Dure journée pour Christian Vanneste. Tout d’abord, l’UMP « n’a pas pris en considération [sa] demande d’investiture“. Il avait pourtant “de bonnes raisons” de la réclamer : “Ce que j’ai dit en février sur les déportations d’homosexuels est encore plus vrai que ce que je pensais : selon des rapports réalisés par des historiens amis de la cause homosexuelle, il y aurait eu entre 5 et 15 000 déportations d’homosexuels en Allemagne et non 30 000 comme je le croyais”. “On est loin des 200 000 dont parle Gai Pied au début des années 90 », constate-t-il. “Ou des films de fiction comme Un amour à taire qui fait partir la déportation de Paris…”
“En Alsace-Moselle”, explique le député, “62 Français ont été déportés pour homosexualité (13 tués), dont 22 arrêtés en Alsace-Moselle, 32 au sein du Reich (hors Alsace et Moselle), un dans un lieu indéterminé et sept en zone occupée. Sur ces sept, trois avaient couché avec des officiers nazis de haut rang et représentaient un danger à cause des informations dont ils étaient en possession et trois autres étaient des proxénètes…” Autre bonne raison de l’investir : “J’ai le bon profil pour la 10e circonscription du Nord : l’opposition va avoir besoin de députés qui l’ouvrent contre le droit de vote des immigrés ou le mariage entre personnes du même sexe que veut autoriser François Hollande“.
Le député sortant, trois mandats au compteur, évoque aussi sa défense de la règle d’or ou de la TVA sociale “dont [il a] plus parlé que des homosexuels, mais cela n’intéresse pas les médias”. Christian Vanneste se sait apprécié à droite (il est classé 9e au palmarès 2007-2012 des députés de Contribuables associés, 1er au classement du blog Le Salon beige…). “Je n’arrive pas à comprendre cette position de l’UMP qui consiste à refuser la liberté d’expression et à privilégier le lobby gay, au détriment de la droite conservatrice”, déclare l’élu qui “[n’a] jamais été reçu par les dirigeants de l’UMP pour en parler ou s’expliquer”. “Ils n’ont pas de quoi me virer, alors ils me privent de mon investiture aux prochaines législatives et m’ignorent”, regrette-t-il.
Mais la plus grosse déception est venue de son ancien attaché parlementaire, Gérald Darmanin. “Je l’ai mis en place au conseil municipal de Tourcoing, puis lui ai proposé d’être chef de file de l’opposition” explique Christian Vanneste à propos de celui qu’il croyait être “[son] fils spirituel”. Dans La Voix du Nord en février, Darmanin assurait : « On ne mord pas la main de celui qui vous a nourri ». Pour lui alors, pas question de se présenter contre Christian Vanneste « quel que soit le cas de figure ». Le député sortant et Darmanin s’étaient entendus : si Sarkozy passait, Vanneste se retirait. Si Sarkozy échouait, Vanneste y allait. L’investiture accordée par l’UMP aura eu raison de cet accord.
Encore sous le choc de cette trahison, Vanneste n’hésite pas à traiter l’élu de 29 ans de “petit apparatchik carriériste parisien”. “Il était déjà conseiller municipal, conseiller régional, conseiller communautaire et ancien directeur de cabinet de David Douillet. Ça ne lui suffisait pas ?” s’emporte-t-il. “S’il partageait vraiment mes convictions, comme il me l’a toujours assuré, il ne ferait pas ça. En se présentant, il se rend complice des gens qui veulent m’abattre”. En effet, si cette affaire finit par coûter son poste au député, les autres conservateurs de l’UMP risquent d’hésiter à prendre publiquement des positions droitières…
“Je ne m’attendais pas à cette trahison”, confie Christian Vanneste, amer. Et pourtant, “ces dernières semaines, il y a eu des choses bizarres comme ces rendez-vous annulés, cette difficulté [à avoir Gérald Darmanin] au téléphone”. L’UMP a fait faire un sondage dans la circonscription, Vanneste aussi : “les deux [lui] sont plutôt favorables, même [celui de la rue de Vaugirard] malgré sa question tendancieuse sur mes ‘propos homophobes’“. Résultat : Vanneste devrait se présenter. “Devant une telle bassesse morale, je ne peux pas rester sans réagir” note-t-il.
Mais avant de prendre une décision définitive, le député a prévu de consulter jeudi et vendredi “les maires du coin qui m’ont dit pendant des semaines qu’ils me soutenaient”. S’il se lance, Christian Vanneste devrait faire une campagne décomplexée, comptant sur sa notoriété locale et ratissant très large : “Même sans accord avec le Front national, je dois constater que sur certains sujets, nous sommes des alliés contre la gauche. Je pense par exemple au droit de vote des immigrés. Sur la sortie de l’euro par contre, nous nous opposons…”
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