Entretien avec , chargé de mission à la tête de la fédération FN du Maine et Loire :
Le Front national sort d’un séminaire interne. Il semble que la ligne « Philippot » s’impose à votre mouvement. Qu’en pensez vous ?
Nous n’avons pas dû avoir les mêmes informations. Il y a eu des discussions franches et libres. Certains points ont pu être affirmés comme la défense de la souveraineté – mais nous sommes tous d’accord là-dessus. Pour le reste, le Front National n’est pas un mouvement monobloc dans lequel un politburo dicterait ce qu’il faut penser de tout. Ce qui nous rassemble c’est la volonté de préserver notre souveraineté.
Vous venez des milieux catholiques engagés en politique à la faveur de la Manif pour tous. Vous avez même affirmé que le combat contre la loi Taubira était l’une des raisons de votre engagement auprès de Marine Le Pen, vous qui militiez auparavant au RPF de Charles Pasqua et Philippe de Villiers. Comment réagissez vous aux déclarations laïcistes ou néo-jacobines de certains cadres du FN ?
Concernant la défense de la famille, je note surtout que le FN est le seul parti à affirmer qu’il abrogera la loi Taubira, et je pense que les reniements sur le sujets de bon nombre de ténors républicains, pourtant mis en avant lors des Manif pour tous, devraient faire réfléchir nos amis restés aux LR.
S’agissant du laïcisme, je crois qu’il faut distinguer deux choses: la laïcité, saine distinction entre spirituel et temporel, concerne l’État, mais la société n’a pas à être laïque. Comme le disait De Gaulle : “La République est laïque, mais la France est chrétienne.” Dans la société, ce qui doit primer, c’est la liberté, notamment la liberté d’expression. L’Etat doit rester dans sa sphère et n’a pas à s’immiscer dans la conscience des citoyens. La religion a toute sa place dans notre société.
Mais sur l’union des droites que vous défendez également, ne vous opposez-vous pas à la ligne actuelle du FN ?
Les notions de droite et gauche n’ont plus vraiment de sens aujourd’hui. Je pense que le débat se situe entre mondialistes et souverainistes, atlantistes et partisans d’un monde multipolaire composé de peuples libres et divers. Personnellement, je retrouve dans le Front National les thèmes défendus par Charles Pasqua; j’y retrouve aussi la vision gaullienne qui me tient à cœur. Je me situe clairement dans le camp des souverainistes. Tous les souverainistes doivent s’unir dans le combat de la dernière chance.
Il est sûr, qu’à titre personnel, je me sens clairement plus proche d’un Philippe de Villiers ou d’un Thierry Mariani que d’un Jean-Pierre Chevènement, mais je remarque que les jeunes ne s’embarrassent pas de ces détails: le syndicat étudiant La Cocarde, présidée par Maxime Duvauchelle est en ce sens une très belle initiative. Il entend intégrer, sans les fondre, les différents courants du souverainisme.
L’important est de ne pas vouloir être hégémonique. Dans un combat politique, nous pouvons avoir des alliés qui ne soient pas des vassaux et qu’il faut respecter.
En France, une élection présidentielle ou législative se gagne, on peut le regretter, à deux tours. Nous avons un réservoir de vote énorme à droite; il faut pouvoir dialoguer avec cette droite de conviction qui n’ose pas encore franchir le pas de voter pour nous.
Il faut en avoir conscience. Nos ennemis jouent de nos divisions et de nos égos.
M. Taugourdeau, nouveau président de la fédération des Républicains du Maine et Loire, a déclaré dans Angers Mag qu’il était plus proche de l’UDI que du FN qui avait un programme économique d’extrême gauche ? En tant que Chargée de Mission du FN de Maine et Loire, comment réagissez vous ?
Si M. Taugourdeau se sent proche de l’UDI, je n’ai pas grand-chose de commun avec lui. Mais je ne suis pas sûre que tous ses cadres pensent comme lui… En tout cas, je ne me sens absolument pas concernée par la prétendue vision d’extrême gauche dont parle M. Taugourdeau. J’ai passé un DESS de finance, j’ai été cadre bancaire et j’ai assuré la gestion de plusieurs PME. Je travaille toujours comme directrice financière. Je crois pouvoir dire que je suis bien plus dans l’économie réelle que bon nombre de parlementaires LR !
La vérité, c’est que les Républicains se sont partagés le pouvoir avec les socialistes depuis 40 ans et que leur politique a conduit le pays au désastre économique que nous connaissons. Désindustrialisation, chômage énorme, fuite de nos jeunes diplômés et de nos entrepreneurs vers des contrées plus clémentes. Et ces gens-là veulent nous donner des leçons d’économie ? On reconnaît l’arbre à ses fruits, dit l’Evangile ; je constate que le fruit de la gestion LRPS n’est pas comestible ! Alors, pour se défendre, ils caricaturent notre programme. Nous serions d’extrême gauche quand nous pronons 40 années de cotisation pour toucher la retraite ? Mais cela n’est pas incompatible avec le droit de travailler au-delà.
Nous souhaitons défendre les PME et les TPE qui créent de l’emploi et innovent dans ce pays.
Pour cela il est souhaitable de baisser les charges des entreprises et d’arrêter les aides inutiles et coûteuses qui ne profitent trop souvent qu’aux multinationales. Il faut rapidement revenir sur les 35 heures et simplifier le code du travail en redonnant une sécurité à l’employeur en cas de nécessité de licenciement. Il faut également défiscaliser les bénéfices des PME qui sont réinvestis. Le bénéfice ne devrait être taxé que s’il est sorti de l’entreprise. Cela permettrait d’augmenter rapidement la trésorerie et le fond de roulement de nos entreprises.
Il s’agit de mesures de bon sens, simples mais efficaces. Mais, pour pouvoir les mettre en œuvre, il faut une réelle volonté politique. Tout cela n’est pas incompatible, bien au contraire, avec un Etat stratège, comme à l’époque du général de Gaulle.
24 Comments
Comments are closed.