Dimanche 13 mai, l’Institut Civitas organise un “hommage national à Sainte Jeanne d’Arc” dans les rues de Paris. Rencontre avec Alain Escada, secrétaire général de ce lobby catholique rendu célèbre par sa mobilisation à l’automne contre deux pièces de théâtre christianophobes.
Alain Escada, Jeanne d’Arc n’est-elle pas une figure démodée ?
Jeanne d’Arc ne sera jamais démodée. Pour qui veut faire sa connaissance, étudier l’histoire de sa vie et s’approcher de son âme, il saute aux yeux que l’héroïcité de ses vertus fait d’elle un modèle à imiter pour quiconque voudrait servir à la fois Dieu et la France. Sa mission est essentiellement politique, au sens noble du terme. Elle vient redresser la France. Cela signifie restaurer l’autorité légitime, celle qui est authentiquement soucieuse du Bien Commun, du respect de la Loi naturelle et du Décalogue. Cela signifie rétablir un ordre chrétien. Cela signifie aussi le refus de l’occupation étrangère et la défense de l’indépendance politique de la France baptisée à Reims avec Clovis. Cela se passe au XVème siècle mais c’est toujours d’actualité. Qui veut agir en politique doit connaître l’Histoire. Mettez en parallèle la chute de l’Empire romain et la situation d’aujourd’hui. Faites de même entre ce début de XVème siècle dans lequel évolue Jeanne d’Arc et la situation d’aujourd’hui. A l’éclairage de ces deux seules comparaisons, vous pourrez mieux appréhender les causes et les conséquences de chaque acte posé par les décideurs politiques contemporains.
En voulant rendre hommage à Sainte Jeanne d’Arc en cette année qui commémore le six-centième anniversaire de sa naissance, Civitas rappelle que, même lorsque les situations semblent catastrophiques, l’espérance reste de mise, à condition de relever les défis, d’accepter de batailler avec tous les risques que cela comporte, et de le faire en implorant Dieu de nous donner les grâces pour bien agir. Pas de victoire sans bataille. Pas de victoire sans Dieu.
Quelle signification particulière aura cet hommage en 2012, alors que François Hollande vient d’être élu président de la République et que des élections législatives sont organisées en juin ?
N’est-ce pas providentiel ? Cet hommage à Sainte Jeanne d’Arc, fixé officiellement à la fois par l’Église catholique et par l’État français le deuxième dimanche du mois de mai, suit directement le dimanche du second tour de l’élection présidentielle.
Jeanne d’Arc a toujours accompagné l’Histoire de France. C’est à la suite des lois de 1905 imposant la séparation de l’Église et de l’État que le pape Pie X prononce le décret de béatification de Jeanne d’Arc. Et c’est au moment où François Hollande veut inscrire dans la Constitution cette séparation de l’Église et de l’État que l’Histoire nous invite à fêter le six-centième anniversaire de Jeanne d’Arc.
Cet hommage organisé le 13 mai après-midi aura donc en effet une signification particulière : dire NON à la destruction programmée de la civilisation chrétienne et de la patrie française.
En clair, il s’agit de faire comprendre qu’une vigilance particulière va s’installer dès à présent pour riposter au quart de tour à tout projet ou proposition de loi anti-chrétien, anti-familial ou anti-national. Je pense bien sûr au mariage homosexuel, à l’adoption d’enfants par des duos homosexuels, à l’euthanasie, à de nouvelles mesures facilitant plus encore l’avortement, à la volonté de placer très tôt les enfants sous l’emprise d’une Éducation nationale organisant par ailleurs une déculturation et une culpabilisation de nos enfants vis-à-vis de leur identité nationale tout en cherchant à les pervertir par des cours d’éducation sexuelle et sur l’orientation du genre sexuel dès l’école primaire, sans oublier le droit de vote des étrangers extra-européens. Et je pourrais continuer cette liste de menaces qui pèsent sur nos têtes…
A tout cela, il faudra résister. Il s’agira tôt ou tard, à l’instar de Jeanne d’Arc, de mener bataille et de prier Dieu de nous accorder la victoire.
Tout le monde a-t-il sa place à votre hommage ?
Tout le monde, sans doute pas, mais beaucoup, sans souci des clans ni des chapelles.
“C’est à la suite des lois de 1905 imposant la séparation de l’Église et de l’État que le pape Pie X prononce le décret de béatification de Jeanne d’Arc. Et c’est au moment où François Hollande veut inscrire dans la Constitution cette séparation de l’Église et de l’État que l’Histoire nous invite à fêter le six-centième anniversaire de Jeanne d’Arc…”
Civitas appelle le pays réel, celui des terroirs et des clochers, attaché à la France éternelle, ses traditions et ses coutumes, et fidèle à ses racines chrétiennes et à la foi de ses ancêtres, à se rassembler le 13 mai à 14h30, place Saint Augustin à Paris.
Quel rôle souhaite jouer l’Institut Civitas dans les prochaines années, lui qui s’est clairement positionné comme un “lobby catholique” à l’automne dernier ?
L’objectif de Civitas est de faire entendre la voix des catholiques dans le débat public et de peser ainsi sur les décisions notamment des acteurs politiques, économiques et culturels. Tout combat catholique sera nôtre.
Bien sûr, on nous rétorquera que nous ne représentons pas tous les catholiques. Mais qui aujourd’hui, hors le Christ, pourrait prétendre faire derrière lui et sans discussion l’unanimité des catholiques ?
Avec Civitas, nous comptons faire entendre la voix d’un catholicisme fidèle à la doctrine traditionnelle de l’Église. Sans honte et sans mollesse.
Allez-vous vous inspirer de ce qui se fait outre-Atlantique (organisations avec nombreux permanents, levées de fonds, etc) ?
Civitas doit en effet s’étendre et se structurer en disposant de moyens qui permettront un vrai travail mené en profondeur et au quotidien.
Regardez les associations du lobby gay, les mouvements favorables aux lois mortifères, le MRAP, la Licra, et tant d’autres organisations, qui disposent de locaux et de permanents pour subvertir la société. Face à ce rouleau compresseur, le bénévolat ne suffit plus.
Dans le domaine sportif, on voit bien la différence entre les amateurs et les professionnels.
Aujourd’hui, dans les débats de société, il serait hautement souhaitable qu’apparaisse un lobby bien organisé, fonctionnant avec méthode et disposant de permanents pour assurer la défense et la promotion de la civilisation chrétienne et de la patrie française. C’est le rôle qu’espère pouvoir à terme occuper Civitas. Mener des campagnes d’information à l’échelle nationale. Utiliser les grands moyens de communication. Nettoyer les esprits de tous les mensonges distillés matin, midi et soir par la pensée dominante. Réapprendre à nos contemporains à réfléchir. L’ampleur de la tâche est immense. Mais si Dieu veut…
Certains chrétiens évangéliques commencent à s’organiser pour peser tandis que chez les catholiques, les initiatives se multiplient (Audace 2012, Catholiques en campagne, etc). Comment observez-vous cette tendance ?
Cette tendance est tout simplement logique : c’est une conséquence de la Foi. Le seul trésor que ses détenteurs veulent partager ! Le christianisme enseigne le souci du Bien Commun. Cela nous amène à nous intéresser à l’organisation de la société et donc à la politique.
Ce souci – qui fait partie des enseignements de l’Église – avait été hélas mis sous le boisseau depuis les années 1960. Mais à force d’accélérer le processus de déchristianisation, nos adversaires ont involontairement réveillé les chrétiens et particulièrement les catholiques. On regrettera tout le temps perdu, pendant lequel trop de chrétiens sont restés des spectateurs amorphes d’une décadence orchestrée. Mais un réveil catholique est perceptible à travers différentes initiatives et il faut s’en réjouir. La mobilisation de l’automne dernier menée par Civitas contre les spectacles christianophobes a indéniablement participé à ce réveil.
Est-il possible aujourd’hui de faire travailler catholiques et non croyants sur des projets pour la France ?
Bien entendu. Il n’est pas rare de rencontrer des gens qui n’ont pas la Foi mais qui reconnaissent les bienfaits du christianisme ou qui partagent tout simplement un regard conforme à la Loi naturelle. Discutez avec les gens et beaucoup vous diront que c’est tout simplement du bon sens.
Et j’observe par ailleurs un phénomène en recrudescence : de nombreuses personnes de tous âges, révoltés par l’évolution de la société et en quête de repères stables, qui découvrent ou redécouvrent la foi de leurs ancêtres. Dans un premier temps, cela passe par une démarche identitaire. Et cela se termine de plus en plus souvent par des baptêmes d’adultes. Les voies de Dieu…
> le site de l’Institut Civitas
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