Le chercheur en finance Philippe Herlin (site) révèle au grand public le mécanisme de la “réévaluation de la dette propre” dont usent et abusent les banques européennes et américaines. Il prend l’exemple d’un établissement qui émet sur le marché des obligations pour une valeur totale de 100, empoche 100, paye des intérêts tous les ans et rembourse 100 à l’échéance. Les obligations étant cotées sur le marché, leur valeur baisse lorsque la confiance des investisseurs diminue (et par conséquent que l’offre d’obligations est supérieure à la demande). “Là commence la stupéfiante entourloupe : la banque a donc émis, et empoché, 100. L’obligation ne vaut plus que 60, elle la rachète à ce prix, et réalise donc un bénéfice net de 40. C’est magique !” écrit Philippe Herlin sur Atlantico. Sauf qu’aujourd’hui, “la banque n’a même pas les moyens de sortir 60 en cash pour racheter sa dette. Pas grave, elle fait ‘comme si’ et inscrit 40 en recettes dans son compte de résultat !” continue-t-il. “C’est comme si la Grèce, constatant que sa dette de 350 milliards d’euros ne cote plus que la moitié sur les marchés, décidait d’inscrire 175 milliards de recettes à son budget” !
Collusion. Herlin résume la situation : “avec ce mécanisme, plus la situation de la banque se détériore, plus elle peut augmenter ses recettes avec de l’argent virtuel”. Bref, “plus tu perds, plus tu gagnes !” Une “manipulation” avalisée par les “normes comptables internationales”, résultat d’une “collusion entre le big business, les normes étatiques et l’ingénierie financière”. Et Philippe Herlin d’estimer la perte nette de BNP Paribas à 245 millions d’euros pour le 3e trimestre 2011. Le groupe bancaire français a annoncé le 3 novembre dernier 541 millions d’euros de bénéfices nets (-71% sur un an)…
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