Comment la République a-t-elle pu engendrer les frères Kouachi, Amedy Coulibaly ou Mohamed Merah ? Les itinéraires de ces quatre terroristes sont pourtant la parfaite illustration d’une lente et inexorable dérive de notre modèle social, économique et judiciaire, celui d’une République vidée de ses entrailles. Les joueurs de GO disent que le plein donne la fonction et que le vide donne le sens. Il faut donc tout d’abord définir l’individu par ce qu’il n’est pas. Merah était sans emploi, il n’acquittait aucun impôt et il refusait de s’inscrire dans un schéma social quelconque. En revanche, il bénéficiait des prestations sociales, profitait des infrastructures financées par les impôts et taxes réglés, toujours dans les délais, par les braves contribuables français. Et quand les uns contribuent chaque jour, par leur travail et leur civisme, à faire du « vivre ensemble » l’alpha et l’oméga d’une nation qui, selon Ernest Renan, résulte de l’Histoire, d’autres préfèrent s’engager dans une armée étrangère qui prône « l’extermination des infidèles ». Une armée dont les rangs ont grossi jour après jour, alors même que le Bureau de la lutte anti-terroriste n’ignorait rien du « glorieux » passé de ces djihadistes débordant d’activité, entre un programme de Daech TV, un exercice de tir et un rendez-vous à la CAF. L’aspect religieux de l’affaire a quant à lui été résumé d’une façon magistrale par nos observateurs « brevetés », véritables prébendiers des plateaux télé. Leur explication est simple : La religion engendre ses propres monstres, mais elle n’est en rien responsable de leurs actes. Ces nouveaux prêtres de la religion droit-de-l’hominienne nous le disent à l’envi : Regardez ces êtres incultes fanatisés par des imams tout aussi incultes ! C’est bien notre société qui les a rejetés en les enfermant dans de sinistres banlieues, créant ainsi un véritable apartheid (Valls). De plus, nos démocraties occidentales stigmatisent l’islam d’une façon éhontée, excluant ainsi tous ces jeunes gens qui ne demandent rien d’autre qu’une mosquée (et son minaret) par canton et un imam par commune. Alors, inévitablement, la situation se dégrade, les bambins se radicalisent et ils passent à l’acte en éliminant quelques juifs et une poignée de mécréants en uniforme, alliés stipendiés du grand Satan. Nous continuons de penser, en ce qui nous concerne, qu’un Islam présent tout à la fois dans le foyer, dans la cité et au cœur du sanctuaire peut difficilement s’accommoder d’une laïcité qui « consiste à faire du peuple tout entier, sans privilège ni discrimination, la référence de la communauté politique, celle qui mérite, dès lors, le nom de République, bien commun à tous » (Henri Pena-Ruiz).
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