Provocateur par tempérament, grande gueule, Jean-Marie Le Pen est devenu, en vieillissant, une caricature de lui-même. Continuellement dans l’hyperbole, incapable de contrôler son intelligence du bon mot, ne sachant pas tourner trois fois sa langue dans sa bouche avant de l’ouvrir, il renvoie l’image d’un politicien irrémédiablement incontrôlable. Attirant encore un public avide de spontanéité, dégoûté par la langue de bois en vigueur dans les hautes sphères du pouvoir, Jean-Marie Le Pen croit obstinément avoir trouvé le bon créneau. Et en se complaisant dans le rôle du diablotin qu’on lui fait jouer, il en rajoute toujours une couche en bondissant au moment où on l’attend le moins.
Au fil des années, comme un vieil acteur qui ne veut pas quitter la scène alors que l’heure est passée, n’étant même plus le metteur en scène du mouvement qu’il avait créé à sa mesure, il s’accroche encore plus à ses gloires passées et à ses fantasmes, sans se rendre compte que le vent a tourné. Devenu maladroit, acculé et prêt à tout pour exister, il est capable du pire : contraindre le Front National – sa création, sa chose – à rester un parti d’opposition, et même peut-être, obliger sa fille, Marine, à démissionner (au profit de sa petite-fille, Marion ?) et surtout à ne jamais devenir Présidente de la République. La vengeance est tenace chez les Le Pen !
Jean-Marie Le Pen avait fait de la vraie politique à ses débuts et plutôt bien. Et il avait ouvert des pistes intéressantes sur des sujets considérés comme tabous par une classe politique hors-sol, déconnectée des réalités du pays. Mais il s’est laissé assez vite emporté dans l’outrance verbale ; par nature, ou parce qu’il trouva aussitôt un public qui en redemandait ? Dommage que sa perspicacité ne lui ait pas permis de voir l’impasse qui s’ouvrait devant lui. Car c’est bien dans un hasardeux cul-de-sac que son public l’a amené.
A contrario, Marine Le Pen, pratiquant réellement et magistralement la politique, avec sang-froid et passant sur des considérations sentimentales, n’a pas eu d’autres choix que d’écarter son père devenu un clown de la politique, un clown… Triste !
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