Tribune libre de Pierre-François Ghisoni*
Le pouvoir d’esprit gauchiste remonte sur ses vieilles lunes : il lui faut supprimer le redoublement des élèves.
En discuter, c’est tomber dans le piège. Donc je n’en discuterai pas. Ce doit devenir un réflexe de défense, de survie, de tous les citoyens opposés à l’esprit de gauche, de ne pas se laisser mener en bateau par le capitaine de pédalo et ses pédaleurs qui le valent bien. Ils sont maîtres en fourberie. Devenons maîtres en anti-fourberie.
La seule réponse adaptée – compte tenu de la situation réelle – est de les renvoyer à leurs responsabilités :
Une faute d’orthographe non corrigée, c’est un élève que l’on trompe, à qui on vole son avenir, un futur chômeur de plus.
Une école qui désapprend les règles de base de la morale, c’est-à-dire de la juste relation entre les humains, n’est qu’un camp d’entraînement pour anarchistes.
Sommes-nous capables de comprendre les enjeux fondamentaux ? Sommes-nous capables de laisser tomber les vieux réflexes franco-français de discussions « intelligentes » pour des queues de cerises, alors que la récolte est déjà vendue, même pourrie ?
Mes deux observations sur l’orthographe et la morale semblent dures ? Tant mieux ! C’est sur elles qu’il faut réfléchir, comprendre, agir.
L’orthographe : bien entendu je ne parle pas de sa perfection inaccessible, souhait illusoire et incompatible avec la diversité des esprits, mais du mépris envers cette discipline. Mépris d’une discipline… la vérité se dévoile.
Mépris doublement condamnable de tous les maîtres qui refusent de corriger les devoirs de leurs élèves. Comme si le seul sens (à condition qu’il existe) devait prévaloir sur toutes les erreurs de forme !
Car c’est du respect du travail bien fait qu’il s’agit. Imaginerait-on qu’un maître plombier ne corrige pas les erreurs de brasure de son apprenti ? Comment celui-ci trouverait-il du travail ? Au bout de combien de fuites serait-il renvoyé ? Prendriez-vous l’avion en sachant que le pilote va commettre des erreurs qu’on n’a pas voulu lui montrer ni lui corriger dans ses années d’entraînement ? Bien sûr que non. Ce ne serait pas sérieux, ce serait criminel.
Voilà ce que pratique la Déséducation nationale à longueur d’années. Le « s » de ce pluriel donne le sens exact de la phrase. Il m’inscrit dans une critique de la pensée de gauche qui a très bien prospéré sous des gouvernements dits de droite. L’orthographe est-elle donc la fameuse « science des nuls », comme le braient à l’envi les ânes de service ? Trouvez la réponse, et les enjeux qui en découlent !
La morale, que l’on appelait aussi « éducation civique » : encore un mot qui fait peur à l’esprit de gauche. Rappelons-nous cette courte phrase, parmi bien d’autres que le maître écrivait au tableau avant la classe : « L’honnêteté n’est pas une qualité, c’est un devoir. » Qui l’écrit encore ? Qui osera la faire comprendre à des brutes en devenir ? Qui osera la faire respecter, par le sens des mots nécessaires pour vivre ensemble, par les armes de la justice s’il le faut ?
Mais n’est-ce pas cette morale dite « bourgeoise » qu’il fallait détruire en mai 68 ? Laquelle époque prenait la suite de toute une collection de préceptes que l’on peut s’amuser à retrouver : depuis : « La propriété c’est le vol » jusqu’à : « Il est interdit d’interdire. »
Il est beau, le résultat.
Chaque claque (si pas plus) pour un professeur, chaque pavé sur un policier, chaque embuscade pour un pompier, chaque agression d’un médecin (il faut lire les forums spécialisés), chaque attaque des transports en commun, chaque assassinat de nos soldats, (tiens, l’affaire Merah revient), ne sont qu’atteintes aux forces de sécurité physique, morales, constitutionnelles de la nation. Atteintes bestiales plus que lucratives, souvent perverses, toujours poussées par un emportement destructeur, sinon invasif, profondément anti moral.
Pondons des lois !
Pondons des lois ! Cacardons au jeu de l’oie des lois, tout cela pour masquer qu’on a oublié, voire méprisé, et aboli les lois fondamentales, celles du bon ordre de la justice. Car la morale, quoi que raconte l’esprit dévoyé de la gauche profonde, n’est ni une arme des bourgeois contre le peuple, ni une utopie métaphysique. C’est avant tout la mise en pratique des bonnes lois par lesquelles les citoyens s’ajustent, par justesse et par justice, pour vivre ensemble. C’est le souhait de tout homme honnête et paisible.
“L’humain est étranger à l’esprit de gauche, pris dans le piège implacable d’une idéalisation pathologique. Et plus la pensée de gauche fait parade de ses « valeurs », plus elle impose toutes les forces destinées à les casser.”
Et cela, l’esprit de gauche, en dépit de ses grandes déclarations, ne le veut pas, ne peut pas le supporter, et lui est irrémédiablement opposé.
L’esprit de gauche ne vise que le cumul d’idéaux inaccessibles, imagine des groupes fantasmatiques, et rejette toute émergence de la nature humaine.
Ainsi détaché des réalités, il ne peut plus les supporter. Mais il est confronté à leur existence. Il ne lui reste plus qu’à s’enferrer dans un discours et une pratique toujours plus irréalistes, incapable de juger correctement les hommes, incapable de leur proposer la juste rétribution, ni de leurs mérites, ni de leurs fautes.
Et par la raison que l’esprit de gauche ne fait pas confiance à l’homme, le craint, et veut à toute force réduire son indépendance, il délègue aux masses le soin de mettre en œuvre son programme.
Ainsi, poursuivant sans cesse son chemin d’idéaux et de classes, il ne peut, pour se justifier, que susciter toutes les occasions de diviser pour détruire. La lutte des classes, annoncée par Marx prévoyant la fin du capitalisme, mérite d’être étudiée en ce sens. Le capitalisme n’était que le prétexte permettant à l’esprit de gauche de s’extérioriser en prenant une cible momentanée. Mais la vraie cible était autre : la soif de justice de l’homme, intolérable pour cette pensée, d’autant plus que la soif de justice ici-bas, peut déboucher sur la considération d’une justice transcendante. Or, cela, la gauche ne peut le supporter. Elle veut interdire jusqu’à cette ultime possibilité de l’homme d’échapper à l’emprise du monde.
C’est la raison pour laquelle l’esprit de gauche ne tolère ni la justice, ni l’indépendance.
En effet, dans une nation juste, la gauche d’esprit et de politique n’aurait que deux possibilités : y disparaître ou la faire disparaître.
Mais dans une société réelle, c’est-à-dire imparfaite, partagée entre des impératifs contradictoires, des antagonismes humains, trop humains, soumise à la loi de la nature qui fait de chacun de nous des êtres uniques et irremplaçables, l’esprit de gauche ne peut que briser toute tentative de réel progrès humain en lui faisant miroiter un horizon sans cesse reculé, et en fomentant des levées en masse.
Cela explique que la gauche soit, par essence, belliciste, tant en interne qu’en externe, soit par action, soit par affaiblissement interne qui attire les convoitises externes.
Il n’y a qu’à voir quelles convulsions déclenche dans ses rangs la seule expression « d’ordre moral. »
La réalité est que l’esprit de gauche ne sait pas proposer aux hommes un véritable « vivre en paix ensemble ». En réalité, plus les voix de gauche parlent de justice, plus leurs tenants mettent en place les éléments pour la détruire. En réalité, l’esprit de gauche ne peut pas supporter tout ce qui assure la paix et la justice, c’est-à-dire, la liberté humaine tempérée par la sage application des lois, punitives s’il le faut. En réalité, l’esprit de gauche trompe les braves gens, les pauvres gens bien naturellement enclins à écouter les paroles d’espoir, mais peu habitués à démêler les méandres de cette dialectique. En réalité, l’esprit de gauche tourne en cercle vicieux, allumant sans cesse des brasiers sociaux pour jouer au pompier volontaire.
Ainsi l’humain est étranger à l’esprit de gauche, pris dans le piège implacable d’une idéalisation pathologique. Et plus la pensée de gauche fait parade de ses « valeurs », plus elle impose toutes les forces destinées à les casser.
Alors, il faut réfléchir sur la pensée qui gouverne le monde :
Lorsque la surconsommation a remplacé le bon usage, lorsque la finance à tout-va dénature le commerce loyal, lorsque le profit immédiat et tapageur est valorisé aux dépens de l’apprentissage, lorsque les frontières sont violées, que les hors-la-loi bénéficient de faveurs apparemment incompréhensibles, lorsque l’humain disparaît des préoccupations des dirigeants, que les lois inutiles et inappliquées s’accumulent jusqu’à régenter l’intimité des cœurs et des demeures, que la libre parole est interdite, que le vocabulaire est amoindri, que la pensée est dirigée par une caste médiatique aussi arrogante que méprisable, que la vie est sacrifiée à la mort, que la liberté par le travail est violée sur l’autel des aides publiques et du clientélisme mortifère, que l’on prétend faire tomber la fièvre en cassant le thermomètre et qu’on allume en même temps les brasiers de la colère, c’est que l’esprit de gauche est à l’œuvre, tous partis politiques confondus et responsables.
C’est alors qu’un pays réel doit prendre son destin en main, vers la survie ou vers l’abîme.
*Pierre-François Ghisoni (blog) est écrivain et éditeur.
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