Il y a trois Simone. La terrible Simone, qui a donné son nom à la funeste loi Veil ; la Simone (de Beauvoir), féministe ; et enfin la Simone, la philosophe : Simone Weil, grand penseur de l’enracinement et du Tsim Tsoum.
La Simone d’ « Adieu Simone » est Simone de Beauvoir, idole des féministes déconstructeurs qui l’ont suivi.
Gabrielle Cluzel, rédactrice en chef de l’excellent Boulevard Voltaire, prend le scalpel du bon sens et dissèque l’idéologie féministe de Beauvoir et de sa secte devant nos yeux. Ici pas de grammaire du genre (« cher-e-s ami-e-s » soyez « indigné-e-s »), qu’on voit s’étendre partout, en tous lieux ; pas de longues larmoyades sur le statut de la femme opprimée en France ; pas de recettes bio ou de conseil beauté (les « 3 M » de la presse féminisme : « Mode, Maquillage, Mecs ») : madame Cluzel mène une déconstruction féminine des déconstructeurs féministes, et de surcroît avec finesse et avec humour.
Le féminisme ridicule et contradictoire
La galanterie des hommes envers les femmes est a priori louche (on trouve une bonne analyse du « féminisme bienveillant » dans le livre) ; les formulations institutionnelles doivent être féminisées (cf. l’affaire Julien Aubert, député condamné pour avoir dit « Madame le Président » – sic.) ; dérégulation de la vie sexuelle des femmes sous couvert de leur “libération” ; dispositifs ridicules de « défense de la femme » (numéro verts en cas de violence, spécialité française). Gabrielle Cluzel arrive à nous montrer comment cela est ridicule et contradictoire. Bref, comment le féminisme est dérisoire (chap. 2). Mais derrière cette dérision, il y a la gravité d’une situation idéologique imposée aux femmes et aux hommes.
Car le féminisme est aujourd’hui coercitif et « tyrannique ». Première victime de ce « féminisme aux allures de rombière de Faisant » : l’homme. Car la rombière est « acariâtre et autoritaire avec sa moitié, l’homme occidental faible et maigrelet, qu’elle morigène toute la sainte journée et fait avancer tête baissée »…
Deuxième victime, corrélative, de ce féminisme : l’Occident. « La journée de la femme est d’abord une litanie de griefs contre l’Occident », écrit justement Gabrielle Cluzel. Le féminisme occidental – français, en particulier – s’est construit en déconstruisant le rapport de la femme à la société occidentale et au christianisme. Tel un élément prix dans une dialectique, ce féminisme ne peut plus exister en dehors de la contradiction et de l’opposition avec le monde occidental.
Du féminisme de Beauvoir au « féminisme islamique »
Pis encore, et c’est là la grande contradiction du féminisme post-moderne, la gauche féministe a aussi engendré, par omission ou par volonté perverse, la prolifération d’un « l’islam impérieux » qui a une toute autre vision de la femme. Car si la gauche est ultra-féministe, elle est aussi immigrationniste, ouverte à l’ Autre dans toutes ses dimensions, y compris les plus misogynes, justement. « Oui, on peut être laïque, féminine et voilée », affirme Ilham Moussaid, candidate voilée du NPA, ce qui n’a provoqué aucune remarque de la part des féministes : ces dernières qui brûlaient des soutiens-gorges ne savent pas toucher à un hijab, et celles qui « pissaient » sur les curés n’osent pas émettre la moindre critique contre un imam. « L’image et le statut de la femme véhiculé par l’islam ont des conséquences directes sur les femmes occidentales », affirme Gabrielle Cluzel, qui nous montre avec courage comment, finalement, à la marxiste lutte des classes s’est substituée la lutte des sexes et des races – ou comment on est passé du féminisme de Beauvoir au « féminisme islamique » (qui veut par exemple « décoloniser le rapport homme/femme », sic). Ces luttes sexuelles et raciales sont joyeusement entremêlées et orchestrées par les tenants de la gauche idéologique, afin de conserver ses électorats et ses haines. Merci madame Cluzel de dénoncer la manipulation.
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Malgré le fond gravissime de l’affaire, Gabrielle Cluzel réussi à nous proposer un livre pétillant, plein de bons sens et de formules saillantes ; on arrive à se poiler souvent en tournant les pages de ce livre.
Quoiqu’il persévère, tel les derniers soubresauts d’un cadavre, le féminisme idéologique de gauche est sûrement sur sa fin : on peut donc commencer à en rire.
Sur une voie d’autodestruction, laissant la femme sans défense, en proie à un islam prédateur, le féminisme idéologique est effectivement mort, mais c’est surtout à la femme, maintenant, de se libérer : « Les droits de la femme se résument en un seul : celui d’en être une, pleinement ».
Un peu moins de féminisme, plus de féminité !
>> Gabrielle Cluzel, Adieu Simone, Le Centurion, avril 2016
Vivien Hoch, avril 2016
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