Migrants : une photo de propagande

Un enfant meurt toutes les sept secondes faute d’accès aux soins, selon Médecins du monde. Jadis Coluche se fit l’écho d’une certaine indifférence du Français moyen devant la misère : « Moi je me fous de tout ça, j’arrive pas à m’intéresser ». Aujourd’hui, les sondages montrent que les ouvriers sont la catégorie socioprofessionnelle la moins « accueilliste ». Et la fameuse photo du petit Syrien noyé a été rabotée afin de faire sortir du champ deux pêcheurs à la ligne turcs vaquant, indifférents, à leurs occupations.

Ce n’est pas la seule manipulation de ce cliché. Seule la presse canadienne révéla que le frère de la victime, petit être chétif mort de la même façon, n’avait pas été mitraillé au téléobjectif. Personne n’en entendit parler jusqu’aux déclarations du père selon lesquelles « mes enfants m’ont glissé des mains ». Explication a posteriori, chargée de compléter des déclarations à chaud lacunaires quant à ses tentatives éventuelles de faire passer, selon la formule, les femmes et les enfants d’abord.

Grâce au Wall Street Journal, on apprit également que la famille était installée depuis trois ans déjà en Turquie, que le père travaillait mais ne gagnait pas assez et avait besoin de se faire soigner les dents. Preuve qu’il ne fuyait pas une oppression politique, le père est d’ailleurs retourné inhumer sa famille en Syrie. On n’est donc pas en présence de personnes pourchassées en tant qu’opposants, mais d’immigrants économiques.

L’accueillisme indiscriminé de gens qui ont en tête de s’installer où bon leur semble ne relève pas du droit d’asile. Les colonnes de jeunes hommes correctement vêtus et nourris, passant les frontières en pianotant sur leur portable, ne correspondent pas à ce que François Hollande appelle « les martyrisés, les proscrits ». D’autant qu’ils sont couvés par des associations d’extrême-gauche déroulant des banderoles de bienvenue, parfois secondées par des citoyens commotionnés par l’instrumentalisation d’une photo.

Dans ce contexte, où l’on se félicite que les journaux populaires britanniques, jadis rétifs à l’immigration, soient rentrés dans le rang, la peur de passer pour sans-cœur terrifie les gens en place. Car ce montage photographique est chargé d’exercer un chantage. Cette photo symbolique agit en déclencheur émotionnel qui rend bouche bée et bouche cousue. Comme le souligne des internautes, ce « pathos larmoyant diffusé par les médias » surexploite une focalisation « pour imposer ce que les peuples refusent ».

> Marc Crapez est chercheur en science politique. Vous pouvez visiter sa page Facebook ici.

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17 Comments

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  • 0 / 10
  • walkyrie , 12 septembre 2015 @ 12 h 28 min

    On se demande si le père n’était pas lui-même un passeur. A vérifier. Allo guignols de l’Europe ?

  • Stephan_Toulousain , 13 septembre 2015 @ 12 h 11 min

    La présence d’un agent de l’ordre avec un appareil photo fait penser à une mise en scène

  • Katsou , 13 septembre 2015 @ 19 h 46 min

    Lorsqu’un corps est rejeté par la mer, c’est rarement les pieds devant et la tête vers le large, ce me semble…

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