Le 15 août, l’Église catholique romaine célèbre l’Assomption, la montée céleste de Marie, mère du Christ (en Orient, on parle de “Dormition”, pour évoquer le repos tout particulier accordé à la Vierge). En France, depuis Louis XIII, la tradition est de vivre cette fête comme un moment de ferveur et d’unité nationales.
Cette année, les évêques catholiques ont préparé un texte unique pour la prière universelle, qui sera dite dans toutes les églises. Or, cette décision a soulevé un tonnerre de protestation de la part du Parti radical de gauche (figurant de la scène politique, visiblement nostalgique de l’anticléricalisme de papy), et des chiens de garde du lobby gay, soient l’Inter-LGBT et David et Jonathan, une association homosexuelle qui se présente comme chrétienne.
Motif ? La prière remettrait en cause la “laïcité” (pour les premiers) et serait insultante pour les personnes homosexuelles (pour les seconds). En effet, le texte comporte une allusion au mariage et à l’adoption “gays”, et prie le Ciel pour les élus, “que leur sens du bien commun de la société l’emporte sur les requêtes particulières et qu’ils aient la force de suivre les indications de leur conscience”, ainsi que pour les enfants, “qu’ils cessent d’être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère”.
L’ancienne secrétaire d’État à la Famille de Nicolas Sarkozy, Nadine Morano a vivement réagi : “Je fais partie de ceux qui, dans ma famille politique, ont une vision beaucoup plus moderne et réaliste de la société”. Se déclarant catholique, elle ajoute: “L’Église est dans son rôle lorsqu’elle défend des valeurs et notamment celle du mariage”, mais “la Vierge Marie à laquelle je suis très attachée ne rejette aucun de ses enfants. (…) Je ne m’attacherai pas à cette consigne à titre personnel”.
Clarifions.
1) L’accusation de violation de la laïcité est grotesque, et même très inquiétante venant de la part d’individus qui souhaitent défendre la loi de 1905. Ce dispositif juridique assure en effet la liberté de culte, et protège les religions des abus de l’État. Si les prières de l’Église devaient être contrôlées, le principe de laïcité en serait menacé.
2) L’association David et Jonathan (du soit-disant amour homosexuel entre ces deux personnages bibliques) et Nadine Morano se présentent comme chrétiennes, mais leur point de vue contredit les Écritures chrétiennes, la doctrine des Églises, ainsi que le pape et les évêques, pour notre ex-ministre catholique. C’est pécher par incohérence.
Comme l’a si bien résumé le journaliste catholique Patrice de Plunkett (auteur de cet excellent blog), dans Spectacle du Monde, en juillet 2008 :
“Se dire chrétien en pensant autrement que le christianisme, c’est absurde ? C’est un droit aujourd’hui.”
3) L’Église catholique est régulièrement prise pour cible pour son “homophobie”. En réalité, et alors même que sa doctrine commande très officiellement le rejet de toute attitude insultante envers les personnes homosexuelles, elle paye le prix de sa défense inchangée du mariage comme union d’un homme et d’une femme. Le public LGBT fait face à un malentendu savamment cultivé, qui leur présente une institution religieuse comme étant hostile, alors qu’elle est ouverte à l’accueil et au dialogue.
Une des victimes de cette situation est l’actuel archevêque de Lyon, le Cardinal Philippe Barbarin. En janvier 2009, il se rendit à la rencontre d’une manifestation d’activistes gays organisant une “folle messe” devant la basilique Notre-Dame de Fourvière. S’ensuivit un authentique échange à l’archevêché. Alors que le prélat souhaite poursuivre ce contact, les organisations militantes LGBT et leurs alliés médiatiques ne cessent de le présenter comme un homophobe patenté.
Pour ces lobbies, le dialogue ne va que dans un sens, le leur.
> Pierre J. anime le blog Égalité des droits.
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