Le Zemmour du vendredi. “Ah, l’Afrique et la gauche ! Au commencement, c’est toujours beau. On sort les grands mots, les grands principes, on dit ‘droits de l’homme’, ‘transparence’, on dit ‘respect mutuel’, on célèbre en grandes pompes la mort de la Françafrique, morte cent fois et ressuscitée cent fois, ses combines, ses réseaux, ses magouilles, on crache sans se gêner sur la conduite affreuse, forcément affreuse, de la droite. Jadis, on vilipendait les réseaux gaullistes de Foccart. Désormais, on dénonce rituellement le célèbre discours de Dakar. Ce fut ainsi sous Mitterrand, en 1981, en 1988, et puis sous Jospin en 1997. Et puis… et puis, il y a la vie, le temps et le moment fatal où les vilains intérêts, de la France mais pas seulement, tuent les beaux discours. Avec Hollande, tout recommence de la même façon. La seule différence, la seule nouveauté réside dans l’accélération du temps, la réduction minimum du délai de reniement, le temps d’une volte-face… Tout va plus vite aujourd’hui ! En juin dernier, le Vert Pascal Canfin expliquait candidement que son ministère s’appellerait désormais ‘du Développement’ et non ‘de la Coopération’, mot qui sentait son vieux colonial, et décidait de se passer d’un conseiller Afrique car, disait-il, l’Afrique est un continent comme les autres. Mais Hollande choisit justement ce moment (…) pour recevoir à l’Élysée le Gabonais Ali Bongo et le Congolais Sassou-Nguesso, modèles insurpassables de bonne gouvernance, comme on dit désormais dans le jargon des organisations internationales. De même, après avoir tancé le Président Kabila qui s’assoit sans façon sur les principes démocratiques, Hollande décidait de se rendre chez lui, en République démocratique du Congo, pour le sommet de la francophonie.
La gauche, c’est bien connu, c’est la paix, c’est le multilatéralisme, c’est l’ONU ! Mais ce maudit Mali en déliquescence risque de devenir l’Afghanistan de la France avec des bandes d’islamistes qui font la loi et menacent notre pays. Alors, Hollande se tâte : doit-il intervenir ? Mais l’Algérie ne supporterait pas une intervention de l’ancien colonisateur à sa porte et joue un jeu ambigu avec certains groupes islamistes. Et puis, les socialistes ont toujours critiqué les actions militaires de la France dans son ancien pré carré africain. Hollande n’ose pas envoyer nos parachutistes à la manière de Giscard, jadis, ou même de Mitterrand. Il n’ose pas non plus refaire le coup de Sarkozy en Libye car les Russes et les Chinois verrouillent désormais le Conseil de sécurité de l’ONU. Alors, Hollande fait ce qu’il fait de mieux : il tergiverse, navigue, hésite… Avec lui, on a deux politiques pour le prix d’une, ou plutôt les deux moments traditionnels de la gauche qui passe toujours du principe de conviction à celui de réalité, mais en même temps, au risque d’une immense confusion, incertitude. Du louvoiement comme doctrine. En Afrique non plus, l’antisarkozysme ne suffit plus.”
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