Bernard Arnault ? Éric Zemmour n’est pas fan, mais alors pas du tout. Mardi matin, sur RTL, il explique pourquoi : “C’est un de ces financiers que l’on dit requin, qui a érigé sa fortune en dépeçant des industriels à l’ancienne grâce à l’aide de banques, souvent publiques et même de l’État, qui a, par exemple, remis au pot pour lui permettre de reprendre les affaires Boussac, à l’origine du LVMH d’aujourd’hui. C’est le savoir-faire des petites mains françaises qui lui permet d’exporter dans le monde entier et avec le luxe, Arnault touche à l’Histoire de France. Il vend au monde entier des siècles de raffinement et d’art de vivre. Derrière des sacs ou des parfums, c’est Marie-Antoinette, la Pompadour, Boucher, Fragonnard, les ébénistes, les jardins de Versailles que, symboliquement, les Chinois, les Japonais ou les Américains lui achètent. C’est l’âme de la France qui lui a permis de devenir une des plus grandes fortunes du monde. Bernard Arnault incarne avec éclat cette sécession des élites qui ne veulent plus rien avoir à faire avec leur pays, qui ne connaissent plus que le marché mondial. Une révolte des riches que tous les pays occidentaux subissent depuis plusieurs décennies et qui est l’autre nom de la mondialisation.”
Les leçons de morale de la gauche ou la Une de Libération (“Casse-toi, riche con !”) ? Éric Zemmour n’apprécie guerre davantage : “La gauche française est très mal placée pour dénoncer Bernard Arnault, parce que l’internationalisme, c’est son truc. À 20 ans, ils ont tous crié dans les rues de Paris ‘Nous sommes tous des juifs allemands !’ À 60 ans, ils sont tous devenus européens. Toute leur vie, ils l’ont jouée citoyens du monde, défendant l’immigré qui est chez lui chez nous, maudissant le franchouillard, le beauf, la France moisie. Ils ont vu derrière tout béret un raciste, derrière la moindre baguette de pain, la France du repli haineux. La double nationalité franco-belge de Bernard Arnault est une trahison, pour eux, mais celle franco-marocaine ou franco-sénégalaise ou franco-américaine est à leurs yeux énamourés une richesse. C’est peut-être la Belgique qu’ils n’aiment pas. Pourtant, la Belgique est le cœur de l’Europe, qui, selon la belle et perverse formule de François Mitterrand, est notre avenir, quand la France n’est que notre patrie, autant dire ‘notre passé’. Et du passé, faisons table rase !”
Éric Zemmour continue : “Bernard Arnault, après tout, les a entendu, Bernard Arnault les a écouté. Après tout, il est de leur génération, il est des leurs, il est un citoyen du monde, comme la plupart des patrons du CAC 40 sont des citoyens du monde faisant travailler d’autres citoyens du monde, qui ont la vertu d’être moins chers que les ouvriers franchouillards qui sentent la France moisie. Et c’est cette gauche-là qui a le brave culot de nous parler de patriotisme afin de faire passer une pilule fiscale amère. Au moins, nos grands-mères ne prétendaient pas que l’huile de ricin était un Gevrey-Chambertin ! Mais la patrie, c’est tendance. Les plus intelligents et les plus malins du Gouvernement l’ont senti avant les autres : Valls se prend pour Clémenceau, Peillon pour Jules Ferry. Mais avec Arnault, la tendance devient mode, la stratégie… stratagème. La flûte devient grosse caisse et les accents patriotiques vont à cette gauche comme des lunettes roses à un canard.”
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