Si je me réjouis ainsi de la victoire de Trump aux élections présidentielles américaines, ce n’est pas parce que je serais tombé soudain amoureux du « milliardaire populiste », de « l’énergumène vulgaire », du « machiste et raciste invétéré » (comme le désignent, non sans mépris, la plupart de nos éditorialistes attitrés)… Le personnage, pour ce que j’en connais, n’est, il est vrai, guère sympathique. De toute façon, un président américain ne peut être, à moi citoyen français, « mon » président et, en aucune façon, il n’a à m’être sympathique. Il me suffira seulement qu’il soit le moins nuisible possible…
J’ai en effet deux bonnes raisons de me réjouir de son élection, élection que, pour ma part – je l’avoue humblement – je ne m’étais pas autorisé à croire possible, contrairement à mon grand ami de l’Etang-Salé (il se reconnaîtra) avec qui j’avais bien imprudemment engagé un pari. Cela va me coûter une bonne bouteille que j’aurais grand plaisir à déboucher et à déguster avec lui !
La première de ces raisons, c’est que, par son élection, Trump a eu l’immense mérite de nous débarrasser et de débarrasser le peuple américain du calamiteux couple Clinton. Nos médias, toujours si soucieux de nous fournir une information complète et équilibrée, n’avaient pourtant pas jugé utile de nous révéler combien les Clinton, ces politiciens théoriquement « de gauche » mais soutenus, financés et mandatés par tout ce que Wall Street compte de magnats de la finance internationale, étaient, d’une façon aussi large, cordialement et à juste titre détestés par l’Amérique profonde, que ceux des électeurs étatsuniens qui se rassemblaient derrière eux pour faire campagne, ceux qu’on mettait systématiquement en avant et à qui on donnait si complaisamment la parole dans nos médias, ne représentaient guère dans le pays qu’une « élite » urbaine privilégiée finalement nettement minoritaire, les couches sociales les plus favorisées (avec à leur tête toutes les bruyantes vedettes du show-biz !), et étaient très loin d’être représentatifs du pays tout entier.
Je disais « nous débarrasser » parce que les conséquences bénéfiques de l’élimination de Mme Clinton ne se limiteront pas au seul territoire étatsunien mais s’étendrons probablement aussi au reste du monde. On sait, ou on devrait savoir, combien la politique étrangère des Clinton, Bush et, dans une moindre mesure, Obama, a été préjudiciable à la paix du monde. C’est leur interventionnisme à tout va, appuyé par leurs vassaux empressés et dociles, les Sarkozy, Hollande, Fabius, Merkel, etc., qui, ces dernières années, a mis le Proche-Orient à feu et à sang, qui fait courir au monde entier le risque d’une déflagration généralisée. Or, Trump, qualifié par certains commentateurs d’« isolationniste », a laissé entendre lors de sa campagne qu’il avait l’intention de s’opposer à cet interventionnisme dangereux et, en particulier, à mettre fin à la politique d’incessantes provocations et de confrontations hargneuses avec la Russie de Poutine, qu’une des premières choses que précisément il ferait s’il était élu (et on le lui a abondamment reproché) serait de rencontrer le président Poutine pour chercher avec lui un terrain d’entente.
La deuxième de mes raisons, c’est que, grâce à cette miraculeuse élection, je peux et tous nous pouvons – pour moi, je ne le cacherai pas, c’est avec la plus extrême délectation que je le fais ! – jouir du piteux embarras dans lequel se trouvent aujourd’hui plongés tous ceux qui, journalistes, hommes politiques et autres faiseurs d’opinion se voient opposer un aussi cinglant démenti à tout ce qu’ils passaient jusqu’ici leur temps à nous seriner en matière de savantes analyses et de sagaces prédictions : jamais Trump ne sera le candidat qui sortira vainqueur des primaires républicaines, puis, quand il les a eu malgré tout remportée haut la main, jamais il ne sera élu contre Clinton, et, jusqu’à hier – cela est sûr et certain ! – le prochain président des Etats-Unis, ce sera une présidente, Hillary Clinton… Quelles sont belles et acrobatiques les contorsions auxquelles sont maintenant contraints de se livrer tous nos commentateurs patentés, les BHL et compagnie, tous les ténors de la scène médiatique, pour tenter, tant bien que mal, de justifier le fait qu’ils aient ainsi pris leurs désirs pour des réalités et aient ainsi cherché à nous convaincre avec tant de zèle de leur bien-fondé. Une fois de plus, ce qui est publiquement en question, c’est leur compétence, leur expertise et leur honnêteté !
Alors, il y avait déjà eu le Brexit, lequel, prenant de court les propagandistes de la pensée officielle, avait très heureusement surpris les simples citoyens que nous sommes. Quel nouveau rebondissement « inattendu » les prochains mois nous réservent-ils et quelle nouvelle « heureuse surprise » sont-ils susceptibles de nous offrir ? Le repris de justice (deux fois condamné pour malversation) que les socialistes ont choisi comme premier secrétaire de leur pauvre parti en train de sombrer inexorablement (et peut-être définitivement), je veux bien sûr parler du pittoresque Cambadélis, vient de déclarer sur Tweeter : « La gauche est prévenue ! Continuons nos enfantillages irresponsables et ce sera Marine Le Pen #Presidentielles2017 #Trump #USElection2016 » De sa part, voilà une bien encourageante prophétie, que j’aimerais, moi aussi, pouvoir reprendre à mon compte ! Alors, qui sait ?
André Pouchet, le 10/11/16.
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