontreux accident puisse l’éviter, à moins que l’obligation de parler soit une condition de toute limitation de peine. Mais le bon sens est aujourd’hui criminel, et il paraît plus humain de s’intéresser au criminel, plutôt qu’aux victimes qu’on ne ramènera pas à la vie ou dont on ne réparera pas les handicaps définitifs. Qui parle encore du quatrième militaire seul à avoir survécu à Merah ? Loïc Liber est tétraplégique, paralysé depuis cinq ans. Les souffrances de ce Guadeloupéen qui avait choisi de servir son pays, ne rendent-elles pas le confort judiciaire d’Abdeslam ou de Ganczarzki indécent ? Ibrahim l’Allemand connaissait très bien Khaled Cheikh Mohammed, l’auteur du premier attentat contre le World Trade Center, toujours et heureusement retenu à Guantanamo par l’Armée américaine, malgré les promesses et les tentatives de la baudruche médiatique qui a été Président des Etats-Unis durant huit ans. La crainte d’être extradé vers les Etats-Unis pour y être jugé a sans doute suscité l’attaque à l’arme blanche de Vendin-le-Vieil. Mieux vaut rester quelques années de plus dans les sympathiques prisons française, où ce sont les surveillants qui ont peur, que d’aller dans l’univers pénitentiaire américain, beaucoup moins accueillant, s’est dit le terroriste…
Deux prises d’otages, en Septembre 2015 et Juillet 2016, et le meurtre d’un détenu par un autre pensionnaire en Janvier 2017, ont déjà eu lieu à Vendin-Le-Vieil. L’insuffisance du nombre de places dans nos prisons, l’inefficacité des peines alternatives qu’avait soulignée l’assassinat du Père Hamel, l’inapplication des peines prononcées et plus généralement le laxisme judiciaire témoignent d’une société par trop compatissante avec le mal, quand elle n’est pas fascinée par lui. Des écoutes avaient permis à l’administration de la prison de prévoir le passage à l’acte d’Ibrahim l’Allemand. Il avait été mis à l’isolement, mais cela lui avait permis de préparer deux armes. L’impuissance n’est pas tant due à une insuffisance de moyens qu’à une insupportable déficience de la volonté.