Alors que Marine Le Pen a qualifié dimanche de “faute politique” la sortie de son père sur la “fournée” d’artistes anti-FN, celui-ci lui a répondu lundi que “la faute politique, c’est de s’aligner sur la pensée unique”. Jean-Marie Le Pen a dénoncé au passage la normalisation du Front National voulu par ses dirigeants actuels : “Ils voudraient ressembler aux autres partis politiques. Si c’est le vœu d’un certain nombre de dirigeants du FN, ils ont réussi”. Sur Twitter, le menhir a déclaré :
Je regrette la déclaration de la présidente du Front National. Elle accrédite la diffamation dont je suis victime
— Jean-Marie Le Pen (@lepenjm) 9 Juin 2014
Il faut dire que Marine Le Pen n’a pas critiqué la sortie de Me Gilbert Collard, élu du Rassemblement Bleu Marine, qui appelait carrément Jean-Marie à prendre sa retraite. Et que son compagnon, Louis Aliot, a jugé sa sortie “stupide politiquement et (consternante)”. A force de laisser sa fille exclure les historiques et d’ignorer ces derniers qui dénonçaient un affadissement du parti, Jean-Marie Le Pen s’est privé des militants qui l’auraient soutenu dans la mauvaise passe qu’il traverse actuellement. Sa plus grande erreur, du point de vue de sa propre liberté d’expression, est d’avoir soutenu sa fille lors du vote interne pour l’élection du Président du FN : « Je souhaite qu’il (Bruno Gollnisch, ndlr) fasse un bon score. Je souhaite que Marine en fasse un meilleur, mais cela n’empêche pas que j’ai de la considération pour son adversaire », avait-il déclaré à l’époque. Le Pen appuyait sa fille « non pas pour des raisons familiales », mais « parce que Marine a les qualités nécessaires et suffisantes pour assumer ces fonctions très difficiles », expliquait-il alors. Un soutien décisif après une mise en orbite médiatique tout aussi décisive. Aujourd’hui, l’éviction de Jean-Marie Le Pen par Marine Le Pen (“non pas pour des raisons familiales” ?) est évoquée par des médias certes mal intentionnés. Ce ne serait que l’énième, toujours dans l’objectif de dédiaboliser le parti et d’améliorer ses scores aux prochaines élections. Une chose est certaine : Jean-Marie Le Pen aurait eu davantage voix au chapitre et droit aux jeux de mot (même de mauvais goût) avec un Bruno Gollnisch président (transitoire ?) d’un FN sans doute moins impressionnant sur le plan électoral. C’est un peu comme si, en 2010, le patriarche avait décidé sa propre exclusion… sachant qu’un Le Pen ne se laisse gouverner par personne, pas même par un Le Pen. Et des Le Pen avec des responsabilités – même symboliques – au FN, il y en a aujourd’hui trois…
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