Le « French bashing » est à la mode : chez les Anglos-saxons bien sûr ; mais aussi parmi les élites libérales françaises qui déplorent, non sans raison, les excès règlementaires et fiscaux de notre pays. Mais il ne faut pas oublier que la France, si irritante soit-elle parfois, c’est aussi le pays qui donne du sens.
Le vote de la loi sur le « mariage gay », imposé dans tout l’occident par les officines politiquement correctes et Hollywood, cela a pris trois heures au parlement néo-zélandais ; guère davantage à Bruxelles et à Amsterdam. Pas si simple à Paris ! Un an de débat philosophique, six mois de débat parlementaire, plus d’un million de manifestants dans les rues, et une mobilisation qui ne faiblit pas. En France on ne change pas de civilisation en catimini !
Et pour les Français, l’ouverture des magasins le dimanche ce n’est pas seulement une question économique. C’est aussi un choix de société. D’autres valeurs que les intérêts marchands doivent être mis dans la balance. Là aussi on débat, là aussi on cherche le sens.
C’est aussi la raison pour lesquelles la construction d’éoliennes et la prospection des gisements de gaz de schistes se heurtent à de fortes oppositions. La singularité et la richesse de la France, c’est la beauté séculaire de ses paysages qu’il convient de protéger des dévastations contemporaines.
Ce rapport à la nature, à la terre, aux paysages se trouve aussi dans la persistance, là aussi très française, du monde de la chasse : plus de 1 200 000 licenciés, record d’Europe, mais aussi et surtout plus de 40 modes de chasse différents, toujours vivants, toujours pratiqués, singulière alliance, de nature, de culture et de tradition.
“Il ne faut pas oublier que la France, si irritante soit-elle parfois, c’est aussi le pays qui donne du sens.”
La France c’est aussi la volonté de sauvegarder son exception culturelle. Non sans un certain humour (involontaire), artistes et acteurs défendent pour eux une préférence nationale qu’ils refusent aux autres… Mais l’exception culturelle, c’est plus que cela, c’est, depuis les accords, Blum/Byrnes de 1946, une volonté française de résistance à l’ordre hollywoodien du monde.
La France, c’est aussi une terre de dissidence pour le meilleur et/ou pour le pire selon les points de vue. Dissidence historique avec le courant révisionniste de Robert Faurisson poussant la France d’abord, puis à sa suite tous les pays européens, à se doter de législations répressives conduisant à poser la question – cruciale – de la liberté d’expression et de ses limites.
Dans un tout autre domaine, dissidence religieuse cette fois, avec la contestation de Vatican II et la défense de la tradition catholique avec Monseigneur Lefebvre. Un vif débat théologique là encore né en France et qui n’est pas prêt de s’éteindre.
Enfin, en matière politique, la France a aussi innové en disposant depuis trente ans du premier et souvent du plus puissant parti populiste d’Europe. Un Front national qui quoiqu’on en dise a aussi présenté dès l’origine le populisme le plus intellectuellement construit : sur l’immigration, dès 1983/ 1985, avec la promotion de la préférence nationale et l’élaboration d’un discours identitaire ; sur l’indépendance nationale et la souveraineté, dès 1990/1992, avec le refus de la guerre du Golfe et l’opposition au traité de Maastricht ; sur la critique de la mondialisation – dans la lignée du Prix Nobel Maurice Allais – avec , dès 1993, la condamnation des accords libre-échangistes du GATT.
De Gaulle est mort. Ceux qui s’en prétendent ses héritiers l’ont trahi. Mais la France reste plus que d’autres pays réfractaire à l’américanisation du monde. Mieux que d’autres, elle résiste au bulldozer de la globalisation. Pays idéologique par excellence c’est dans ses chaudrons intellectuels et politiques que se cristallise le non à la mondialisation et à l’indifférenciation et que se dessine le monde qui vient.
> Jean-Yves Le Gallou est le président-fondateur de la Fondation Polémia.
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