La France attend, elle attend que le Congrès américain se prononce pour ou contre une intervention militaire en Syrie. Bachar el-Assad sera-t-il puni pour un crime dont nul ne connaît les auteurs véritables ? La France attend avec l’espoir de ne pas être seule face à Damas. Se cacher dans les jupes américaines est devenu une obligation tant l’armée française est incapable de se mesurer à un ennemi crédible qui dispose de plus que deux lance-roquettes et de trois 4X4. La faute à qui… ?
On est au regret de constater que la France n’est plus que l’ombre de ce qu’elle a jadis été. Une ombre qui s’efface peu à peu, mais qui se permet de faire la leçon à tout le monde ou au moins à ceux jugés en position de faiblesse. Quoi de plus facile, en effet, que d’enfoncer la tête dans l’eau à un baigneur en difficulté au milieu de la piscine ? Oui, mais pour cela il faut aussi sauter à l’eau et la France ne sait plus nager…
Viendra ? Viendra pas ?
Paris, longtemps le centre de gravité du monde, n’est aujourd’hui plus qu’une étoile sans éclat dans la galaxie des États. Pas même suivie par des pays européens qui n’ont qu’à soutenir du bout des lèvres un président français, bien esseulé, sans avoir à se salir les mains, la diplomatie française gagne du temps, tant bien que mal. Le Parlement britannique a voté et a suivi la volonté du peuple. La France elle, préfère attendre le vote du Congrès… américain. L’opinion de parlementaires étrangers est plus importante que celle des élus français.
Les derniers échos inclinent vers un refus du Congrès américain. La France attendrait alors un allié qui ne viendra jamais. Diplomatie ridiculisée, armée humiliée sans même avoir combattu faute de soutien, François Hollande ridiculise son pays à cause de déclarations à l’emporte-pièce et de jugements hâtifs qui n’ont rien à voir avec un jeu diplomatique digne d’un pays qui entend compter au sein de la communauté internationale.
Une diplomatie atrophiée au bras armé amputé
Des mauvaises décisions qui s’ajoutent à une politique de long terme catastrophique. En y regardant de plus près, on se rend compte que les fondements mêmes de la puissance française sont (sciemment) sabotés par les autorités. Diplomatie qui se meurt, armée aux effectifs réduits constamment et toujours aussi mal équipée. Le constat est alarmant et les dernières mesures décidées par le chef des Armées ne vont que précipiter ces deux corps dans un abîme duquel il sera presque impossible de ressortir.
“Pour ne plus être ridicule, ne plus exister est une option…”
La France peut se targuer d’avoir le 3e réseau diplomatique au monde derrière les États-Unis et la Chine. Une position enviable et pour le moins utile héritée d’une longue histoire où la diplomatie a dessiné les contours de la France, mais aussi du monde. Les réductions d’effectifs sont enclenchées et le patrimoine du Quai d’Orsay bradé pour faire rentrer de l’argent frais. L’État se met seul en difficulté et renonce à compter dans les affaires du monde. Certains pourront y voir une bonne nouvelle tant la politique étrangère de la France est tombée bien bas. Pour ne plus être ridicule, ne plus exister est une option…
La France perd son âme en Syrie et… en Irak
François Hollande s’est lui-même placé dans une position intenable. Menacer un pays n’est pas à ranger sur le même plan qu’une fumeuse promesse de campagne. L’après-menace doit être suivie de faits sauf si l’on tient à se ridiculiser devant le reste du monde. La France n’est pas, n’est plus capable de s’engager dans le moindre théâtre d’opérations d’envergure. L’armée syrienne et son système de défense sont trop puissants, malgré deux ans de guerre, pour que les soldats sous-équipés que la France espère envoyer puissent en sortir victorieux.
Obligés d’acheter du matériel sur leurs propres deniers, les soldats français ont compris que leur salut ne viendrait pas des politiques qui les envoient faire la guerre avec du matériel obsolète, défectueux et qui met en danger la vie de nos combattants. Le mythe du matériel plus performant est déconstruit par des soldats qui doivent trouver eux-mêmes des gilets pare-balles.
Alors qu’aucun missile français ne devrait finalement accomplir son œuvre de destruction sur Damas, la France ferait bien de prendre à bras le corps un problème bien plus épineux : l’Iran. Pendant que la France appelle la communauté internationale à s’arrêter sur le cas syrien, l’Iran en profite pour assassiner en toute impunité des opposants politiques exilés en Irak. Attaquée le 1er septembre dernier, la centaine de réfugiés du camp d’Achraf a été cernée par des troupes irakiennes proches du régime de Téhéran. 52 morts et 7 otages plus tard, le Quai d’Orsay qui a justement et rapidement condamné ce massacre n’a malheureusement pas proposé de réponses appropriées. Ni menace contre les auteurs ni action réelle pour protéger les rescapés de la tuerie, Paris est obnubilé par Damas.
Une guerre vous fait entrer dans les livres d’Histoire. Sauver des innocents qui n’ont pas de caméra braquée sur eux relève d’une tout autre logique. A trop vouloir entrer dans la postérité, François Hollande risque d’y rester pour de très mauvaises raisons. Diplomatie, armées, et fierté d’appartenir à une nation qui fait des choix justes. Voilà ce que nous fait perdre un président en quête de succès médiatiques.
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