Ah, elle est belle la croisade des « libres penseurs » ! Pas si « libres » d’ailleurs qu’ils l’affirment, ces prétendus « penseurs », lesquels nous apparaissent en fait étroitement asservis à leur obsession viscérale, maladive, quasi pathologique, obsession qui ne les lâche jamais, ne les laisse jamais en repos : sous prétexte d’écarter d’importunes références à la religion, abolir, faire disparaître, effacer de notre espace public, toutes traces de notre identité culturelle, une identité chrétienne séculaire, adossée à plus de 15 siècles de traditions populaires immémoriales, ancrée dans les pratiques quotidiennes de nos familles.
Voilà qu’aujourd’hui nos hardis éradicateurs se lancent dans la bataille des crèches. Les crèches, en effet, c’est ça qui les défrise, c’est ça qui leur donne des boutons, les pauvres… Quoi de plus révoltant en effet que le spectacle d’un petit bébé allongé dans un berceau, amoureusement veillé par ses parents (comme par hasard un homme et une femme ; une propagande insidieuse – notons-le au passage – pour un modèle de la famille parfaitement éculé, celui de l’odieuse famille « patriarcale » !), plus quelques animaux pour faire de la figuration et mieux faire passer le reste ! C’est là un spectacle vraiment dégoûtant, tout dégoulinant de mièvrerie et d’attendrissement morbide…
Mais, mes chers amis de la laïcité, il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin. Il ne faut pas s’arrêter aux crèches, il faut aussi laïciser le calendrier, un calendrier scandaleusement attentatoire à la laïcité telle que vous l’entendez, avec toutes ces fêtes chrétiennes dont, d’un bout de l’année à l’autre, celui-ci se trouve parsemé : Noël, Pâques, la Pentecôte, l’Epiphanie, l’Ascension, etc. Ces fêtes, ne conviendrait-il pas de les débaptiser, de leur donner une apparence honnête, de les dépouiller de leurs significations obscènes, reflets surannés de moyenâgeuses superstitions qui font gravement injure à notre époque moderne où partout enfin triomphent le Progrès et la Lumière ?
Il faut substituer à ces dénominations qui heurtent douloureusement nos esprits émancipés des appellations plus neutres : fête de la Bûche aux marrons, fête de l’Œuf en chocolat, fête de la Galette à la frangipane… A propos de galettes, d’ailleurs, est-il admissible que l’on s’obstine, y compris dans les cantines scolaires ou d’entreprises, dans des locaux publics comme les écoles ou les mairies, « à tirer les rois » ? Voilà un rite, entre nous, fichtrement peu démocratique avec son monarque et sa couronne dorée, un rite parfaitement rétrograde qu’on pourrait même considérer comme foncièrement discriminatoire, un éloge criminel de l’inégalité triomphante.
Il faut aussi révolutionner la toponymie, en particulier à La Réunion où tant de villes sont affublées de noms positivement révoltants : Saint Machin et Saint Truc ! Qu’attend-on pour laïciser toute cette bigoterie, « décanoniser » la géographie ? Ne serait-il pas plus satisfaisant pour nous d’être domiciliés à Denis, Paul, Louis, Benoît, Rose ou Pierre ? Ou alors lançons un grand concourt pour que puisse s’exprimer l’imagination fertile de notre peuple créole (un mot dont l’étymon espagnol « criolla » – on le sait sans doute – signifie « croyant » !) dans l’invention de nouveau toponymes plus acceptables que toute cette culbéniterie aussi obsolète qu’indécente.
Mais surtout, elle est à géométrie variable, votre laïcité de combat. Vous seriez peut-être un peu plus convaincants, vous les apôtres intransigeants de la laïcité, si l’on vous voyait vous attaquer aussi à des pratiques religieuses envahissantes qui, elles, n’ont pas l’air de vous offusquer le moins du monde : le halal dans les écoles et jusque dans les avions, la burqua dans les rues, y compris à La Réunion où jusqu’à ces toutes dernières années on n’en avait jamais vues. Vous avez, pour une malheureuse crèche dans un hall, engagé une action judiciaire contre le Conseil Général de Vendée mais quand avez-vous porté plainte contre la Mairie de Paris qui, le 9 juillet dernier, a organisé à l’Hôtel de Ville, lieu public et officiel s’il en est, un grand repas de fête pour l’ouverture du Ramadan ? N’avez-vous pas peur que le bon peuple ne finisse par mettre à jour votre flagrante hypocrisie ?
Allez, je vous souhaite malgré tout, bande de coincés et de grincheux, un joyeux Noël, un Noël serein et apaisé. Tâchez de vous trouver une occupation plus utile que de vous ingénier ainsi à casser les pieds à vos concitoyens attachés à leurs traditions, à leur identité culturelle française et chrétienne. Et n’oubliez pas le chant de la Nativité : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté !
24 Comments
Comments are closed.