Z comme Zemmour. « La nouvelle n’a pas ému les foules. Alain Juppé ne sera pas candidat aux législatives à Bordeaux. Il ne sera pas le seul cacique de droite qui ne retrouvera pas l’Assemblée nationale en juin prochain mais Juppé a préféré prendre les devants plutôt que mordre la poussière électorale. Il a redécouvert sur le tard les méfaits du cumul des mandats. Personne n’est dupe ! Dans sa bonne ville de Bordeaux, François Hollande a obtenu plus de 60% des voix au second tour de la présidentielle.
Comme dans toutes les grandes métropoles françaises à l’exception de Nice, Toulon ou encore Avignon, la gauche a écrasé la droite. Les flux économiques de la mondialisation ont créé une nouvelle sociologie urbaine qui a fini par déterminer entièrement la politique : les grandes villes françaises sont désormais habitées, à l’exception de quelques quartiers où est confinée la bourgeoisie traditionnelle, de bobos et de populations immigrées : les très aisés et les très aidés. La gauche y règne en maître.
Quand le cercle de réflexion Terra Nova avait proposé à la gauche d’abandonner l’électorat populaire d’ouvriers, d’employés, pour une nouvelle alliance formée de diplômés, de bobos et d’immigrés récents, beaucoup à gauche s’étaient récriés. Et pourtant, Hollande a fait le plein dans les grandes villes, dans les banlieues, dans les DOM-TOM. Toutes ces métropoles, formées des grandes villes et de leurs banlieues sont désormais interdites à la droite et encore plus à l’extrême-droite. On a pu noter ainsi le médiocre score de 6% de Marine Le Pen.
Pour se faire élire à l’Assemblée nationale, les candidats de l’UMP sont donc priés de prendre la direction du péri-urbain, des zones rurales. C’est dans cette France-là que la droite sarkozyste a réalisé ses meilleurs scores mais le Front national y fait aussi des cartons. C’est même l’antisarkozysme persistant de certains de ses électeurs modestes qui a permis à Hollande de redevenir au second tour, mais au second tour seulement, le candidat préféré des ouvriers.
Mais c’est surtout une hausse massive du vote blanc, suivant l’instruction de Marine Le Pen, qui a empêché le président sortant de créer la surprise. Pour les législatives, cette nouvelle géographie et sociologie électorale pose un énorme problème aux chefs de l’UMP : ils ne veulent pas entendre parler d’une alliance avec le Front national alors que les électeurs des deux partis n’ont jamais été aussi proches sociologiquement et géographiquement, simplement plus âgés à l’UMP. 70% des électeurs UMP sont d’ailleurs favorables à des accords avec le FN. Chiffre jamais vu depuis l’émergence du parti de Jean-Marie Le Pen en 1983, chiffre qui fragilise beaucoup les positions des leaders de l’UMP qui ont fait de la lutte contre l’extrême-droite leur rente médiatique et qui met en danger de mort un François Bayrou qui a vu une bonne moitié de ses électeurs rejoindre Sarkozy qu’il avait pourtant diabolisé.
Un Bayrou qui se retrouve pris en étau à Pau, pour les législatives, entre une droite revancharde et une gauche dominatrice. Allez, on comprend mieux pourquoi Alain Juppé a préféré se consacrer à sa ville de Bordeaux qu’il risque de perdre aux municipales de 2014…”