Une période de convalescence m’oblige à demeurer absent lors des débats ouverts au sujet des « nouveaux droits pour les patients en fin de vie ». Une nouvelle étape dans le cheminement vers l’euthanasie entamé par le gouvernement.
Je pourrais prétendre douter des équivoques présentes dans la loi dite « nouveaux droits pour les patients en fin de vie ». Je pourrais jouer une comédie demandant des précisions sur un texte dont chacun sait bien qu’il promeut une euthanasie qui ne dit pas son nom. Simplement cette stratégie n’a qu’un lendemain : l’échec. Elle n’appelle qu’un constat : la terrible peur des bien-pensants qui se refusent à nommer les projets du parti socialiste. Et ce projet est simple : satisfaire aux coteries qui soutiennent François Hollande pour conserver leur sympathie. Ce fut le cas pour le saccage du mariage traditionnel avec la loi Taubira ou la publicité donnée à la théorie du genre. C’est encore le cas avec les officines et autres coteries mortifères à la manœuvre pour imposer l’euthanasie dans le débat public.
Entendre parler d’une « fin de vie digne et apaisée » (article 1), sous-entend que les rédacteurs de cette loi s’arrogent le droit de déterminer ce qu’est la dignité et donc la valeur d’une vie. Est-il simplement concevable que l’ubris politicienne ait atteint ces proportions qui rappellent les pires heures de la Terreur jacobine ou des grands totalitarismes ?
“Cessons l’obstination déraisonnable qui consiste à refuser de voir le changement de civilisation auquel travaillent les socialistes et ceux qui veulent imposer une nouvelle définition de l’Homme jusqu’à supprimer ses dernières parcelles de nature inviolée.”
Certes, c’est le rôle d’un homme politique que de dire combien la notion de sédation terminale demeure imprécise. Certes, c’est le rôle d’un défenseur des lois naturelles de rappeler que l’alimentation et l’hydratation ne sont pas sujets à interprétation mais sont des dus pour toute personne en fin de vie. Mais la vérité est ailleurs. Cette loi, dont Jean-Claude Martinez a parfaitement dit qu’elle était le stade suprême du capitalisme, ne vise qu’à continuer à imposer une considération de la vie toujours moins sacrée, toujours plus individualiste, toujours plus malléable. Et il n’est pas besoin de préciser que c’est bien à une secte philosophique très déterminée qu’appartiennent ces projets. Ils ne sont pas le fait de pauvres parlementaires aveuglés par une mauvaise formation.
En France, on pourrait faire le choix des soins palliatifs mais le socialisme préfère la réduction de la dette par l’éradication des faibles. En France, on pourrait faire le choix de la restriction des interventions étatiques dans les moments cruciaux de l’intimité, mais le socialisme s’y délecte par idéologie et par cynisme électoral. En France, on pourrait faire rétablir en son plein droit la place de la faiblesse dans une société, mais il est tellement plus aisé d’y préférer une définition matérialiste de la vie humaine. Aussi faut-il rappeler que nous pourrons tous être Vincent Lambert et voir les tiraillements familiaux et juridiques décider de notre droit à la vie.
Cessons l’obstination déraisonnable qui consiste à refuser de voir le changement de civilisation auquel travaillent les socialistes et ceux qui veulent imposer une nouvelle définition de l’Homme jusqu’à supprimer ses dernières parcelles de nature inviolée.
> Jacques Bompard est député-maire d’Orange.
14 Comments
Comments are closed.