Plaidoyer pour une Europe libre et prospère, une Europe qui respecte l’humain

« L’Europe ne sera pas nécessairement la plus puissante ou la plus riche mais bien ce coin de la planète où les hommes quels qu’ils soient pourront trouver non pas le bonheur, mais le plus de saveur, le plus de sens à la vie», écrivait Denis de Rougemont. Vœu pieux, dira le cynique. Et il est vrai que les vœux des « assis » chers à Bernanos ne se réalisent jamais. En vérité, il y aura eu peu d’instants dans l’histoire du monde où une classe politique qui, pourtant, se réjouit toute la journée de l’omnipotence de sa science et de sa technologie lesquelles, croit-elle, demain lui permettront de refabriquer les familles, de faire de l’humain un jouet à améliorer sans cesse comme une pousse de maïs de chez Monsanto™; qui, pourtant, a foi dans ses critères économiques comme la sorcière dans sa magie noire ; qui caresse avec obscénité sa petite courbe de PIB à tout bout de champ et compte les étoiles pour les ranger dans son coffre comme le personnage du Petit Prince ; il y aura eu peu d’instants où elle aura été si impuissante à changer la vie. Sortir de l’euro ? On peut pas. Contrôler les frontières ? On sait pas. Donner, sinon une définition, au moins une âme à l’Europe ? Pas possible. Négocier avec la Russie d’homme à homme ? On a peur. Rétablir l’ordre en Afrique ? C’est trop cher. En finir avec la dette ? Bof. Créer des conditions de vie décentes pour tous les citoyens ? Ça finira bien par arriver tout seul.

Dans son fatalisme, la seule réponse qu’elle donne continûment à ses administrés las voire coléreux, c’est de créer plus d’Europe. Inutile de chercher ni le sens ni l’opportunité de ce mantra que de Gaulle avait déjà moqué il y a bientôt cinquante ans. Le fait est qu’elle n’en a pas d’autre. Partout en Europe, dans les élections qui viennent, les partis de gouvernement autoproclamés vont prendre la pile de leur vie. Ils le savent, ils espèrent seulement limiter les dégâts. On sait qui va récolter les fruits de leur impotence.

Nous ne nous en réjouissons pas. Non que nous craignions le retour du fascisme ou de la bête immonde au ventre toujours, etc., mais simplement que nous ne croyons pas que les solutions proposées par les mouvements d’extrême droite ou populistes, même si ces termes sont bâtards, disons eurosceptiques et souverainistes, soient idoines.

“Nulle part on ne voit en effet que souffle quelque esprit ni européen ni français qui permette la résurrection de ce continent exténué.”

La remise en cause de l’euro dans sa forme actuelle est certes souhaitable. La création d’un protectionnisme intelligent l’est aussi. La surveillance des frontières l’est encore. Mais ce sont des rustines. Pour filer la métaphore, quand la roue du vélo crève, il est nécessaire d’en colmater les trous. Mais il est au moins aussi nécessaire de la regonfler ensuite, et l’on ne voit ce qui, notamment dans un Front national emphilippoté jusqu’à la moelle, ferait office de pompe.

Nulle part on ne voit en effet que souffle quelque esprit ni européen ni français qui permette la résurrection de ce continent exténué. Le national de ce front n’est pas celui de de Gaulle, ni celui de Barrès, pas même celui de Déroulède, il est seulement la transcription politique de ce sentiment corporate que vendent les nouveaux managers aux entreprises. La France, ni l’Europe ne sont seulement des familles ou des entreprises. Elles vivent de bien autre chose, mais quelque chose que les énarques n’ont jamais su quantifier parce que cela leur demeure impalpable. Et il ferait beau voir qu’au pays de Jeanne d’Arc, de Saint Louis et de Bonaparte, l’on laissât faire la politique par des technocrates.

Nous affirmons bien au contraire d’eux, et bien au contraire aussi des sociaux-démocrates de droite comme de gauche, le génie incomparable de l’Europe, cet universel singulier, là où ont été élaborées les plus grandes libérations de l’humain, depuis la Grèce jusqu’à la démocratie contemporaine en passant par Rome et Jérusalem, le Moyen-Âge et la Renaissance. Nous affirmons que nous savons d’où vient ce génie, c’est-à-dire du christianisme, et nous nous en vantons. Nous nous vantons de ne savoir nous en passer jamais. Pourquoi ? Parce qu’il n’y aura aucune définition de la dignité inaliénable de l’homme sans lui. Parce que c’est à cause de lui que nous nous interdirons toujours de jamais toucher un cheveu d’un pauvre, d’un enfant, d’un faible, d’un handicapé, d’un exclu. Ainsi, nous ne plaidons pas pour une Europe puissante ou riche. Nous plaidons pour une Europe libre et prospère, qui ne saurait exister sans se fondre dans cette écologie intégrale qui respecte enfin le rythme de la nature comme le rythme de l’homme, dans sa chair et son esprit.

Et avec ces seules armes, nous incendierons le monde moderne.

Jacques de Guillebon, pour le Cercle Charles Péguy.

Le Cercle Charles Péguy poursuit son cycle de Causeries : “La droite passée au crash test”.

UDI, FN, PCD,UMP, La Boite à idées, La Droite Forte, La Droite Sociale….  Partis politiques, courants, ou think tank, nouveaux ou anciens, médiatiques ou moins connus, ils peuplent le paysage politique français et ont un point commun: ils se réclament de la droite.

Le Cercle Charles Péguy vous propose de les rencontrer pour une discussion libre dans laquelle leurs représentants évoqueront leur vision de l’avenir de la société française.

Le prochain invité à passer au Crash Test sera Laurent Wauquiez, député de la Haute-Loire et vice-président de l’UMP :

Mercredi 14 mai de 19h30 à 21h00
Restaurant Le Concorde
239 Boulevard Saint-Germain – 75007 Paris

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27 Comments

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  • Radius , 12 mai 2014 @ 11 h 13 min

    ” Et il ferait beau voir qu’au pays de Jeanne d’Arc, de Saint Louis et de Bonaparte, l’on laissât faire la politique par des technocrates.”

    C’est pourtant ce que font, droite et gauche confondues, tous les hommes politiques depuis un demi-siècle.

  • Gisèle , 12 mai 2014 @ 13 h 14 min
  • Alainpsy , 12 mai 2014 @ 13 h 51 min

    François2….parce que 1) les politiciens sont dépassés par les évènements et préfèrent sauver la face en se lançant dans une fuite en avant qui laisse croire qu’ils maîtrisent les choses et détiennent des données salvatrices que nous ne possédons pas…2) leur image de personne généreuse et ouverte d’esprit est fondamentale à leurs yeux et bien plus importante à sauver que le Peuple Français, ce qui vous en dit long sur leurs structures mentales et leur fragilité…
    enfin 3) Bruxelles, les USA, l’argent du qatar et autres esclavagistes gavés de pétrole, les honneurs, le pouvoir, le vote des barbus et voilées, et aussi…une très profonde lâcheté, si visible et nauséabonde qu’ils puent même à la TV.

  • patrick Canonges , 12 mai 2014 @ 14 h 23 min

    Je saisis l’occasion de demander à Jacques de Guillebon comment peut-il à la fois en appeler aux mânes de Charles Péguy pour son Cercle et définir celui-ci comme ” de droite”.

    Dans « Notre Jeunesse », écrit en juillet 1910 en réponse notamment aux tentatives de récupération de Maurras, Péguy rappela avec force son socialisme : « il est évident qu’il [le socialisme] était, qu’il faisait un assainissement de la nation et du peuple, un renforcement encore inconnu, une prospérité, une floraison, une fructification. […] Nous avions déjà la certitude, que nous avons, que le peuple qui entrerait le premier dans cette voie, qui aurait cet honneur, qui aurait ce courage, et en un sens cette habilité, en recevrait une telle force, une telle prospérité organique et moléculaire, constitutionnelle, histologique, un tel renforcement, un tel accroissement, un tel assainissement de tous les ordres de sa force que non seulement il marcherait à la tête des peuples, mais qu’il n’aurait plus rien à redouter jamais, ni dans le présent ni dans l’avenir, ni de ses concurrents économiques, industriels, commerciaux, ni de ses concurrents militaires. »
    Que ce socialisme-là, certes plus mystique que politique, fut encore exalté alors qu’il avait déjà effectué son retour vers le catholicisme de son enfance en 1906, empêche de cataloguer le Péguy des dernières années comme homme de droite.

  • Catoneo , 12 mai 2014 @ 14 h 34 min

    Ce qui est marrant, c’est qu’à l’époque de Jeanne d’Arc, de saint Louis et de Bonaparte, la politique était faite par la technocratie d’alors, qu’on appelait autrement.

  • Christiane , 12 mai 2014 @ 17 h 35 min

    Si madame Boutin était sincère, d’abord elle s’abstiendrait de cracher son venin sur le FN, ensuite elle penserait à l’union des forces pour s’élever contre l’oligarchie de Bruxelles et se joindrait à Marine. Tout comme Dupont
    Aignan qui ne rate pas une occasion de cracher son venin sur le FN; mais quand on sait que ce dernier est membre de la FAF ( French American Foundation ) plus rien n’étonne de sa part; ensuite — d’après certaines informations — il entretient des liens très étroits avec la Franc-Maçonnerie.

  • petitjean , 12 mai 2014 @ 18 h 36 min

    ” il entretient des liens très étroits avec la Franc-Maçonnerie.”

    je confirme !

    Nicolas Dupont-Aignan : faux rebelle et vrai franc-maçon
    Certains, un peu naïfs, croient voir dans le candidat gaullo-souverainiste à la présidentielle Nicolas Dupont (Aignan étant le nom de sa mère, mais « Dupont » n’étant pas assez séduisant selon lui), un vrai dissident, engagé dans un bras de fer avec le Système.
    Pourtant, avec un mouvement ridiculement nommé « Debout la République » et un discours antinationaliste, assimilationiste et ultra-républicain (qui plus est favorable au faux « mariage » homosexuel), on pouvait se douter que la rupture entre « NDA » et l’establishment n’était que de façade.
    Encore cadre de l’UMP il y a peu, Nicolas Dupont est membre de la French American Foundation, un groupe mondialiste discret qui se veut un lobby états-unien en France…
    Il est aussi franc-maçon, donc au cœur du Système :
    En effet, il fut l’invité, « dans le cadre des Grands échanges 2012, d’une « tenue blanche fermée » (donc réservée exclusivement aux francs-maçons) d’un parterre de loges du Grand Orient de France, le 16 janvier, dans le Grand Temple Albert Groussier, pour y exposer son programme. » (source F&D N°328).
    Ci-dessous, quelques explications de Pierre Hillard concernant la French-American Foundation,

    dans un entretien avec le site décapactu.

    extrait
    “— La grande force de la FAF est d’accueillir en son sein les représentants politiques issus des grands courants qui officiellement s’opposent : le socialisme et ce que l’on appelle abusivement la droite, l’UMP. En fait, la classe politique française s’est ralliée depuis longtemps au dogme du mondialisme anarcho-capitaliste. Cependant, il est utile pour le système de maintenir une opposition artificielle alors qu’en fait, nous vivons dans le régime du parti unique. En jouant l’alternance droite-gauche, on fait croire au peuple qu’il y a une autre politique possible. En fait, ces dirigeants politiques UMPS mènent le pays vers la même direction : l’intégration à un bloc euro-atlantique, prélude à l’Etat mondial. Le cas de Nicolas Dupont-Aignan est intéressant. Officiellement, ce monsieur défend avec passion la souveraineté française mâtinée de gaullisme. En fait, c’est un leurre. Son appartenance à la FAF, depuis 2001, le prouve. Je rappelle que si NDA a été accepté au sein de la French-American Foundation, cela signifie qu’il a dû présenter obligatoirement des gages prouvant sa bonne foi. On ne trompe pas facilement les élites mondialistes de la FAF. Ce politicien est utile au système parce qu’il est un dérivatif.
    En effet, il doit donner l’illusion qu’il défend un idéal classique de défense de la souveraineté nationale donnant l’espoir qu’une chance existe, qu’une échappatoire est possible. Ainsi, il pourra canaliser un courant de Français mécontents du système politique classique en leur faisant miroiter des possibilités d’un meilleur lendemain à condition de se battre, d’y croire, de s’engager avec passion, blablablablabla … Comme le disait Racine,« J’embrasse mon adversaire pour mieux l’étouffer. » Dans le cas de NDA, il s’agit de contrôler un mouvement du peuple en faveur de la cause nationale pour ensuite arrondir les angles, empêcher que les vrais patriotes puissent diffuser de véritables informations sur les origines de l’européisme et du mondialisme.” (….)

    ré information sur http://www.polemia.com

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