L’escapade aérienne en famille et aux frais du contribuable de Manuel Valls n’est pas un détail négligeable et par ailleurs légal compte tenu des prérogatives du Premier Ministre. C’est un symbole massif et éclatant de la dérive de notre pays. Sa grandeur passée a laissé aux gouvernants les lieux, les moyens et les habitudes d’un Etat riche et puissant dont l’appareil et l’apparat soutenaient le rayonnement. Plus le recul, puis le déclin se sont accélérés, plus cette mise en scène coûteuse a dévoilé une arrogante vanité. Les ors et les privilèges ne sont pas les moindres motifs des politiciens d’aujourd’hui. Mais les temps ont changé et ils ne semblent pas en avoir conscience. L’Etat est déficitaire et endetté. Le chômage atteint des records. Beaucoup de Français sont victimes d’un douloureux appauvrissement. Le déploiement des fastes de la République leur semble superflu. Lorsqu’il sert aux menus plaisirs des princes qui nous gouvernent, il devient indécent. Quand ces princes sont des politiciens professionnels dont l’action est inopérante et dont le niveau a baissé au point de laisser à penser qu’ils font de la politique parce qu’ils étaient incapables de faire autre chose, la colère et la révolte montent dangereusement !
Le plaisir de gamin que la République (c’est-à-dire nous !), a offert à Valls et à ses enfants a le mérite de révéler l’ampleur de la chute. Comme chacun sait, de Gaulle payait l’électricité de ses appartements privés à l’Elysée et le goûter de ses petits-enfants lorsqu’ils lui rendaient visite. La distinction entre les dépenses liées aux devoirs de la charge et celles qui appartiennent à la sphère privée était claire. Les socialistes nous ont habitués à loger les concubines, « première dame » ou seconde, sur le compte de l’Etat. Emmener les enfants au spectacle est donc une peccadille. C’est d’ailleurs ce que le suggère le cireur de pompes Barbier en affirmant péremptoirement que Valls clôt la polémique en remboursant le voyage de ses enfants après nous avoir fait la grâce d’un acte de contrition. Comme le reste du microcosme médiatique qui décide aujourd’hui de la politique, il pointe surtout la surprenante erreur de communication d’un ténor en ce domaine. Appoline de Malherbe précise qu’il s’agit d’une maladresse et non d’une faute que la droite aurait tort de fustiger puisqu’elle s’est livrée aux mêmes turpitudes. La complaisance des médias est sans limite. Le Français qui voit s’envoler un revenu annuel de 12000 à 15000 Euros pour un match de foot entre deux séances de congrès PS ne doit pas être de cet avis…
Non, Manuel Valls n’a pas commis qu’une « bourde de com ». Son vol était du vol, car il n’avait aucune raison, en tant que Premier Ministre, de se rendre à Berlin pour rencontrer le président Platini, lui-même à Paris dans les jours suivants, et que dans le respect du protocole républicain, il aurait pu inviter à Matignon pour une séance de travail, avec le Ministre des sports. Le voyage était la satisfaction d’un désir d’ordre privé et sentimental qui met de plus l’accent sur l’origine étrangère et sur la naturalisation, somme toute récente, du Premier Ministre de la France. Chirac faisait semblant de sauter de joie lors des victoires de l’équipe de football nationale. Valls aime l’équipe de Barcelone… Quel rapport avec sa fonction ? Lorsqu’on entend Mme Vallaud-Belkacem, alors adjointe à Lyon, se flatter de ses origines berbères et cette laïciste militante dans un pays catholique dire « Inch’ Allah » dans une interview, lorsqu’on lui demande s’il y aura bientôt un(e) Berbère à l’Elysée, on se souvient de Rama Yade, alors ministre française, parler à Haïti de « son » pays, le Sénégal. L’ouverture, c’est bien, mais à conditions lorsqu’on est en charge des intérêts de la France, de n’être que français et d’oublier toute préférence étrangère.
Alors que les résultats économiques de la France demeurent ternes en comparaison de ceux de ses voisins, alors que l’attitude de soumission de ses dirigeants par rapport aux Etats-Unis et plus encore, la dépendance affichée, à gauche comme à droite, à l’égard des riches royaumes wahhabites et pétroliers du Golfe se font de plus en plus pesantes au point de laisser aujourd’hui l’Etat islamique l’emporter en Syrie et en Libye avec des conséquences désastreuses pour l’immigration, les Français peuvent avoir le sentiment qu’au lieu d’être protégés par leurs dirigeants, ils sont trahis, dans le seul but réel des politiques : jouir du pouvoir. Un soupçon de cette nature ne pourra pas laisser la « République » actuelle indemne. Le Premier Ministre dont le bilan est plus que mince ne sera plus le fusible d’un Président que les Français considèrent comme une erreur. L’alternance est à bout de souffle… La France ne s’en tirera pas, cette fois, avec un simple changement de majorité.
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