L’illusion se dissipe : ni les contorsions quasi amoureuses à l’égard de Trump, ni les longs et francs dialogues avec Poutine, ni la tentative de convaincre Merkel n’ont eu la moindre réussite, le moindre résultat. Quant aux succès économiques, ils demeurent à la traîne de ceux de l’Europe et du monde, car le soleil qui se lève ne le doit pas au coq français. Il restera la fin du statut des cheminots qui n’entraîne pas d’économie immédiate et ne modifie en rien la situation de ceux qui sont en poste actuellement. Cette victoire à la Pyrrhus aura au passage coûté aux contribuables, que les grèves auront gênés pendant le longs mois, le coût de la reprise de la dette de la SNCF. Plus que jamais Narcisse apparaît sous Jupiter, et son insistance obsessionnelle à vouloir une loi sur les « fake news » en apporte la preuve décisive.
On pourrait s’interroger sur les conditions exceptionnelles qui ont entouré l’élection du sieur Macron, l’éviction tambour battant par la conjonction de la presse et d’un tribunal de son principal concurrent, puis les ristournes importantes qui ont été concédées au candidat de manière privilégiée et sans que l’autorité indépendante, la CNCCFP, sans doute distraite, trouve à y redire. Mais ce qui irrite le personnage, ce sont les bruits qui ont circulé durant la campagne, sur des comptes bancaires exotiques ou sur la vie privée. On n’est pas loin du crime de lèse-majesté, et comme les Parlementaires-godillots qui peuplent le Palais Bourbon ne sont que les outils de celui qui a permis leur étonnante élection, ce dernier passe commande d’une loi conforme à son bon plaisir, qui permettre de traquer les « fake news », pendant les périodes électorales, et notamment celles qui sévissent sur internet.
La démarche comporte un paradoxe : cette offensive contre les fausses nouvelles nous en fournit une qui est vraie. Macron est un obsédé de la communication et sa politique se résume entièrement à la manipulation de celle-ci, d’où sa fureur lorsqu’on prétend jouer sur son terrain. En l’occurrence, son jeu est perdant. A partir d’une vindicte personnelle contre des médias étrangers présents sur internet, russes notamment, la loi vengeresse qu’il a commandée au Parlement est-en train de faire l’unanimité contre elle, des partis politiques à l’exception de ses godillots, de l’ensemble de la presse, du Figaro et du Monde, pour une fois d’accord, des journalistes qui, au SNJ et à RSF protestent contre une nouvelle limitation de la liberté de la presse.
Première flèche : si M. Macron cessait de penser comme il parle, en sabir atlantique, il saurait que les « fake news » sont déjà visées en bon français par l’article a 27 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse qui incrimine la divulgation de fausses nouvelles, que l’article L 97 du code électoral vise particulièrement celles qui perturbent les élections. Il prévoit une amende de 15000 Euros à l’encontre des bruits calomnieux. Deuxième flèche : l’anglais présidentiel est l’indice de son mondialisme heureux entre Minc et Attali, ce mondialisme dont les Gafam sont les vecteurs et les symboles. Cette fois, notre Président est l’arroseur arrosé, car son souci de l’efficacité, de la réussite, de Paris à la Silicon Valley est ici pris en défaut. Les procédures françaises en référé contre « toute allégation ou imputation d’un fait, inexacte, ou trompeuse » ne déboucheront sur rien, car les juges seront incapables de vérifier les faits rapidement et encore moins d’identifier l’auteur pseudonyme d’un tweet ou d’un post parti de l’autre bout du monde et repris peut-être des milliers de fois par une partie du milliard des utilisateurs des réseaux sociaux.
Troisième et quatrième flèches : M. Macron est hors-sujet. C’est le démembrement des Gafam et la restauration d’une souveraineté des Etats-Nations en matière de justice et de responsabilité qui permettrait d’éviter le hors-sujet qui consiste à flageller en vain l’Océan du mondialisme. Enfin, si un sujet est préoccupant dans notre pays, c’est celui de la peau de chagrin de la liberté d’expression rognée de loi en loi par la traque des phobies et de l’historiquement incorrect. Le scandale, ce ne sont pas les bruits colportés sur internet, mais la poursuite méthodique de nos dissidents, de ceux qui ne pensent pas comme le conformisme de la pensée unique oblige à penser, et auxquels j’ai l’honneur d’appartenir, sans avoir d’ailleurs été condamné : les Bensoussan, les Camus, les Cassen, les Ménard, les Zemmour et j’en oublie sans doute. La pression constante des inquisiteurs associatifs et des commissaires politiques de la Justice intimide devant les risques de la publicité négative et du coût des procédures. Elle incite à l’autocensure. La loi actuelle est déjà profondément liberticide. Un nouvelle étape nous éloignera encore davantage d’une véritable démocratie.
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