Tribune libre de Robert Ménard*
Disons-le d’entrée de jeu. S’il est une bonne nouvelle au soir de ce premier tour des législatives, c’est la défaite de Jean-Luc Mélenchon. Un score sans appel : 21,5% contre 42% pour Marine Le Pen. Une véritable gifle pour la figure emblématique du Front de gauche. Son arrogance, sa certitude d’incarner la justice et même le sens de l’histoire auront été sanctionnées. Jean-Luc Mélenchon n’est qu’un phénomène de mode, une créature de bobos, un produit médiatique. Il incarne le peuple comme je suis pape. Dimanche soir, plus d’un ont dû se réjouir. Et pas seulement dans les rangs du Front national mais aussi au Parti socialiste – voilà une voix qu’ils n’auront pas à supporter sur les bancs de l’Assemblée – et jusqu’à la place du Colonel Fabien : personne chez les communistes, soyons-en sûrs, ne portera le deuil…
Si la déroute mélenchoniste est un motif de satisfaction, difficile de passer sous silence les sujets qui fâchent. Et d’abord cette loi électorale qui fait qu’on peut avoir obtenu près de 10% des voix à la présidentielle et voir son parti – en l’occurrence le Modem – réduit, peut-être, à sa plus simple expression. Un scandale. Qu’un François Bayrou ne soit pas à l’Assemblée est un vrai dommage pour la démocratie. Merci à Martine Aubry qui s’est montré d’un rare sectarisme, soucieuse de petits calculs d’appareil qui ne la grandissent pas. Ce scandale, je suis heureux de le voir dénoncer… parfois par certains qui n’ont jamais eu un mot à l’égard du Front national victime de la même iniquité depuis plus de vingt ans ! Oui, j’espère que des élus frontistes siégeront dans la prochaine assemblée. Ce ne serait que justice… et respect du pluralisme.
Pour le reste, les socialistes vont disposer – avec ou sans des Verts qui, eux, auront su tirer profit des bonnes grâces de cette même Martine Aubry – d’une majorité qui leur permettra de mener à bien leur politique. Ils ont su prendre des mesures justes – salaires du Président et des ministres, rémunération des patrons des entreprises publiques, encadrement des loyers lors des relocations, etc. – et des mesures habiles – départ à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler très jeunes, augmentation de 25% de l’allocation de rentrée scolaire, etc. – qui leur ont assuré le regard bienveillant d’une majorité de nos concitoyens. Le plus dur est à venir et il faudra bien se résoudre à des mesures impopulaires. D’ici là, gardons en tête qu’il n’est jamais sain qu’un parti jouisse de tous les pouvoirs. On se souvient encore de l’État RPR…
*Robert Ménard est journaliste et fondateur de l’association Reporters sans frontières. Il anime trois rendez-vous quotidiens du lundi au vendredi, à 7h33 et à 8h03 sur Sud Radio et à 17h45 sur I-télé. Son blog : robertmenard.fr
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