Au fur et à mesure que l’Europe se remplit de migrants, elle se vide de sa substance. Le projet européen avait des objectifs clairs. Au lendemain du nazisme et face au communisme, les deux formes d’Etat totalitaire qui ont marqué le XXe siècle, les pays de l’Ouest du continent voulaient bâtir une union fondée sur la paix et la prospérité. Les pays engagés dans cette construction étaient tous animés, à des degrés divers, par un courant politique se réclamant du christianisme, la démocratie chrétienne. L’humanisme proclamé par celle-ci ne mettait nullement en cause l’existence des nations. Il condamnait le nationalisme. Le recours régulier au référendum, notamment en France, pour construire l’Union Européenne soulignait combien il est essentiel de s’appuyer sur les peuples (demos) pour réaliser une démocratie. Les événements de ces derniers jours ont balayé ces illusions. Que l’Europe ne soit nullement démocratique est une évidence. Qu’elle soit engagée dans un processus d’implosion devient une hypothèse hautement réaliste.
Il y a au coeur du continent un pays qui n’appartient pas à l’Union et qui est un modèle de démocratie, un Etat de droit, soucieux de respecter ses minorités nationales, linguistiques notamment, largement décentralisé, et qui pratique une politique apaisée, éloignée des passions excessives comme des émotions passagères grâce à des « votations ». Dans le calme et avec le temps nécessaire, ses citoyens décident de leur avenir grâce à la démocratie directe. C’est le peuple qui décide en fonction de ce qu’il croit être l’intérêt national. Ce pays est la Suisse qui aurait pu être le modèle de la construction européenne. La dérive européenne a conduit l’Union a faire le contraire. C’est pourquoi elle court à l’échec.
L’Union européenne est une anti-démocratie. Les peuples y sont dépossédés de leur pouvoir. Ils le sont parce qu’on ne les consulte pas sauf pour désigner des « députés » abstraits qui représentent des partis, non des citoyens, non des peuples. Ils le sont parce qu’une oligarchie composée de politiciens, de fonctionnaires, de médias et de groupes de pression impose la ligne à suivre. Ils le sont parce qu’à force de dénigrer les nations, c’est-à-dire les peuples, on a instauré une sorte de préférence étrangère et minoritaire. C’est au nom de celle-ci que la Commission Européenne, que les politiciens qui détiennent le pouvoir dans les principaux pays veulent installer un mécanisme permanent et obligatoire d’accueil des « réfugiés ». Le mot mécanisme est à la mode en Europe. C’est après la prévalence des directives européennes sur les lois nationales non seulement la disparition de la souveraineté, mais celle de la démocratie puisque ceux que les peuples ont désignés pour les conduire se déchargent ainsi de leur liberté d’agir en leur nom , leur seule légitimité, pourtant. Sous le prétexte d’une prétendue urgence, prévisible depuis plus de trois ans et le début de la guerre civile syrienne que l’Europe a laissé se développer quand elle ne l’a pas encouragée, les peuples européens sont contraints d’accueillir une foule de migrants dont la plupart, des hommes à près de 75%, sont des demandeurs d’emplois et non d’asile. Cette arrivée aura des conséquences sur le chômage et sur la dépense publique, deux sujets qui intéressent les citoyens au premier chef. Mais en vertu d’une idéologie confuse dont le seul point fort, est l’antipopulisme, le microcosme qui nous dirige s’est livré à un matraquage médiatique qui trahit avant tout un profond mépris des peuples. « Ils se trompent, donc on peut les tromper ». Tel a été le mot d’ordre. L’indignation sélective, l’émotion cultivée, la récupération indécente de l’image d’un enfant mort, la confusion des mots, la tromperie éhontée sur les chiffres et sur l’identité des migrants ont éludé tout débat et toute réflexion sur la question. Il est stupéfiant qu’une organisation qui a refusé de proclamer son héritage chrétien élève la vertu de l’altruisme, de l’accueil de l’autre, jusqu’à favoriser le lointain au détriment du prochain, l’ingénieur syrien au détriment du sans-logis européen. Le règne du Big Other annoncé par Jean Raspail est arrivé. Le christianisme joue certes un rôle essentiel dans la mentalité européenne, mais à condition qu’il ne soit pas submergé par des religions beaucoup moins humanistes…
Une fois encore, l’oligarchie européenne a joué contre les peuples européens. Tous ne vont pas l’accepter. On comprend le double intérêt des Allemands à accueillir des immigrés pour racheter leur passé et faire face au vieillissement de la population dans une économie qui a besoin de main d’oeuvre. En revanche, les pays qui connaissent un chômage important, comme le nôtre, ceux qui ont reconquis récemment leur indépendance et cultivent leur identité retrouvée, comme les pays de l’est européen, ceux encore qui ont toutes les raisons de craindre un afflux de musulmans comme le Danemark, ne ressentent pas le même engouement. Schengen est évidemment nuisible plus encore qu’inutile. Le contrôle des frontières, la gestion nationale des migrants non-européens, le resserrement des conditions d’accès au territoire et à la nationalité seront pour de nombreux pays des exigences vitales. L’Europe en implosera.
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