C’est fou ce que les marches, ça marche. Pour un oui pour un non, et si le soleil est de la partie, avec sa petite banderole, on est parti ! Il y a les grandes et les petites, les tristes et les « gay », les blanches, les rouges et les vertes. Il y a celles qui ont un but précis, et il y en a d’autres… Ainsi, des centaines de milliers de personnes ont marché à plusieurs reprises en 2013 pour manifester contre la loi Taubira instaurant le « mariage » unisexe. Peine perdue : ils étaient dans le mauvais camp, celui des conservateurs, et non celui du progrès. Samedi 8 Septembre 2018, ce sont au contraire les gentils qui ont marché, ceux qui se mobilisent pour la planète, le climat et la biodiversité. Ils n’étaient pas 20 000 à Paris, mais ce fut pour les médias un grand succès. La parole fut d’ailleurs donnée généreusement à ces ravis de la crèche : ils veulent faire bouger les choses, demander à leurs gouvernements d’agir, et sont fiers de se battre pour cette grande cause. Ces foules narcissiques où chacun exhibe à peu de frais ses bons sentiments, dont les causes comme les buts sont bien vagues, sont une marque de notre époque. Certes, ça ne fait pas de mal de marcher un peu, mais pourquoi ? Parce que l’été 2018 a été chaud ? Parce que Hulot a démissionné ? Pour produire moins de gaz carbonique ? Pour consommer moins d’énergie ?
Le président élu par les Français a hélas montré qu’on pouvait les faire marcher sans qu’ils sachent au juste où on les emmène. Car enfin ce grand mouvement qui avait hier une dimension internationale repose sur une peur confuse et n’apporte aucune réponse réaliste. Que les habitants de San Francisco soient appelés à manifester contre l’anti-écologiste Trump et soient motivés à le faire par les incendies gigantesques qui ravagent l’Etat depuis des années est compréhensible sinon justifié, même si l’on peut penser que l’insuffisance des mesures prises par les gouverneurs de Californie est plus coupable que le retrait de la signature américaine à l’Accord de Paris sur le climat. Les Stoïciens disaient justement : » Il y a ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. » La politique ne peut agir que dans le domaine qui dépend de l’action des hommes, et dans la limite du pouvoir politique en question. Les Français qui marchaient hier auraient du se poser plusieurs questions.
La France sur laquelle, en tant que citoyens, ils ont quelque influence a-t-elle un rôle déterminant dans l’éventuel dérèglement climatique ? En gardant l’hypothèse selon laquelle celui-ci serait engendré par la production de C02, la réponse est évidemment négative, d’abord en raison de la taille du pays, mais surtout parce que son électricité est majoritairement produite par les centrales nucléaires qui ne dégagent pas de CO2. Ce constat posé, on se rend compte que l’idée d’une diminution de la consommation de charbon nous est étrangère dans ses applications. Mais elle est inacceptable pour des pays comme la Chine ou l’Inde où le développement indispensable dépend des centrales thermiques. En Europe même, c’est le cas de la Pologne, et surtout de l’Allemagne, qui offre un saisissant exemple des contradictions d’une peur écologique à une autre : Mme Merkel, qui n’est pas à une bêtise près, a abandonné le nucléaire au profit du charbon, apparemment pour éviter les conséquences d’un improbable Tsunami sur le Rhin, et surtout pour acheter le charbon américain à bas prix. Les Français n’ont aucune raison de fermer leurs centrales atomiques qui ont le mérite de fonctionner jour et nuit quand les énergies renouvelables fournies par le vent et le soleil ne sont que les intermittents du spectacle, pour ne pas dire, de simples figurants.
Mais les marcheurs pouvaient aussi se poser d’autres questions qui demandent un peu plus de réflexion que le souvenir d’un été chaud, excellent pour le vin, d’ailleurs. La principale a été posée par Claude Allègre, voici 8 ans, dans son ouvrage, « L’imposture climatique, ou la fausse écologie » : est-on si sûr que le réchauffement climatique soit un fait ? D’autres interrogations s’ensuivent : si ce phénomène est réel, est-on certain qu’il provienne de l’action humaine ? Que le rejet de CO2 dans l’atmosphère soit plus important en raison de l’activité des hommes, est-il si évident que ce soit une si mauvaise chose ? Il faisait plus chaud au haut Moyen-âge qu’aujourd’hui. C’est ce qui a permis aux Vikings d’atteindre le Groenland, la « Terre verte », devenue blanche par la suite. Il y a des cycles d’augmentation et de baisse des températures moyennes qui s’expliquent par de nombreux autres facteurs et notamment par l’action du soleil, des Océans, ou des éruptions volcaniques. Vouloir réduire un phénomène à une seule cause n’est guère scientifique pour des phénomènes aussi complexes. Les physiciens se moquent de la prétendue communauté scientifique qui regroupe des météorologues, des économistes et des journalistes pour signer des articles dans Libération. Ces trois corporations se sont toujours illustrées par la justesse de leurs prévisions. Le propre de la Science est de ne pas dépendre de la majorité, ni du consensus, mais de la démonstration. En débusquant le truquage du parallélisme des courbes des températures moyennes et du rejet des gaz à effet de serre, Claude Allègre avait rappelé que le doute cartésien est indispensable à la découverte de la vérité. Il est plus important de savoir comment ça marche que de marcher.