Bon, voilà, on y est, la crise épidémique est là et on peut déjà s’interroger sur la capacité des pays européens à encaisser le nombre croissant de malades (dont un pourcentage important devra être placé sous respiration artificielle). L’Italie est déjà débordée, et on peut donc gloser longtemps sur les effets humains et médicaux de cette épidémie. Cependant, que la crise sanitaire soit importante ou non, la crise économique, elle, ne fait guère de doute puisqu’elle est déjà là…
Et pour une bonne crise, il suffit de laisser intervenir les frétillantes andouilles qui dirigent les États. Ainsi, on entrevoit toute la puissance de nos clowns à roulettes au gouvernement avec par exemple l’idée lumineuse de Bruno Le Maire, décrétant un blocage des prix sur le gel hydroalcoolique, ce qui entraîne évidemment une pénurie, parfaitement prévisible.
C’est parfaitement idiot d’autant plus que les produits de substitution existent nombreux, et que la production est normalement triviale, et tout à fait à la portée d’un continent comme l’Europe. Il fallait toute l’inculture économique et psychologique d’un ministre pour transformer ces tensions de marché en échec cuisant.
Dans la même veine des bonnes grosses interventions étatiques indispensables à accroître le problème plutôt que le résoudre, on parle déjà, ici ou là, de « relance économique » par des stimulus divers et variés mais dont l’idée générale reste toujours la même : et si on injectait de l’argent à gros bouillons dans les bourses pour doper l’activité ? C’est-y-pas une idée qu’elle est bonne ?
Évidemment, on peut être dubitatif sur ces idées compte-tenu des effets des précédents stimulus qui ont surtout dopé les bulles et largement financiarisé l’économie au détriment des productions de richesses répondant à une demande précise. Et puis la magie des taux négatifs a complètement modifié (et pas en bien) les comportements face au risque entraînant des allocations massives de capitaux vers des secteurs normalement peu ou pas rentables et dont on soupçonne fortement la fragilité au moindre retournement de tendance.
Malgré ce constat, il semble qu’une fois encore, en remettant une bonne grosse couche d’une solution qui n’a pas marché des masses, on va enfin avoir des effets bénéfiques.
De toute façon, reconnaissons-le : les armes des banques centrales sont un peu épuisées. On ne peut guère baisser plus les taux directeurs, et les états de situation financière de ces banques montrent une accumulation gravissime de créances plus ou moins pourries, le tout sur fond de dettes énormes des États occidentaux (la France est à plus de 100% de dettes par rapport à son PIB pour rappel).
On comprend donc que les marges de manœuvres sont donc particulièrement étroites et quoi qu’il arrive, le bilan économique de 2020 ne pourra pas être magnifique.
Ainsi, en Chine, on parle déjà de récession au moins pour le premier semestre 2020. C’est assez peu étonnant du reste, lorsqu’on constate les exportations chinoises sur les deux premiers mois qui se sont très nettement affaissées, pour le dire gentiment.
L’activité économique chinoise a été profondément marquée par cette épidémie.
Et si la Chine exporte nettement moins (voire plus du tout), les flux opposés en ont eux aussi pris un coup : les exportations vers la Chine sont aussi en berne (ici, on pourra voir l’exemple australien, mais nul doute qu’on peut reproduire le schéma avec les exportations européennes et françaises en particulier).
En substance, le seul produit chinois qui se soit vraiment trop bien exporté ces dernières semaines, c’est le fameux virus. L’épidémie résultante provoque d’ailleurs une baisse de la demande pétrolière et, par voie de conséquence, une chute des prix du baril (rassurez-vous, vous n’en verrez à peu près rien à la pompe, l’État français se chargeant goulûment d’amortir les chocs à la baisse en augmentant les taxes au besoins, le petit malin).
Cette baisse des prix est bienvenue en ces temps délicats, mais on devra néanmoins s’attendre à des impacts important de cette crise sur certains marchés bien français comme le luxe, l’aéronautique et, notamment, le tourisme. En effet, qui veut aller visiter un pays où les gens sont contaminés ? À tort ou à raison, on va avoir du mal à attirer des touristes si on ne garantit pas l’absence de contamination dans le pays, ce qui pour le moment n’est pas gagné.
Par voie de conséquence, on doit raisonnablement tabler sur des impacts sensibles sur la restauration, et l’hôtellerie, puis les sous-traitants et artisans de ces industries qui seront inévitablement touchés.
Bien évidemment, la phase 3 de l’épidémie est inévitable et probablement déclarée dans les prochains jours. Avec elle, on peut s’attendre à différents autres impacts, au moins économiques : les gens se confinant, les commerces vont directement faire les frais de cette baisse d’activité ; si le télétravail est possible dans une certaine mesure, il faut comprendre que ce n’est pas le cas pour une majorité d’entreprises, de services. La fermeture des écoles, des universités, des administrations va provoquer des effets secondaires qu’il est difficile d’évaluer, mais il est assez peu vraisemblable que ce soit bénéfique économiquement.
La mise en quarantaine de certaines régions, réellement très complexe voire impossible en pratique, se traduira immanquablement par des faillites en cascade.
La bonne nouvelle, c’est que l’épidémie passera. Beaucoup survivront et l’Humanité s’en sortira : non seulement le taux de mortalité global n’est pas assez fort pour présenter un danger à cette échelle, mais il est raisonnable de penser qu’on trouvera traitements et vaccins dans les prochains mois. Et donc, par voie de conséquence, la crise économique, elle aussi passera.
Mais il est d’ores et déjà certain que l’épidémie de Covid19 aura un impact économique considérable en 2020 dont on parlera longtemps après.
> H16 anime le blog Hashtable.