Le grand cirque de Saint-Pétersbourg a rouvert ses portes pour un nouveau spectacle. Il y des clowns, certes, et des meilleurs. Il y a aussi des acrobates et une cavalerie d’exception, des ours, deux équipes de chiens jouant au football, etc. Bref, tout ce qu’il faut pour passer une excellente soirée au cirque. Cela fait plaisir, et mieux encore, car le spectacle auquel j’ai eu l’extrême plaisir d’assister était dédié à la victoire de la Deuxième Guerre Mondiale, celle qui se nomme en Russie la Grande Guerre Patriotique et qui se fête le 9 mai, décalage horaire oblige… et surtout, arrangements militaro-diplomatiques des dernières heures. Mais oublions ce détail d’histoire qui s’intègre dans le grand tout de cet énorme bouleversement, et dans la forte rouerie du camarade Staline.
Il y avait un risque à présenter des reconstitutions militaires au sein d’un spectacle pareil. Eh bien, le pari fut tenu, et la réussite éclatante, ce qui est bien le moins, tant les feux, les embrasements, les musiques folkloriques et militaires du temps nous plongèrent au sein de cette époque de feu.
“La salle vibrait, les petites filles et petits garçons étaient pris dans l’ambiance et se trémoussaient, tous plus adorables les uns que les autres, et les adultes participaient du fond du cœur…”
Mais comme toujours, au cirque ou ailleurs, la réussite tient aussi au public. Et celui-ci, impossible de l’oublier. La salle vibrait, les petites filles et petits garçons étaient pris dans l’ambiance et se trémoussaient, tous plus adorables les uns que les autres, et les adultes participaient du fond du cœur, car il y avait au premier rang une batterie de vétérans de cette époque, plus de femmes que d’hommes, d’ailleurs, tous médaillés, fiers mais sobres, et dignes. C’était la première, et je doute que ces personnes soient présentes lors des représentations futures. C’était donc une représentation doublement exceptionnelle.
Lorsque le spectacle fut fini, dans une apothéose de victoire, un grand soldat tenant d’une main la forte épée d’Alexandre Nevsky et portant sur son bras une petite fille qui pouvait s’appeler Espérance, ces vétérans furent invités sur la piste. Et là, il est difficile de raconter tout ensemble, les applaudissements, la force, la fierté, l’immense remerciement qui montèrent de la foule debout. La Russie, la grande et sainte Russie, honorait ses défenseurs, et le drapeau rouge qui flottait avec faucille et marteau était présent mais intégré simplement et nécessairement à la défense de la patrie.
“Oui, les Russes sont debout, ici, à Saint-Pétersbourg retrouvé, après Léningrad l’héroïque, comme l’annonce fièrement l’aéroport de Pulkovo aux avions arrivant. Léningrad et ses 872 jours de siège…”
Oui, les Russes étaient debout. Oui, les Russes sont debout, ici, à Saint-Pétersbourg retrouvé, après Léningrad l’héroïque, comme l’annonce fièrement l’aéroport de Pulkovo aux avions arrivant. Léningrad et ses 872 jours de siège… et je ne crois pas qu’en cas d’agression sauvage de leur pays, ils se contentent de « marches blanches » et de déclarations de bisounours satisfaits et inconséquents dans leur défaite.
Ce grand peuple russe mérite notre salut… et peut-être, aidera-t-il au nôtre, si tant est que le même mot, chez nous, puisse encore porter ses deux sens.
La première de la représentation dédiée à la victoire de 1945 au cirque de Saint-Pétersbourg (Russie) le 29 avril 2016 (le final) :
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