La guerre contre le terrorisme islamiste ne fait que commencer…

L’émotion se dilue, les manifestations se dispersent. Chacun y va de son analyse, de son diagnostic et de ses remèdes. Dans la précipitation, le gouvernement fait monter ce qui lui reste d’armée en première ligne pour protéger l’espace public et les cibles privilégiées du terrorisme islamiste que sont les synagogues et les écoles de confession juive. Certains politiciens proposent sans la moindre réflexion un « Patriot Act » à la française. D’autres s’empressent de répondre aux provocations de Dieudonné, par ailleurs poursuivi par le Parquet pour apologie du terrorisme. L’avocat de « Charlie » affirme que le journal continuera à se moquer des religions. Il faut pourtant éviter qu’après la semaine tragique, la France ne retourne à la confusion mentale qu’elle subit depuis des années, et dont le gouvernement, si responsable de la situation qu’il soit, pourrait bien être le seul à tirer un bénéfice pour le moins immérité.

Le grand mouvement d’union nationale vécu dimanche ne doit pas seulement être un hommage aux victimes, ni une célébration platonique de la liberté d’expression. Une société mesure les intérêts des groupes et des individus qui la composent. Les mécanismes économiques, politiques, juridiques qui la règlent tendent, tant bien que mal, à atteindre un intérêt général qui ne soit pas pas bâti par trop au détriment de certains de ses membres. Mais, il est bon que ce train-train souvent chaotique soit transcendé par de grands moments où la société redevient une communauté portée par une ferveur collective, par un élan vers le Bien Commun. Ainsi en est-il de la réaction affective puissante qui rassemble le peuple contre le crime. Les Belges avaient connu cela lors de l’affaire Dutroux et de l’horreur provoquée par la mort des petites Julie et Mélissa. Une gigantesque « marche blanche » s’était déroulée à Bruxelles le 20 Octobre 1996, pendant laquelle, ce pays artificiel qu’est la Belgique, cette union provisoire d’intérêts prête à toutes les évolutions sociétales les plus dissolvantes, était redevenue une communauté nationale. La France ne doit pas laisser retomber la vague. Elle ne doit surtout pas accepter de la voir se réduire à un clapotis favorable à un gouvernement, à une oligarchie lourdement responsables de la situation du pays.

Les Français doivent prendre conscience que leur pays est en guerre, comme les Américains l’avaient compris au lendemain du 11 Septembre. La priorité consiste à désigner clairement l’ennemi. Lors des attentats de Madrid, le 11 Mars 2004, le gouvernement de droite espagnol avait d’abord accusé l’ETA, afin de masquer le lien entre la présence militaire en Afghanistan et en Irak et les 200 victimes de l’action terroriste. Cette manoeuvre lui avait perdre les élections, et le gouvernement socialiste, avec une grande lâcheté, s’était empressé de retirer ses troupes d’Irak, encourageant ainsi le terrorisme. L’attaque américaine contre l’Irak était, d’ailleurs aussi, une erreur de cible, un amalgame volontaire entre l’islamisme responsable de l’attentat de New-York et le nationalisme arabe des baasistes de Bagdad. De la même façon, les gouvernements socialistes français ont entretenu sciemment la confusion. Lors des attentats des années 1980, rue Copernic puis rue Marbeuf, le présumé coupable était, selon lui, l’extrême-droite. Il s’agissait en fait de groupes liés au nationalisme arabe, soutenus par l’URSS, et farouchement antisionistes. Carlos était mêlé au second. La France a obtenu l’extradition du Canada d’Hassan Diab, l’un des auteurs présumés du premier. Aujourd’hui, il est clair que l’ennemi n’est pas l’extrémisme ou le fondamentalisme en général. C’est l’islamisme radical et les réseaux qui le répandent : Al Qaïda, l’Etat islamique, Boko Haram etc… La guerre civile déclenchée et soutenue contre Bachar Al Assad en Syrie, et le régime baasiste de Damas, se trompe de cible avec 20 ans de retard.

Dans une guerre, il faut aussi savoir choisir ses alliés et définir clairement les conditions de l’alliance. La Turquie et certains pays du Golfe, le Qatar en particulier, concourent de manière au moins indirecte à la propagation du djihadisme. La frontière syro-turque est une passoire en faveur des opposants au régime syrien. La coopération entre la France et la Turquie en matière policière laisse à désirer, comme on l’a vu récemment avec la compagne et complice de Coulibaly qui a pu rejoindre les rebelles syriens sans difficulté. Les Etats-Unis ont une politique confuse et timorée qui cache un machiavélisme égoïste sous le manteau de l’humanisme. Il est temps de le dire. Quant aux Européens, leur présence et leur détermination dans cette lutte sont pour le moins insuffisantes. On préférerait aux embrassades de Mme Merkel, une action de la puissante Allemagne à nos côtés.

Dans une guerre, il faut encore définir et rassembler des moyens. Entre Carlos et les frères Kouachi, entre le terrorisme des années 1980 et celui d’aujourd’hui, il n’y a pas qu’un changement idéologique, mais une mutation radicale. Au lieu d’une utilisation du nationalisme arabe et du conflit entre Israéliens et Palestiniens dans le cadre de la guerre froide, on fait face à une multiplication des sources et des réseaux qui font la guerre à l’Occident, en recrutant dans le vivier de l’immigration musulmane et des convertis. Plus nombreux, plus disséminés, plus imprévisibles ces nouveaux terroristes posent deux énormes problèmes à nos démocraties : d’abord, celui, quantitatif, des moyens, en hommes, notamment pour protéger le territoire et la population ; ensuite, celui, qualitatif, de l’équilibre entre la sécurité et la liberté, pour la circulation des personnes, pour leurs communications et pour l’expression de leurs idées. On voit dans la profusion des propositions récentes combien ce chantier est considérable et entièrement miné. Le rassemblement du 11 Janvier après les opérations réussies de la gendarmerie et de la police était une mobilisation au sens fort du terme pour une guerre qui ne fait que commencer.

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29 Comments

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  • Enoch , 15 janvier 2015 @ 13 h 19 min

    Je m’inscris en faux contre ce titre. Nous ne sommes pas en guerre contre le terrorisme mais contre une idéologie religieuse : l’islamisme.

    L’islamisme version extrémiste d’une croyance : l’islam.

    Le problème des croyances c’est qu’elles font appel à des notions d’interprétation qui ne sont pas rationalisable. Qui peut mesurer la valeur de la foi ? Qui peut prétendre que l’un est moins croyant que l’autre ?

    Qui va pouvoir se permettre de décréter qui est un bon croyant d’un mauvais croyant ? Les athées ? Les croyants d’une autre croyance ?

    Encore une fois dans ce débat on se ment. Nous avons une déclaration de guerre d’une masse phénoménale de guerrier potentiel : les musulmans.

    Alors on peut les dénommer qu’on veut, le résultat sera le même, il faudra choisir son camp entre 2 masses belliqueuses.

    Mais surtout en allant plus loin, on a une masse qui se réclame d’une civilisation (islamique), alors que l’autre tergiverse toujours dans la définition de son identité. Pourtant, il faudra bien, plutôt tord que tard, que ce second groupe prenne conscience qu’il est engage dans une guerre de civilisation.

    Pire nous vivons la première guerre sous l’ère du globalisme. Une guerre du tous contre tous, ou les nations ayant été démantelé, on se retrouve avec un ennemi polymorphe qui va crier à la stigmatisation.

    Finalement, les européens jouent leur survie. Ou ils se réveillent et combattent, ou ils seront soumis et leur civilisation sortira de l’histoire.

    Vu les forces en présence (en autre la population mondiale) la tectonique des civilisations détruira à un niveau encore jamais vu.

    A la sortie de cette confrontation, le monde aura radicalement change. Et si nous sommes encore une entité, il est certain que notre domination sur le monde sera définitivement terminée.

  • HIBISCUS , 15 janvier 2015 @ 14 h 12 min

    Bravo Monsieur Aimeric Chauprade, et merci à Goupille.

  • V_Parlier , 15 janvier 2015 @ 22 h 08 min

    Non non non, si çà s’était arrêté après De gaulle çà ne serait rien du tout! Le phénomène a été ensuite exponentiel !

  • V_Parlier , 15 janvier 2015 @ 22 h 15 min

    Le problème c’est que nous nous détruisons aussi nous mêmes (et détruisons par la même occasion ceux qui nous ressemblent dans d’autres pays, éventuellement multiconfessionnels).
    Ca me fait penser aux récits bibliques où les villes qui sombrent dans les pires péchés finissent par être détruites par plus barabares encore. J’espère que ce n’est qu’une impression…

  • kanjo , 16 janvier 2015 @ 2 h 49 min

    c’est de Abu Bakr Naji

  • Parole , 16 janvier 2015 @ 15 h 45 min

    Scandale !!! Je dénonce ce livre , du poison…….
    ce livre fait l’apologie du djihad

    Sur le net en vente libre, qu’attendent les politiques pour censurer cet horreur ????

    Ouvrages – Islam – Gestion de la Barbarie

    L’étape par laquelle l’islam devra passer pour restaurer le califat
    ABU BAKR Naji

    Sous le titre Études stratégiques, les théoriciens du djihad communiquent leurs consignes terroristes aux islamistes du monde entier.
    Publiés en Orient en arabe, ces textes ne sont pas connus du public et n’attirent pas l’attention des dirigeants occidentaux.

    Au premier rang des stratèges islamistes, Abu Bakr Naji, recherché par toutes les polices, diffuse le traité de la Gestion de la barbarie, sous-titré « L’étape par laquelle l’islam devra passer pour restaurer le califat ».
    Abu Bakr Naji détaille, exemples à l’appui, les instructions à suivre pour démoraliser et détruire l’Occident.

    Ce document hallucinant, Mein Kampf des islamistes, donne un sens aux informations de la presse. Il faut le lire et le faire connaître, pour qu’il ne soit pas dit : « Nous ne savions pas ! »

    Préface de Jacques Heers

  • Coopain des bois , 1 février 2015 @ 15 h 53 min

    « La façon la plus simple pour prendre le contrôle d’une population est de commettre des actes de terreur. [Le public] criera pour de telles lois si sa sécurité est menacée. »
    – Joseph Staline
    « Le terrorisme est la meilleure arme politique car rien ne motive davantage les gens que la peur d’une mort subite. »
    – Adolph Hitler

    La guerre contre le terrorisme est la guerre idéale pour les grandes puissances guerrières de notre planète. C’est la couverture idéale pour toutes les opérations sous faux drapeaux, autorisant les ingérences meurtrières dans tous les pays de la planète ( Afghanistan, Irak, Libye, Syrie, etc …), l’ennemi n’a pas de visage, et donc falsifiable à volonté, son image fabriquée de cruauté sanguinaire justiifie tous les moyens, même les pires. Cette guerre n’aura jamais de fin puisque aucune victoire n’est envisageable.

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