Barbara Mazières (FN) : “Nous souhaitons défendre les PME et les TPE qui créent de l’emploi et innovent dans ce pays”

Entretien avec , chargé de mission à la tête de la fédération FN du Maine et Loire :

Le Front national sort d’un séminaire interne. Il semble que la ligne « Philippot » s’impose à votre mouvement. Qu’en pensez vous ?

Nous n’avons pas dû avoir les mêmes informations. Il y a eu des discussions franches et libres. Certains points ont pu être affirmés comme la défense de la souveraineté – mais nous sommes tous d’accord là-dessus. Pour le reste, le Front National n’est pas un mouvement monobloc dans lequel un politburo dicterait ce qu’il faut penser de tout. Ce qui nous rassemble c’est la volonté de préserver notre souveraineté.

Vous venez des milieux catholiques engagés en politique à la faveur de la Manif pour tous. Vous avez même affirmé que le combat contre la loi Taubira était l’une des raisons de votre engagement auprès de Marine Le Pen, vous qui militiez auparavant au RPF de Charles Pasqua et Philippe de Villiers. Comment réagissez vous aux déclarations laïcistes ou néo-jacobines de certains cadres du FN ?

Concernant la défense de la famille, je note surtout que le FN est le seul parti à affirmer qu’il abrogera la loi Taubira, et je pense que les reniements sur le sujets de bon nombre de ténors républicains, pourtant mis en avant lors des Manif pour tous, devraient faire réfléchir nos amis restés aux LR.

S’agissant du laïcisme, je crois qu’il faut distinguer deux choses: la laïcité, saine distinction entre spirituel et temporel, concerne l’État, mais la société n’a pas à être laïque. Comme le disait De Gaulle : “La République est laïque, mais la France est chrétienne.” Dans la société, ce qui doit primer, c’est la liberté, notamment la liberté d’expression. L’Etat doit rester dans sa sphère et n’a pas à s’immiscer dans la conscience des citoyens. La religion a toute sa place dans notre société.

Mais sur l’union des droites que vous défendez également, ne vous opposez-vous pas à la ligne actuelle du FN ?

Les notions de droite et gauche n’ont plus vraiment de sens aujourd’hui. Je pense que le débat se situe entre mondialistes et souverainistes, atlantistes et partisans d’un monde multipolaire composé de peuples libres et divers. Personnellement, je retrouve dans le Front National les thèmes défendus par Charles Pasqua; j’y retrouve aussi la vision gaullienne qui me tient à cœur. Je me situe clairement dans le camp des souverainistes. Tous les souverainistes doivent s’unir dans le combat de la dernière chance.

Il est sûr, qu’à titre personnel, je me sens clairement plus proche d’un Philippe de Villiers ou d’un Thierry Mariani que d’un Jean-Pierre Chevènement, mais je remarque que les jeunes ne s’embarrassent pas de ces détails: le syndicat étudiant La Cocarde, présidée par Maxime Duvauchelle est en ce sens une très belle initiative. Il entend intégrer, sans les fondre, les différents courants du souverainisme.

L’important est de ne pas vouloir être hégémonique. Dans un combat politique, nous pouvons avoir des alliés qui ne soient pas des vassaux et qu’il faut respecter.

En France, une élection présidentielle ou législative se gagne, on peut le regretter, à deux tours. Nous avons un réservoir de vote énorme à droite; il faut pouvoir dialoguer avec cette droite de conviction qui n’ose pas encore franchir le pas de voter pour nous.

Il faut en avoir conscience. Nos ennemis jouent de nos divisions et de nos égos.

M. Taugourdeau, nouveau président de la fédération des Républicains du Maine et Loire, a déclaré dans Angers Mag qu’il était plus proche de l’UDI que du FN qui avait un programme économique d’extrême gauche ? En tant que Chargée de Mission du FN de Maine et Loire, comment réagissez vous ?

Si M. Taugourdeau se sent proche de l’UDI, je n’ai pas grand-chose de commun avec lui. Mais je ne suis pas sûre que tous ses cadres pensent comme lui… En tout cas, je ne me sens absolument pas concernée par la prétendue vision d’extrême gauche dont parle M. Taugourdeau. J’ai passé un DESS de finance, j’ai été cadre bancaire et j’ai assuré la gestion de plusieurs PME. Je travaille toujours comme directrice financière. Je crois pouvoir dire que je suis bien plus dans l’économie réelle que bon nombre de parlementaires LR !

La vérité, c’est que les Républicains se sont partagés le pouvoir avec les socialistes depuis 40 ans et que leur politique a conduit le pays au désastre économique que nous connaissons. Désindustrialisation, chômage énorme, fuite de nos jeunes diplômés et de nos entrepreneurs vers des contrées plus clémentes. Et ces gens-là veulent nous donner des leçons d’économie ? On reconnaît l’arbre à ses fruits, dit l’Evangile ; je constate que le fruit de la gestion LRPS n’est pas comestible ! Alors, pour se défendre, ils caricaturent notre programme. Nous serions d’extrême gauche quand nous pronons 40 années de cotisation pour toucher la retraite ? Mais cela n’est pas incompatible avec le droit de travailler au-delà.

Nous souhaitons défendre les PME et les TPE qui créent de l’emploi et innovent dans ce pays.

Pour cela il est souhaitable de baisser les charges des entreprises et d’arrêter les aides inutiles et coûteuses qui ne profitent trop souvent qu’aux multinationales. Il faut rapidement revenir sur les 35 heures et simplifier le code du travail en redonnant une sécurité à l’employeur en cas de nécessité de licenciement. Il faut également défiscaliser les bénéfices des PME qui sont réinvestis. Le bénéfice ne devrait être taxé que s’il est sorti de l’entreprise. Cela permettrait d’augmenter rapidement la trésorerie et le fond de roulement de nos entreprises.

Il s’agit de mesures de bon sens, simples mais efficaces. Mais, pour pouvoir les mettre en œuvre, il faut une réelle volonté politique. Tout cela n’est pas incompatible, bien au contraire, avec un Etat stratège, comme à l’époque du général de Gaulle.

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24 Comments

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  • trividic , 14 février 2016 @ 8 h 06 min

    Philipot n’est pas de gauche cher monsieur ! Il faut s’informer plus avant !

  • trividic , 14 février 2016 @ 8 h 07 min

    Je partage votre point de vue et le nouveau FN est remarquable

  • trividic , 14 février 2016 @ 8 h 09 min

    Marion Présidente ? Diantre mais non la petite n’a aucune notion d’économie ! Qu’elle retourne à l’école.

    Quant à Philippot il est performant !

  • domremy , 14 février 2016 @ 9 h 31 min

    je ne comprends pas certaine réactions, qui font tout pour détruire le FN, en accords avec L UMPS
    le FN il me semble est actuellement le seul parti BIEN FRANCAIS,
    et PHILIPOT est peut être un peu de gauche, mais version CHEVENEMENT, il en faut pour déféndre les ouvriers ,les sans dents, face a à la droite trop finance

  • tournesol , 14 février 2016 @ 10 h 42 min

    Quand on lit ces déclarations, on ne peut regretter d’avoir adhéré au FN , le seul parti de l’espérance de voir une France éternelle.

  • ARNAUDIES , 14 février 2016 @ 10 h 55 min

    Puisque Barbara Mazières est issue des cadres bancaires, je me permets de lui poser quelques questions, qui me paraissent plus urgentes que des projets d’avenir dont on sait dans quel état on les retrouve quand ils finissent par sortir des cartons.

    L’usure, la hideuse usure, sévit encore dans notre pays à un point que personne ne semble imaginer. Elle est illégale, et pourtant elle se pratique à grande échelle. Un état des lieux estimatif fondé sur les données officielles de l’endettement des français prouve que cette usure vole aux français, chaque années, plusieurs milliards d’euros, à comparer avec les mesquineries du gouvernement par exemple sur la demi-part des veuves, qui ne rapportent que quelques malheureux millions d’euros par an.

    Les organismes de crédit trouvent toujours des moyens pour contourner la loi, et pourtant personne ne proteste, personne ne dit rien.

    La loi est claire : le délit d’usure est consommé quand le TEG maximum permis par la loi pour chaque type de crédit est dépassé. Ce délit est puni par le Code Pénal de 45000 euros d’amende pénale, de deux ans de prison ferme et de privation temporaire ou définitive du droit d’exercer une profession financière, sans compter les indemnisations dues aux victimes : déchéance des intérêts pour le prêteur et dans certains cas, d’une partie ou de la totalité du capital prêté. Mais rien de tout cela n’es jamais appliqué. La cause ? l’IGNORANCE ABYSSALE DES FRANCAIS SUR LES MECANISMES DU SYSTEME DE LA COMPOSITION DES INTERETS. Ah certes, il faut un mimimum de mathématiques pour s’y plonger, mais quand on embrasse une carrière de cadre de banque, n’est-ce pas la moindre des choses de s’y plonger pour de bon ?

    Voici une question simple à laquelle même pas un français sur 1000 saurait répondre :

    ” je vous emprunte dix mille euros sur un an à 10 % annuels d’intérêts, remboursables en totalité à terme échu. Je fais un héritage qui me permet de tout rembourser par anticipation au bout exactement de six mois. Combien vous dois-je ?”

    les réponses les plus intelligentes disent ”je vous dois 10500 euros”. Mais c’est faux, et il est aisé de comprendre pourquoi c’est faux. La réponse correcte est 10488,09 euros à 10 ^(-5) euros près. Normalement, un élève de Lycée de niveau S devrait pouvoir répondre cela en moins de deux ! pourtant, pas un n’y parviendra, je dis bien, pas un ! alors comment peut-on prétendre sauver la France des dégâts de la finance (causés en grande partie par l’usure) quand on n’est même pas capable de comprendre cela ? digression : une banque ne vous réclamera pas 10488,09 euros, elle vous réclamera en plus des ”frais pour remboursement anticipé” scandaleux qui s’ajouteront aux intérêts légitimes, ce qui lui procurera un profit USURAIRE disproprtionné avec les sommes en jeu. Fin de la digression

    Heureusement que M. Sarkozy a porté la prescription pour dettes de trente à cinq ans, car si un audit avait été commandité pour tous les profits financiers usuraires depuis trente ans, ce sont des dizaines de milliards d’euros de profits usuraires que les ”grandes banques” auraient dû restituer aux français, à comparer avec les 360 millions d’euros annuels qu’on vient de gratter en bricolant le droit aux APL.

    Voici une exemple édifiant et parfaitement représentatif de ce qui se fait impunément aujourd’hui pour encaisser des profits usuraires. C’est un exemple réel, que je tire d’un cas précis que je pourrais justifier en cas de besoin si la justice me le demandait. Une personne, appelons la P, vient d’emprunter 9300 euros pour acheter une voiture. Il lui est envoyé un tableau qui lui fixe 60 mensualités, les trois premières de 244 euros et les 57 autres de 204 euros. Une assurance ”maison ” forcée par le vendeur-prêteur, est incluse là-dedans sur laquelle aucune précision écrite n’est donnée.

    D’après la loi, le seuil de l’usure pour un tel prêt est 7,61 % annuel (voir ie site du gouvernement sur les seuils de l’usure actuels). Cela signifie que le TEG ne doit pas dépasser 7,61 % annuels. Or, un calcul facile mais pas à la portée de tout le monde (même parmi les cadres bancaires, hélas !) montre que ce TEG réel de cet emprunt est 12,6 % annuels. Cela signifie que sur les 3060 euros d’intérêts cumulés payés par P, il y en aura 1380 de volés, qui s’ajoutent aux 1680 que la loi autorise si on fait payer plein pot le seuil permis.

    Comment est-ce possible ? par une astuce classique : on a inclus dans le prix à payer l’assurance, comptée à un tarif prohibitif scandaleux (entre 8 et 10 fois son vrai prix), et on ”oublie” de la décompter dans le calcul du TEG; alors que la loi précise bien que lorsque l’assurance est proposée par le prêteur, elle doit impérativement compter dans le calcul du TEG.

    Alors avant de tirer des plans sur la comète ”quand on sera au pouvoir, on fera ci et on fera ça”, (etc etc air connu), commençons par faire appliquer les lois en vigueur. La plupart de ces lois sont bien faites, en l’espèce les lois contre l’usure témoignent d’un réel souci du législateur de lutter contre ce cancer de la finance. Mais ces lois, une fois votées, sont pourries par les conséquences pratiques qui en sortent, des décrets d’application même pas édictés par l’Etat, des ”circulaires” de bureau apocryphes sorties d’on ne sait trop où et c’est dans ces applications concrètes des lois que le diable se cache et réduit la loi à rien du tout. C’est dans ces cachettes loin des yeux du public que la vérité des lois se construit, bien différente des intentions du législateur, et même, pas si rarement, opposée à ces intentions.

    Tout récemment, le Commissaire Vénère, dans un numéro du tabloïd français ”France Dimanche” s’est livré à une bien intéressante philippique contre l’usure, qui ne m’a pas peu surpris (à penser que lui-même a fait partie des victimes). (Soit dit en passant, France Dimanche est certes un tabloïd fier de l’être, mais on peut s’assurer que son service juridique est au top niveau : re-mar-qua-ble).
    Il a noté que les banques font payer des agios sur les découverts en compte mais y rajoutent des ”frais supplémentaires” variés qui leur font allègrement dépasser les seuils légaux de l’usure
    (Car un découvert n’est juridiquemet qu’un emprunt temporaire que l’on souscrit auprès de la banque). Et il a posé sans ambages la question, sans fioritures : ”comment se fait-il qu’aucun parlementaire ne se soit jamais saisi de ce problème pour le porter devant l’Assemblée Nationale ? ” et il va encore plus loin, en posant la question qui tue : ” quels lobbyes empêchent-ils ces questions de sortir publiquement ?”

    Eh bien une fois n’est pas coutiume, je ne rougis pas de citer France Dimanche et de lui dire bravo pour avoir publié ces protestations indignées du Commissaire, qui nous changent des problèmes récurrents de chiens qui aboient et de branches qui dépassent. Car les questions soulevées là par ie cher Commissaire valent des milliards d’euros !

    Si on commençait par libérer les entreprises des frais bancaires indus que leur coûtent ces satanés ”agios plus frais” chaque fois qu’un client les paient avec retard, cela serait une révolution bien plus grande et bien plus libératrice que la plupart des projets dont les politiciens professionnels de tous bords ne nous abreuvent que trop.

    Et si les français prenaient enfin conscience de tout ce qui ne va pas dans d’autres domaines, avec des aberrations du même ordre, en particulier dans notre Justice, au lieu de se laisser bercer par des promesses fallacieuses de politiciens ?

  • marotin , 14 février 2016 @ 11 h 16 min

    Pas d’insulte PATHOS svp et…BRAVO BARBARA MAZIERES .

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