Eduquer ou formater ?

Madame Taubira soulignait au cours du débat sur le mariage pour tous les « profondes divergences sur nos conceptions de la société » : « Dans nos valeurs, a-t-elle affirmé, l’éducation vise à arracher les enfants aux déterminismes sociaux et religieux et d’en faire des citoyens libres » De son côté Vincent Peillon n’a eu de cesse de présenter son projet pour redonner du sens à l’éducation nationale. Un sens que semble reprendre l’actuel ministre, Najat Vallaud-Belkacem. La question du sens de l’éducation se pose donc avec une réelle acuité qui rejoint, du reste, la problématique du mariage pour tous, Madame Taubira l’a bien souligné.

Quel est au fond le sens de l’éducation ? La question rejoindrait-elle la signification d’éduquer ? Pas tout à fait. Si éduquer est une action, l’éducation est un contenu. Mais un contenu qui est transmis par l’action d’éduquer. Alors que signifie éduquer ? Étymologiquement c’est conduire au dehors, educere en latin qui a donné educare que l’on traduit par former, instruire. Il y a donc, dans éduquer, l’idée de faire sortir. Mais faire sortir quoi et d’où ? La traduction de educare nous aide à comprendre un peu plus, puisqu’il s’agit de former. Éduquer est donc former quelqu’un en travaillant sur lui-même. Ainsi éduquer c’est transformer une personne, la faire passer d’un état disons brut à un état formé. Mais il est intéressant de noter qu’il n’est pas question de transformer en faisant entrer quelque chose dans cette personne, mais en en faisant sortir quelque chose. Ce n’est pas pour rien que Socrate, le meilleur des pédagogues, utilisait la maïeutique, cette science de l’accouchement, avec ses disciples. Éduquer c’est donc conduire une personne à tirer du fond d’elle-même un être nouveau. Éduquer n’est pas une rupture entre une personne non formée et un nouvel être formé. C’est au contraire une continuité qui fait grandir l’être. En d’autres termes éduquer n’est pas formater une personne, mais la faire grandir. Ce n’est pas imposer un savoir ou une opinion, mais c’est donner à celui que l’on éduque les moyens de grandir.

L’éducation est ainsi l’ensemble des moyens mis à disposition pour éduquer, pour faire grandir. La question qu’il convient alors de se poser est donc, l’éducation qui est donnée aux enfants les fait-elle grandir ? Dit autrement, l’éducation est-elle juste ? Deux remarques préalables s’imposent donc. Que veut dire grandir pour l’enfant d’une part et d’autre part, chaque enfant étant unique, ses besoins le sont aussi. L’éducation est donc un composé de ce qui est bon pour l’Homme en général, ce qui convient au développement de tout être humain et de ce qui, sur cette base commune, est nécessaire en particulier pour telle personne unique. (Voir à ce sujet l’Homme ?)

Voilà donc le sens de l’éducation, faire grandir chaque personne. Cela suppose donc de savoir ce qui est nécessaire au développement intégral de la personne humaine. Redonner du sens à l’éducation c’est avant tout retrouver le sens de l’Homme. Ce n’est qu’alors que nous pourrons adapter l’éducation et lui donner le sens juste qui est le sien, faire des enfants, de chaque enfant, des hommes et des femmes libres et responsables.

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12 Comments

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  • 0 / 10
  • frannot , 14 octobre 2014 @ 9 h 57 min

    Oui… je plaide depuis longtps pour le retour au ministrère de l'”Instruction Publique”… vous savez à l’époque où les enfants munis du “Certif” savaient lire courammant en comprenant ce qu’ils lisaient, écrire sans faute, compter, et connaissaient l’histoire et la géographie de la France – leur pays / patrie !

  • la sainte lance , 14 octobre 2014 @ 17 h 02 min

    vive la méthode Montessori où l’enfant s’approprie (à son rythme) l’enseignement qui lui est donné.

  • eric-p , 16 octobre 2014 @ 11 h 54 min

    Le certificat d’études n’est-il pas un mythe ?
    Vous prétendez que les personnes qui disposaiernt du certificat
    d’études savaient toutes lire et écrire ?
    Ce n’est pas le cas malheureusement.

    Les personnes à qui on faisait passer le certificat d’études bénéficiaient d’une durée limitée de l’enseignement de l’orthographe,
    grammaire, syntaxe. De plus, ils étaient RAREMENT propriétaires de leurs livres car jugés “trop chers”.

    La situation a-t-elle changé aujourd’hui ?
    Absolument pas !

    1-On propose la soi disant gratuité des livres aux enfants par pure démagogie…et les élèves sont tenus de rendre le livre en fin d’année scolaire.

    2-Les méthodes d’enseignement du français (les soi-disant “méthodes pédagogiques” censées faciliter l’apprentissage du français ) changent d’une année sur l’autre.
    Quel confiance l’élève peut-il accorder à des enseignants qui
    instrumentalisent leurs élèves sur une idéologie arbitraire ?

    Vous devinez la conséquence: La plupart du temps, l’élève considère le français comme “un mal à passer” et se dépêche
    de jeter des notes qui n’ont fait que le tourmenter pendant de nombreuses années.

    Après tout, c’est peut-être le but recherché , non ?

    La France a toujours besoin de personnes pour faire des tâches subalternes dont les personnes instruites ne veulent surtout pas s’occuper !

    Tout est donc fait pour inciter les enfants dans la voie de l’échec scolaire…

    Voilà pour le cynisme du système politique qui se défendra évidemment en se défaussant sur les syndicats…voire les parents
    (qu’on incite d’ailleurs à se séparer pour mieux récupérer leur progéniture).

    Ce système politique est d’une perversité redoutable.
    Méfiez-vous !

  • frannot , 16 octobre 2014 @ 12 h 40 min

    “Vous prétendez que les personnes qui disposaiernt du certificat
    d’études savaient toutes lire et écrire ?
    Ce n’est pas le cas malheureusement.”

    – SI ! mais tout le monde n’allait pas jusque là !

  • Laurent34 , 16 octobre 2014 @ 17 h 19 min

    Et les soumettre à une religion sans leur demander leur avis, ce n’est pas les formater et les endocriner ? Lorsque l’on parle d’homosexualité et de genre aux enfants on crie au scandale, prétextant qu’il ne sont pas assez mature pour avoir leur propres avis et pour pouvoir se positionner sur la question. Par contre lorsqu’on les soumet à une religion (catholique par exemple), on ne cherche pas à savoir s’ils sont assez grands pour avoir leur propres avis sur la question …

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